La Sentence Du Passé - Chapitre 14

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En cet après-midi tiède, la troupe était réunie dans la chambre des deux garçons. Ils attendaient patiemment les personnes convoquées. Le néo hippie et la sorcière se situaient sur le même lit tandis que l'autre lycée s'assit sur le sol, adossé contre la commode. Ce fut Adrian et Mélia qui ouvrirent la porte en premiers. À leur surprise, derrière eux, se distinguait une autre silhouette.

« Je n'ai point souvenir de t'avoir invité parmi nous Alysson, reprocha Dreyson.

- Je viens pour les mêmes raisons que Mélia, se défendit-elle sans vaciller.

- Dis-nous en plus.

- J'ai été attaquée par un individu en armure, avec des ailes, et il a clairement dit qu'il voulait me tuer, annonça-t-elle avec une tonalité imitant le flegme du jeune homme.

L'ambiance devint morbide lorsque la blonde leva avec pragmatisme le bas de son pantalon, révélant ainsi les bandages enveloppant sa cheville. Mélia prit exemple sur ce comportement, en revanche Adrian ne comprenait pas et sa préoccupation se manifesta par une fureur modérée :

- Qui est ce connard en armure ?

- Libre à vous de me croire ou non. Seulement, j'ai des pièces dont je dois vous faire part.

Lorsque Dreyson prenait la parole, ou bien des initiatives, il pouvait engendrer de l'étonnement auprès de ceux qui lui étaient étrangers. En effet, le garçon aux cheveux et yeux marron se faisait habituellement discret au lycée.

- Je connais l'auteur, reprit-il. Non me vient l'idée que je le connaisse personnellement, mais vous avez toutes les deux connu les méfaits d'un ange. J'ai donc fait appel à un spécialiste.

- C'est quoi cette histoire Drey ? intervint finalement Mélia.

- Même s'il me semble en avoir vu un, je crois difficilement aux anges, affirma Alysson. Ça parait trop étrange et impossible... tu as une preuve au moins ?

Dreyson dut longuement réfléchir avant de parvenir à une idée qui attesterait de la véracité qu'il énonçait. Seulement le jeune homme se devait d'assurer que sous l'effet de l'horreur, aucun ne puisse s'enfuir. Ainsi, il s'éleva, ferma la porte, mit la clé dans sa poche et se repositionna auprès de la commode. Après une grande inspiration, de la fumée noire s'échappa de ses narines tandis que les yeux se fermèrent. Jacobson se rapprocha de Morgana, tous deux avaient conscience de la démonstration qui allait survenir.

En ouvrant ses paupières, des iris rouges reluisirent. Des écailles se formèrent sur son visage. Deux protubérances poussèrent sur ses cheveux. Les muscles se renforcèrent, si bien que les vêtements étaient tendus. Le démon n'avait exposé qu'une esquisse.

Néanmoins, ce spectacle suffit pour que les invités affichent une expression pétrifiée, sauf la sorcière habituée. Adrian se présentait comme le plus terrifié, étant donné qu'il était le seul dans cette pièce à ne pas avoir assisté à des évènements surnaturels. Pourtant sa gorge nouée ne l'empêcha pas de saisir l'épaule de Mélia, ce qui refléta une intention protectrice excessive. Alysson, quant à elle, s'efforçait de se tenir droite, bien que ses genoux tremblants trahissent son effroi.

Dreyson se sentait dérangé à l'égard de leur attitude. Il respira lentement, échappant de nouveau la fumée noire à travers ses narines, pour se calmer. L'embarras aurait pu l'irriter. Heureusement, le démon de la colère reprit son apparence humaine.

- Maintenant, vous avez votre preuve.

Aussitôt, une main frappa la porte. Le lycéen qui s'était transformé se hâta d'ouvrir à l'agent du PADAH. Celui-ci portait toujours son costard, son nœud de papillon et ses lunettes. Derrière lui se trouvait un autre agent qui inspectait le couloir.

- Heureux de te revoir Drey ! beugla Carlo en lui frottant la tête. Salut Jacob et Morgana ! Faites attention, en vous voyant tous les deux aussi proche dans ce lit on pourrait avoir de mauvaises idées...

D'un coup, la sorcière et le néo hippie se regardèrent, avec dégoût, et s'écartèrent. L'homme chauve et bronzé se permettait plus d'effronterie avec les adolescents, à leurs dépens. Il s'empressa de saluer les trois autres personnes lui étant inconnues. L'adulte remarqua les jambes musclées du sportif et se permit de complimenter maladroitement la blonde aux cheveux courts avec un clin d'œil, ce qui parvint à contrarier Mélia. Le comble fut lorsqu'il hésita sur le genre de cette dernière. Jacobson éclata de rire au point d'en avoir des larmes en même temps qu'Alysson et Adrian gloussèrent discrètement.

- Pardonne-moi Carlo, mais il s'agit là d'une fille, dévoila Dreyson.

- On l'appelle peut-être la garçonne pour la taquiner, mais il suffit de regarder ses seins, chuchota le néo hippie.

- Ah bon ? s'étonna l'agent. Oh veuillez m'excuser, mais à mon âge on voit plus très bien ! Ah ! Ah !

- Tu as environ trente ans, rappela Dreyson.

- Vous êtes juste vieux jeu, ajouta Jacobson.

- Bon, bref. Et si l'on reparlait de nos petites affaires ? Hein ? pressa l'adulte. Racontez-moi toute l'histoire ! Qui veut débuter ?

- Moi, se désigna Mélia. Je suis la première ayant vu le... enfin, vous voyez... »

L'agent du PADAH s'assit sur le lit du démon, en face de Morgana et Jacobson. La blonde aux cheveux courts se mit à ses côtés. La garçonne qui allait raconter son histoire prit une chaise, tandis que le footballeur se soutenu grâce au mur et Dreyson demeura debout.

Le Démon Archangélique - Les PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant