Chapitre 3 : "La triste fin de deux genins"

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Du sang. À nouveau. Sur mon visage, mes vêtements, les arbres et la végétation.

Je vois les corps de mes deux coéquipiers tomber lentement à terre.

Je tremble et observe autour de moi, mais la puissance que j'ai ressentie a disparu. Comme si de rien n'était.
Lentement, je descends de l'arbre, faisant extrêmement attention, cherchant des yeux un indice pour comprendre ce qu'il vient de se passer.

Je m'avance avec hésitation, sentant l'odeur de la mort dans l'air. Le corps d'Atsuhito repose à moitié dans un cours d'eau, tandis que celui de Kôsei est allongé en travers d'une branche. Les larmes coulent sur mon visage comme le sang sur le leur.

Délicatement, je prends Atsuhito en premier, l'emmenant au pied d'un arbre. Je pars ensuite chercher Kôsei, son sang tache davantage mes vêtements, je sens sa peau refroidir. Je frissonne légèrement de dégoût, réprimant mon envie de vomir.

- Ils sont morts. Tous morts. Dites moi, ce n'est pas vous l'assassin au moins ?

Je secoue la tête, ne souhaitant pas me souvenir de tout ça. Ce sont des horribles souvenirs qui doivent restés enterrés dans les méandres du passé.

J'allonge Kôsei à côté d'Atsuhito, puis je m'agenouille pour leurs fermer les yeux qui fixent déjà le vide.

- (t/p)...

Choquée, je m'arrête dans mon geste et rapproche mon oreille de la bouche de Kôsei pour entendre ses dernières paroles.

- Méfie toi... de... Ut... de...

- De qui dois-je me méfier ? De qui ?!

Puis avec horreur, je ne sens plus son souffle me chatouiller la tempe. Il vient de rendre son dernier soupir et je ne saurais jamais de qui je devrais me méfier, tout ce que je sais, ce sont les deux premières lettres : un «U» et un «t». Le reste, seul Kami-sama le sait.

Je sors l'un de mes rouleaux, celui qui contient des outils et je fais apparaître une pelle.

Pendant des heures, je creuse deux tombes assez profondes. Pendant ces heures interminables, je n'ai ni mangé, ni bu. Pendant ces heures interminables, la sueur s'est mêlé au sang séché et à mes larmes.
J'ai la vue brouillée par les larmes lorsque je finis enfin de creuser deux tombes. Avec délicatesse, je descends les corps de mes camarades, de mes amis, de mes frères, au fond de ces deux trous creusés dans la terre, au pied de l'arbre où ils ont perdu la vie. Kami-sama peut donner la vie et la reprendre. J'espère que mes camarades n'ont pas souffert...

Je tasse la terre avec ma pelle et la range ensuite dans mon rouleau. Je prends la fusée de détresse que j'avais pensé à emporter, l'actionne et m'assieds pour attendre. Je ne peux pas continuer, car je n'en ai ni la force, ni le droit. Le règlement est très clair à ce sujet et puis de toute façon, si j'avais pu continuer, j'aurais abandonné car j'aurais été très instable psychologiquement.

🍁

Je relève la tête, à moitié endormie, et essaye d'être éveillée. J'entends des craquements, puis une ombre s'approche de moi. Je me relève prête à me battre et sors un kunai de ma manche. Ma main libre n'est pas très loin de ma sacoche pour si je dois utiliser des bombes de fumée ou un parchemin explosif.
Heureusement, ce n'est que Anko-san et Uta-senseï qui s'avancent.

D'un regard triste et désolé pour moi, elles observent les deux tombes derrière moi, un air neutre collé au visage.
Je m'approche d'elle, rangeant mon arme et commence à sangloter en racontant la triste fin de ces deux genins. Uta-senseï pose sa main sur mon épaule et me la serre doucement par compassion. Anko-san passe un bras autour de mes épaules et m'entraine avec Uta-senseï vers la tour pour que je puisse être en sécurité.

Je ne réagis pas.
Je me laisse faire.
J'agis par automatisme.

Du sang. Du sang partout.

Je secoue légèrement la tête et pousse la porte de la tour. L'Hokage s'interrompt dans son discours et me regarde d'un air inquiet.

Mes vêtements sont couverts de terre et de sang. Mes cheveux sont emmêlés. Mon regard fixe le vide. Mes traces de mes larmes sont bien visibles. Je suis pitoyable...

Quelques genins me lancent des regards légèrement curieux et compatissants. D'autres me regardent quelques secondes puis dirigent leur regard ailleurs, conscients de ma peine. D'autres encore ne me jettent même pas un regard. Tous comprennent ce qu'il m'est arrivé : je suis la seule survivante d'une attaque. Mais de qui ?

Les deux jônins derrière moi partent expliquer la situation à l'Hokage. Moi, je monte lentement sur les deux balcons qui sont de chaque côté de la salle, essayant d'ignorer les nombreux murmures.

Je me laisse tomber au sol, regardant dans le vide, un air absent sur le visage. Un jônin aux cheveux d'argent vient prendre de mes nouvelles, probablement parce qu'il a connu la même douleur que moi.

- Je suis...

Je le coupe dans sa phrase.

- Vous êtes Kakashi Hatake, jônin de Konoha, ancien anbu et senseï de l'équipe 7 composée de Naruto Uzumaki, Sakura Haruno et Sasuke Uchiwa. Et vous êtes désolé de ce qui m'arrive. C'est pas la peine d'ouvrir la bouche.

Il se tait, me regardant de son seul oeil visible, l'autre étant caché par son bandeau. Il passe sa main dans mes cheveux de façon affectueuse et, pour une raison que j'ignore, j'ai l'impression de revoir mon père. Peut-être que je me fais des idées ou que j'ai des hallucinations, mais j'ai l'impression que Kakashi Hatake en sait plus que moi sur mon identité.

Uta-senseï apparait dans mon champ de vision, et s'accroupit à ma hauteur, faisant signe au ninja de Konoha de partir.

- (t/p), on va retourner à Kiri. Ça ne sert à rien de rester ici.

Je la regarde sans la voir.

- Méfie toi... de... Ut... de... Ut...

Et si... ? Non, impossible, elle ne ferait jamais ça ! Mais quand même...

Je préfère simplement hocher de la tête, mais j'ai une dernière requête.

- On pourrait partir après la fin de l'examen ? J'ai envie d'observer les autres genins des autres villages.

Elle se mord la lèvre inférieure, hésitant sur sa réponse, rassemblant ses idées.

- Bien sûr, (t/p). Je préviendrai la Mizukage.

Je pense que je t'aime... || Naruto [Gaara x Reader] [Abandonnée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant