Encore une porte immense. Peut-être la deuxième plus grande qu'il ait vue, après celle de la pièce à la flaque.
— Vous entrez aussi, Soliamedus.
Encore des marches lisses. Un petit rebord arrondi avalait leurs courtes falaises à pic, entre des rampes taillées comme un bijou.
Sa Majesté accéléra dans la montée.
— Le soleil se lève ? murmura-t-il en sortant un trousseau de clés.
— Dans une heure aux montres, Altesse.
— Ce sera suffisant.
La serrure de la grande porte se déverrouilla. Le claquement s'était fait délicat, Sa Majesté abaissa la poignée dorée, fit signe à Blondin d'entrer. Il s'exécuta.
— Assis-toi là.
Les ordres se succédaient si vite que Blondin avait l'impression d'être un de ces plastrons-sur-jambes, à faire sans cesse ceci ou cela. Mais Sa Majesté n'avait rien de commun avec les gens de l'armée. Sans ouvrir la bouche, il gaina ses bras fébriles, se hissa sur un fauteuil de bois sculpté, en retrait de la salle.
L'homme donna un tour de clé dans les portes, avant de s'éloigner à grand pas à l'autre bout de la pièce, l'armure sur ses talons.
— Parlez bas et vite. Il faut repenser la troisième phase.
Les cheveux blancs se penchaient sur une table de pierre nervurée, sous une fenêtre aux mille carreaux. Blondin leva un instant le menton vers le plafond haut comme trois hommes, le nez plein de l'odeur fraîche de sa nouvelle chemise.
Les échos de la conversation le piquaient de curiosité. Mais il n'avait pas le temps de les écouter. Menton dans son col, il finit par plonger le regard vers le sol. Sous ses pieds ballants, un reflet presque coiffé le mettait face à ses propres pensées.
Le coffre, le château, les armures, l'Angevert, tout se décortiqua en variables et en problèmes. L'odeur des fleurs emplit ses narines. Le nourrisson, il savait où il se trouvait. Pour le retour En-Bas, s'il pouvait se servir de ses ailes, peut-être y avait-il une solution plus venteuse qu'enfermé dans un coffre.
Il expira contre le tissu.
Restaient cet homme et ses armures, qui maintenaient le tout dans une incertitude nauséabonde. Blondin leva les yeux. Le mystère se condensait autour de ce dos courbé, de ces mèches blanches tendues vers la table, dans ce regard glacé, qui, par moment, croisait le sien avec une froide lueur d'avertissement.
Cet homme voulait fuir le royaume, Blondin ne savait pas pourquoi. Il préparait quelque chose, mais ses motivations étaient plus floues que l'En-Haut vu d'En-Bas. Blondin se rappela de la lumière verte qu'il avait vue danser dans les yeux de Sa Majesté. Cette lumière verte, qui s'était échappée du nourrisson.
Il inspira.
Peut-être y avait-il plus à apprendre auprès de cet étranger qu'il ne l'imaginait.
— Nous laissons donc cela pour l'instant, murmura Sa Majesté à l'armure. Je veux confirmation pour ce point-ci. N'oubliez pas de taire mon nom.
— Altesse.
Le mastodonte eut un petit mouvement de tête. Blondin ne voyait pas l'homme à l'intérieur de l'armure, mais il fut certain de soutenir son regard pendant plusieurs enjambées.
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Les Miraculés
ParanormalPRÉQUEL DE L'ANGEVERT ♢ Terré dans sa cachette au fond de l'En-Bas, Blondin le sait : sa sœur va mourir. Une maladie la tue à petit feu, sans que personne ne puisse la guérir. Mais ces drôles de gens en capuches sont d'un autre avis. Il existerait...