L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 42 : Dans les abysses (époque : 32) (1/2)

La chaleur est étouffante. Le sable brûle les doigts et le visage du Docteur plongé dans le Néant. Dans la peau d'un homme fatigué par un voyage indescriptible, il se réveille totalement désorienté.

Il ne saurait dire où il se trouve, d'où viennent ses vêtements constitués essentiellement d'une toge et draps avec des bandes mouillées sur la tête. Il se lève difficilement et constate qu'il n'est pas maître de son corps.

Il regarde de manière dissociée sa main toucher son autre bras et malaxer un appareil implanté. Visiblement, l'homme propriétaire du corps s'inquiète que les personnes l'ayant ramassé aient pu trouver l'objet.

Situé dans une petite tente et aux fil épais, le soleil agresse tout de même les yeux bleus de l'homme d'une brutalité jusqu'ici inconnue. Existe-t-il donc des lieux ou le soleil est tellement pur que les hommes demeurent incapables de le savourer ?

W. Andrews vérifie autour de lui qu'une partie de son matériel l'accompagne, notamment sa trousse de secours. Il l'attache à sa cheville afin de la masquer sous la toge avant de jeter un œil discret en dehors de la tente. Il n'y a pas un bruit. Examinant cela, il marche à pas de loup vers le désert extérieur.

« Que fais-je ici ? » entend J. Stevens.

« Mon Dieu, pourvu qu'ils se soient uniquement trompés de localisation et non de date... »

Le Docteur ressent dans les profondeurs de la mémoire les canaux des émotions et des sensations en vibration de doute, de peur, de sueurs et d'incompréhension... L'homme se touche avec regrets l'avant-bras.

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Un homme s'approche, le visage souriant visiblement soulagé de voir W. Andrews sur pieds. Il est vêtu d'une manière identique, avec en plus une canne à la main, les cheveux longs et une barbe qui lui tombe sur le torse. Il est maigre, les joues et les mains creusées, tandis que ses pieds nues paraissent brûlés. Il s'approche encore et parle de nouveau dans une langue inconnue, ou bien est-ce l'homme qui ne la reconnaît pas sous le choc.

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Devant l'incompréhension du grand homme blessé, le soignant réitère un sourire de compassion.

« Il doit me prendre pour un paumé, ou pire un esclave... Je ne sais même pas où je suis. Au moins je suis en vie et il y a des hommes. » se dit W. Andrews avec amusement, constatant qu'il n'a pas perdu son sens de l'humour en période critique.

« Avec la précipitation, ils ont dû m'expédier selon une mauvaise géolocalisation. Laurent m'avait dit que la corrélation époque-lieu s'avérait complexe. »

Les deux encapuchonnés retournent sous la tante et prennent le temps de se désaltérer, s'observer et se mettre en confiance. Le vieil homme continue de temps à autre à engager la discussion de manière subtile, avec des mots clés, des images et des mouvements de main. W. Andrews n'ose pas tenter une langue, ne sachant comment celle-ci serait interprétée au regard des multiples conflits entre cultures à travers les âges.

Petit à petit, à mesure que la désorientation passe et que la concentration prend place, des mots puis des phrases lui rappellent quelque chose. Il reconnait le dialecte, un mélange d'une langue familiale en hébreu et de connaissances personnelles. Quelques mots sont en latin, de la vieille Rome, parfois l'homme glisse des mots grecs pour vérifier si le voyageur comprend. Le langage lui devient de plus en plus familier. Il perçoit qu'il s'agit plus précisément d'un araméen galiléen.