Jour 10 : L'horloge

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Ce matin, après avoir pris mon petit déjeuner, je me sentais étrangement mal. Alors, je me suis rallongée dans mon lit et j'ai regardé l'horloge tourner.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, mais cela m'a paru être une éternité.

J'ai réalisé que j'avais mal. Ma gorge me brûlait. Ma respiration anormalement rapide menaçait de s'éteindre brusquement. Mes pensées tournoyaient dangereusement. Encore et encore.

Comme une descente aux enfers.

J'ai compris.

J'avais une envie démesurée de parler.

Je me suis rendue compte que jamais je n'avais autant ressenti la sensation de solitude. J'étais terriblement seule et isolée. Pourtant, j'ai été seule toute ma vie. Les enfants n'étaient pas toujours gentils avec moi et, de toute évidence, aucun ne m'intéressait. J'étais comme à des années-lumière d'eux.
À l'apogée de ma carrière de chanteuse, j'avais de l'attention. Or, ma voix avait de l'attention, mais je savais pertinemment que mes paroles n'étaient pas écoutées comme je le voulais.

Je ne chantais que des textes déjà préparés.

Et jamais Monsieur Locus ne faisait d'exception.

« Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire. »

Personne ne pouvait comprendre mieux que moi ce qu'Apollinaire exprimait.

C'est dingue comme une voix est importante pour ne pas se sentir seule.

Et j'ai compris tout cela en fixant le cadran de mon horloge.

N'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

Les Voix du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant