Jour 29 : La feuille déchiquetée par la pluie

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Il a plu toute la journée.
Je suis tout de même sortie sans prendre la peine de mettre mon carnet dans un sac.

L'eau a ravagé les pages.

Ouvert sur mes genoux, j'ai contemplé l'eau envahir le papier et le faire redevenir poussière. Chaque goutte de pluie était indissociable des larmes qui tombaient une par une de mon visage, dans un rythme régulier de vide.
Un enfant innocent, vivant.

« Adieu » se dessinait peu à peu à travers les miettes de la feuille qui n'existait plus. Il n'était pas vraiment écrit, il n'était que ce que mon coeur voulait au plus profond de lui.
Un petit mot que j'aurai voulu voir coulé de ses lèvres.

« Adieu » se dessinait peu à peu à travers les miettes de la feuille qui n'existait plus. Mais lui existait encore. Il était la seule chose qui ne disparaissait jamais de ma vie. Cet homme, cette horreur de la nature.

Sous la pluie, tandis que mon corps se vidait peu à peu de son eau par la vallée des larmes, mes idées se clarifiaient.
Elles devenaient homogènes, comme rassemblées dans un verre d'eau. Cela m'a enfin permis de réellement comprendre, me rendre compte

comment j'avais pu en arriver là.

Il est peut-être temps que tout sorte aux grands jours, comme la feuille de papier.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

Les Voix du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant