Jour 21 : Les chutes

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Il y a des cascades près de chez moi, des monuments de la nature. Elle fascine les autres et me plonge dans mes pires cauchemars. L'eau. Qui tombe.

J'ai le coeur lourd.
Le poids qui m'habite m'envahît à mesure que je lutte pour remonter à la surface.
Et ce même poids, cette masse qui me hante, me terrifie, ne peut disparaître.
Elle s'est agrippée à mes os, à mes muscles, et me tire vers le fond de l'abîme. Je lutte de toutes mes forces pour remonter, je cherche à respirer ce que je crois être de l'air,

je m'accroche,
tous les jours.

Tandis que je m'affaiblis, ma peau s'ouvre
et brûle dans le silence.

Je m'étouffe, et je continue de respirer.

Ma voix inactive.
J'essaye de crier au secours, mais mes mots s'évanouissent dans la profondeur de ce rire qui n'est peut-être même pas le mien.

J'écris pour ne pas mourir.
J'écris pour ne pas prendre feu.
J'écris pour ne pas me noyer.

Je ne veux pas mourir, je veux disparaître.
Mais c'est en train de m'arriver.
Donc j'ai peur.

Du fond de l'eau, je contemple le bonheur qui naît sous mes yeux, ce bonheur que je peux toucher du bout des doigts, mais qui est bien trop chaud pour être saisie.

Je suis spectateur du monde.

Je le regarde évoluer.
Sans moi.

Au fil du temps, la nature entame ses changements, mais l'eau reste l'eau. Elle reste écrasante et indomptable.

Comme un corps sur un autre.

Je ne veux pas mourir, je veux disparaître.

Que faire de cette peau qui tombe sous le tranchant des mots qui ne sortent pas ?
Comment continuer de dissimuler cette honte qui me dévore ?

Je suis fatiguée.
Lutter.
Je veux disparaître.

Mon corps s'abandonne au poids de mon coeur. Seul, il ne remontera pas à la surface.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit. J'espère que je ne vous dérange pas.

Les Voix du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant