Jour 14 : La feuille d'automne

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J'aime marcher sur le sol automnal. J'aime entendre le craquement des feuilles sous mes pas.

Cela camoufle le bruit de mon coeur qui se brise.

Et cette petite fille qui cours rejoindre sa mère au milieu des arbres, cela semble presque irréel.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je déambule sans but, sans freins, je suis une ombre. Les gens me voient sans me voir. Ils s'appliquent à m'ignorer.

J'ai ici tout ce que je mérite.

Cette petite fille qui courait est arrivée vers sa mère en chantant.

C'était horriblement faux.

Mais quand sa mère s'est mise à chanter avec elle,

c'est devenu fabuleux.

Je les écoutais, admirative. Mais la nostalgie me collait à la peau.

Nous, les humains, sommes une infinité de corps sans forme, sans expression et sans animation.

Mais nous avons une voix.

L'alignement de ses voix les améliorent irrémédiablement.

Esclave de cette voix, nous comprenons donc que parler anime nos corps, réveille nos âmes, telle une bénédiction.

Mais moi,

je suis l'esclave de mes larmes, enfermée dans mon corps inanimé, et je me demande encore pourquoi ai-je dû en arriver là.

Certes, je suis muette. Mais ce n'est pas mon véritable châtiment.

Je sais pertinemment que mon vrai handicap n'est pas d'être muette, c'est de vivre sans elle.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

Les Voix du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant