Les Voix du silence

Jour 4 : Le carnet

J'ai fouillé durant des heures mes vieux cartons.

Mais je n'avais pas la moindre idée de ce que je cherchais.

La poussière s'incrustait entre mes doigts, me brouillait la vue. Pourtant, ce carton regorgeait de souvenirs qui pouvaient m'être décisif.

Pourquoi la poussière ne voulait-elle pas me laisser regarder ? Avait-elle peur des réponses que je pouvais trouver ?

Je suis tombée sur un vieux carnet d'écriture, rempli de texte, de dessin et de feuilles volantes uniquement habillées d'un mot.

Vertige.

Valse.

Insiste.

Réduire.

Orage.

J'ai toujours trouvé que les sonorités des mots apportaient du sens à sa signification.

Les textes à l'intérieur de ce carnet n'étaient autres que mes premières chansons, ces petits morceaux que je chantonnais sur la Grande Place, assise sur une boîte en métal, avec pour seule compagnie ma guitare et mon carnet.

Rappelle-toi de cette jeune fille à la voix séduisante qui chantait les yeux fermés. N'était-elle pas une reine ?

Ces chansons n'avaient pas des thèmes très recherchés. Je n'étais qu'une enfant de dix-sept ans. Cela dit, ils comprenaient déjà une volonté d'émancipation.

Je suis née pour être une femme libre.

Alors pourquoi me piéger dans ces voies du silence ?

Jamais mes pensées ne me quittent. Toujours je suis débordante. Jamais personne ne m'a laissé m'exprimer à outrance. Toujours m'a-t-on étouffé.

Maman a commencé, en me demandant de ne plus jouer de musique dans la rue.

Elle voyait quelque chose en moi qu'elle tenait à cacher aux autres.

J'ai besoin de savoir quoi.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.