CHAPITRE 46 - Le retour

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POINT DE VUE TEDDY

Un touffe bouclée d'une clarté inhabituelle me chatouille la narine, éternuant tout en croisant dans mon champ de vision un pan de mur d'un rose vomitif. Un grimace de dégout plus tard, je cligne des yeux pour observer les alentours, tardant difficilement sur mes vêtements éparpillés au sol, accompagnés d'une tenue féminine plutôt affriolante, même étendue sous mes yeux esquintés. La bouche pâteuse, je m'accorde un instant de répit en refermant les paupières, le coeur palpitant plus que de raison à la vue d'un sous vêtement inconnu. Je frotte le coin de mes yeux de mon index et mon pouce, soufflant afin de me remémorer la veille.

Des emmerdes.

Des emmerdes libérateurs et avec une sacrée jolie paire de seins en forme de poire, un sourire anormalement blanchi et une vague ressemblance à Carla, en bonus.

- « il est trop tôt » souffle l'occupante de ce lit trop petit, bougeant lourdement vers mon coté.

Moi, je dirais qu'il est trop tard.

Trop tard pour m'octroyer un moment de réflexion, trop tard pour repartir et retrouver mes habitudes.

Je suis bien, ici.

A ma place, je l'ignore encore. Mais les similitudes d'étudiant fraichement débarqué de son patelin me reviennent en pleine face, moi qui pour ma première virée était accompagné d'une petite brune stressée mais aussi soulagée de tout plaquer pour s'enfuir direction l'aventure. Le premier souvenir vous assène une gifle, en croisant la rétine de vos futurs amis, qui vous guettent en silence, un peu surpris de vous voir baisser le regard vers le sol, vers le passé, pour tenter de tout oublier.

Et puis vous relevez la tête, souriez comme un coq, du moins un poulet en manque de repère, cherchant ailleurs ce qui vous fait défaut dans votre coeur.

Mais j'en profite.

J'en profite comme je déguste, en me réveillant ailleurs à chaque réveil. Elle me revient en mémoire à ces instants, quand la luminosité matinale recouvre mon visage, me force à plisser des yeux, à croiser l'ébauche d'une grimace, d'une coupe en champignon à nos jeune âge, puis d'un grain de beauté, sous son nombril, ce petit coeur brunâtre.

Tout ça m'emmerde, rembrunit l'atmosphère planante de la veille pour me rendre maussade et indifférent, en abandonnant, impassible, les étudiantes d'une nuit.

- « si tu te barres, ramène des croissants avant, seule condition »

Surpris, je détourne le regard, croisant le sourire encore endormi de la métisse qui s'étale de tout son long, les yeux fermés tout contre son oreiller. Dérouté, je ricane légèrement et replonge à ses côtés, bousculant sa chevelure hirsute décolorée.

- « manque de bol, j'ai pas mon portefeuille »

- « tu sers à rien » elle souffle tout en gémissant, s'étirant longuement, frôlant mon torse nu de son avant bras couleur caramel.

Elle est jolie. Aux antipodes de la beauté frêle de Léo. Sa poitrine généreuse s'extirpe à moitié d'un bout de drap, croisant son regard d'un gris très clair, ne cherchant pas à dissimuler ses formes.

- « j'ai un reste de farine, de lait et 2 ou trois oeufs, va me faire des crêpes, homme »

Je m'approche de cette fine métisse qui me menace du regard, se mordillant la lèvre. J'embrasse ses courbes, m'éloigne à nouveau et empoigne mon jean, retrouvant rapidement les restes de ma tenue de la veille.

- « cuisiner nu, c'est pas ton fort ou tu prends la poudre d'escampette? »

Je freine mon mouvement, croisant cette fameuse couleur horrible longeant la majorité d'une grande chambre désordonnée. Je stoppe entièrement d'enfiler une chaussette rescapée de ma nuit, hésitant et fébrile.

IMPERFECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant