CHAPITRE 25 - Vitesse

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POINT DE VUE ALYSON

  

Je tape le bout de mes doigts contre le volant, à l’arrêt dans un coin reculé. Le rouge de mes ongles forme un contraste sur la matière caoutchouteuse de l’habitacle, renforcé par la réverbération orangée de cette fin de soirée plutôt calme. Je me secoue sur mon siège, grattant mes bas résilles, de peur de choper la marque des petits quadrillages à force de rester plantée là.

Un 4x4 se gare soudain au côté de mon vieux tacot, m’envahissant d’une once de panique à la vue du conducteur.

Je presse ma main contre la forme circulaire et froide, coupant le moteur sans pour autant sortir.

Une portière claque assez violemment, me faisant sursauter.

Je retiens mon souffle jusqu’à ce qu’un coup, frappé rapidement contre ma vitre, me fasse réaliser mon geste.

Je regrette aussitôt d’avoir accepté une rencontre, une folle envie de démarrer me démangeant soudain. 

Nouvelle tentative, dans un cognement plus fort contre le vitrage auto. Je glisse ma paume sur l’ouverture et effectue une pression rapide et mesurée, sortant rapidement pour m’octroyer une hauteur acceptable entre l’individu et moi.

- « merci d’avoir accepté de me voir »

je me fige face l’intonation rocailleuse et sombre, tout autant que le visage du propriétaire de cette voix. Une trainée de tatouages bardent ses avants bras, poursuivant jusqu’à ses épaules masquées d’un pull troué. 

- « Fallait bien, histoire que tu arrêtes de m’emmerder »

Un sourire intimidant croise ma route, me faisant trembler. Je frotte au niveau de ma cuisse, jusqu’à sentir la sensibilité croissante de la cicatrice qui me hante. Je frotte pour me dissuader de craquer, fusillant du regard mon ex petit ami.

Mike prend appui contre la portière de sa bagnole hors de prix, croisant les bras dans un balancement de muscles saillants. 

- « Tu n’as pas changé.. »

- « Magne-toi, je prends mon service bientôt »

Son regard glisse sur mon corps, passant de mes jambes nues à ma veste laissant deviner mon corset.

Je rabats avec colère le pan de mon vêtement, plaçant ma main libre contre la clanche de ma porte, menaçante.

Son sourire s’évanouit aussitôt, tentant un geste d’approche, vite repoussé.

- « Tu travailles toujours dans ce bar de trainées.. »

Mon talon claque contre le macadam, à bout. 

- « Mike, pourquoi tu m’as fait venir jusque ici? »

Son nez aquilin, blessé à de multiples reprises par ses conneries d’adolescence, me donne un haut le coeur. L’attention qu’il me porte, semblable au passé et notre ancienne relation, me procure un fourmillement trop familier, flippant. Son sourire, profondément démentiel, me parvient au compte-gouttes, baissant mes paupières afin de ne pas sombrer.

- « je viens de clôturer mes travaux d’intérêt général, je suis clean maintenant.. »

J’ai un mouvement de recule, cognant contre mon rétroviseur, dubitative.

- « Et c’est la raison pour laquelle tu me harcèles? »

La colère stagne au travers de ses traits tirés, augmentant la peur qui s’insinue dans mes veines.

IMPERFECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant