Eddy s'était accroché à la branche la plus épaisse du figuier pour se hisser sur le toit du cabanon qui était adossé à la maison. Mais cette dernière craqua pile au moment où il accrochait le bord du toit. Il manqua de tomber de tout son long sur le dos mais parvint finalement à arriver sur la toiture, juste sous la fenêtre de la chambre de Joy. Il aurait pu l'appeler, il aurait pu sonner. Il aurait dû, mais il avait peur qu'elle l'ignore comme ses messages. Elle était rentrée depuis presque 1h et elle ne lui avait toujours pas écrit. Il voulait être sûr qu'elle ne lui faisait pas la tête. Et pendant qu'il montait doucement sur les tuiles en veillant à ne pas glisser, son téléphone vibra dans sa poche, c'était elle.
- Eddy je crois que quelqu'un essaye de rentrer chez moi, chuchota-t-elle effrayée.
- Oh... Euh, il murmurait lui aussi, c'est rien... C'est moi Joy...
- Quoi ?! elle ne murmurait plus du tout.
Et sa fenêtre s'ouvrit violemment sur une Joy furieuse.
- Mais qu'est-ce que tu fous putain ?
- Je viens te voir...
- Mais pourquoi t'as pas sonné ?
Elle le laissa rentrer difficilement par sa fenêtre, enjambant son bureau en jouant les équilibristes.
- J'avais peur que tu ne répondes pas, et que tu ne sois pas seule.
- Donc tu venais vérifier en regardant par ma fenêtre !
- T'as raison c'est débile mais c'est toi aussi t'es devenue bizarre après... Après que.. Je.. Qu'on se soit embrassés.
- Tu m'as embrassé.
Hors de question d'admettre qu'elle lui avait rendu son baiser.
- Oui c'est moi, mais t'es partie.
- Tu t'attendais à quoi ?
- Que tu restes pour qu'on en parle.
- Y'a rien à dire, c'était pour jouer.
Si seulement.
- Mais tu m'en veux ?
- Non.
- On fait quoi maintenant ?
- Rien, on fait rien, c'était rien.
Elle semblait vouloir vraiment y croire. Mais il la sentait sur la défensive, ses bras croisés sur sa poitrine, elle le regardait à peine et gardait ses distances.
Joy n'osait plus le regarder parce qu'il lui faisait l'effet d'avoir changé subitement, le temps de le quitter des yeux et il paraissait plus grand, plus fort, plus beau. Tout ce qu'elle n'avait jamais remarqué, tout ce qui n'avait jamais été important dans son attitude, elle le voyait. Et celui qui était un ami, comme si ça annulait son genre, son sexe, son potentiel, elle ne le reconnaissait plus. Elle voyait Eddy, elle voyait ses mains solides qu'il enfonçait toujours dans ses poches, celles qui l'avaient serrée contre lui plus tôt, ses épaules larges et les traits de son visage qui devenait plus carré d'année en année. Merde, il avait toujours été aussi canon ou c'était juste cette nuit ?
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Jusqu'à la fin de l'été...
RomanceIl paraît que le dernier été après le lycée a une saveur toute particulière. Pour Joy, Eddy, Elsa et Mahdi, c'est celui de tous les changements. Entre histoires d'amours et d'amitiés. Désirs inattendus et inavoués. Nos quatre amis ne se seraient jam...