Jusqu'à la fin de l'été...

Chapitre 22

Joy attendait qu'Eddy sorte de chez lui, assise sur le trottoir d'en face sans quitter sa maison des yeux. Et elle patientait ainsi depuis presque 1 heure sans que son rythme cardiaque ne s'apaise, attendant qu'il ait parlé à sa famille.

Eddy était assis à la table de la terrasse, décortiquant nerveusement l'étiquette de sa bouteille de coca. Son père et son frère parlaient du chantier en cours, à l'ombre du parasol suspendu. Et sa mère remplissait sa grille de mots-croisés en profitant d'avoir tous ses hommes à côté d'elle.

Le patriarche avait remarqué combien Eddy était discret depuis son retour de la plage. Lui comme ses fils, ils avaient beau avoir le sens de la famille et s'aimer plus que tout, ils ne se le disaient jamais vraiment. C'était simplement acquis. On ne parlait pas beaucoup, mais on avait le droit d'en ressentir le besoin.

- Eddy, tu vas traverser le verre si tu continues à gratter cette bouteille comme ça, lança son père en lui souriant.

- Il est comme ça depuis ce matin, impossible de lui faire cracher le morceau, précisa Hugo qui l'avait vu songeur toute la journée.

Eddy lâcha sa bouteille et se cala au fond de sa chaise, les genoux tressautant à cause de son stress.

- Tout va bien avec Joy ? s'enquit sa mère.

- Oui, ça va super, c'est pas ça...

- C'est quoi alors ? insista Hugo en s'adossant dans sa chaise.

Il était temps de se lancer, il le savait.

- Écoutez je sais qu'on a déjà parlé de ce que vous attendiez de moi à la rentrée, je sais que tu veux que je vienne travailler avec Hugo pour que tu puisses t'arrêter, il s'adressait principalement à son père en n'osant pourtant pas le regarder. Mais avec Joy on s'est dit...

- Tu veux partir aussi c'est ça ? le devança Hugo, en pinçant les lèvres.

- Oui, c'est ce que je veux, assuma-t-il face à son frère.

- Vous en avez vraiment parlé ou...commença sa mère.

- Tu vas nous lâcher, alors que tout le monde compte sur toi. Tu crois pas que t'es super égoïste là ?

Cette fois Hugo était réellement furieux.

- Hey, on va en parler calmement, tempéra leur père.

- Tout est dit papa, continua Eddy, j'ai envie de la suivre et de voyager avec elle. Je vous avoue qu'on a pas fait plus de plan que ça, mais...

- C'est n'importe quoi putain, Hugo frappa la table du poing avant de se lever pour la contourner.

Sa mère lui emboîta le pas pour lui parler alors qu'il se dirigeait vers le portail pour sortir et rejoindre sa voiture.

Joy vit Hugo faire de grands gestes, clairement énervé en parlant à sa mère, avant de monter dans sa voiture et partir. Inquiète, elle se releva, lissant le tissus de sa robe pour essuyer ses mains moites en hésitant à se rapprocher de la maison. En traversant doucement la rue maintenant déserte, elle observa la mère d'Eddy retourner dans le jardin sans fermer le portail. Alors elle remonta l'allée et resta cachée derrière le coin de la maison, au cas où il aurait besoin d'elle.

De là où elle était, elle pouvait les entendre parler.

- Je suis vraiment désolé, j'ai pas envie de vous décevoir mais...

Joy devinait l'émotion dans sa voix, elle aurait voulu lui tenir la main, le soutenir en étant avec lui.

- Ton frère s'en remettra, commença sa mère, tu ne déçois personne.