Joy était allongée sur son nouveau matelas en mousse, elle venait de l'installer pour voir si tout était ok. Il logeait parfaitement, juste assez épais, très confortable. Elle regardait le plafond. Ses parents y avaient peint une carte du monde où ils avaient marqué d'un point rouge toutes les destinations qu'ils avaient faites avec ce van. Elle voulait suivre leurs pas.
Ils s'étaient rencontrés à l'autre bout du monde, au Japon, c'était leur tout premier voyage, et ne s'étaient plus jamais quittés. Et quelques années avant sa naissance, ils s'étaient offert ce vieux Volkswagen qui n'avait rien d'une maison au départ. Ils avaient roulés aussi loin qu'ils le pouvaient, franchi toutes les frontières qu'ils avaient pu et puis ils s'étaient installés un temps en France pour accueillir leur fille unique. Avant de l'emmener avec eux dans leurs folies de voyage. Ils ne tenaient pas en place, ils ne restaient jamais plus de quelques mois au même endroit. C'est Joy qui avait demandé à ce qu'ils se fixent quelque part, elle voulait aller à l'école, rencontrer des enfants de son âge, avoir une chambre rien qu'à elle. Ils avaient trouvé une maison à mi-chemin entre l'Espagne et l'Angleterre, et elle avait trouvé Eddy.
Depuis hier, elle ne pensait qu'à son départ qui se rapprochait. Elle avait peur qu'il ne change ses plans, qu'il prenne tellement plus de place, qu'il soit beaucoup plus important que tout le reste. Au point de la retenir, sans même lui demander.
Elle rêvait de la vie de ses parents, elle rêvait du même genre de rencontre, du même amour, la même passion. Sauf que tout ça, elle l'avait rêvé loin d'ici.
...
La pluie arriva avec le soir.
Une pluie diluvienne qui empêchait Joy de voir la maison d'Eddy juste en face. Elle lui avait envoyé un message pour savoir s'il voulait toujours sortir malgré la météo, mais il n'avait pas encore répondu. Assise dans son canapé, elle tenait son petit miroir d'une main tout en appliquant son mascara de l'autre. Elle avait toutes les chances de finir avec un masque de panda dégoulinant mais elle prenait le risque.
Eddy avait traversé la rue en courant jusqu'à sa porte. Juste quelques mètres et il était trempé autant que s'il s'était baigné tout habillé. Il sonna, un peu miséreux. Elle le découvrit sur son porche et se mit à rire en le laissant entrer.
- Ok, peut-être qu'on devrait se faire livrer les kebabs finalement, se moqua-t-elle gentiment.
Il n'osait pas entrer plus loin dans la maison pour ne pas salir.
- Viens je vais te donner une serviette.
Elle avait pris sa main sans y penser, leurs doigts savaient quoi faire comme s'ils l'avaient toujours fait, comme s'ils avaient toujours voulu le faire. Et ils montèrent les escaliers jusqu'à l'étage.
- Enlève ton t-shirt, dit-elle en l'échangeant contre une serviette sèche.
- Ça fait deux fois que je me déshabille devant toi en deux jours, t'explique ça comment ? plaisanta t-il.
- Je m'en plains pas, dit-elle, amusée, en sortant une autre serviette pour lui sécher les cheveux.
Elle les frotta elle-même et ils en profitaient pour se rapprocher. Sa tignasse toute ébouriffée, elle passa ses doigts dedans pour les coiffer grossièrement.
- T'es magnifique, souffla-t-il en la détaillant.
Joy sentait divinement bon le monoï, comme l'odeur de la crème solaire, il adorait ça. Elle avait mis une robe noire, courte et légère, qui dévoilait ses épaules et ses jambes et avec ses talons compensés elle faisait la même taille que lui.
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Jusqu'à la fin de l'été...
RomanceIl paraît que le dernier été après le lycée a une saveur toute particulière. Pour Joy, Eddy, Elsa et Mahdi, c'est celui de tous les changements. Entre histoires d'amours et d'amitiés. Désirs inattendus et inavoués. Nos quatre amis ne se seraient jam...