FR | Tomber les Masques | Childe x OC

6. ❆ Coup d'État

Cela fait cinq jours depuis le départ d'Ajax pour Liyue. Cinq jours que mes collègues doivent me supporter alors que je suis d'une humeur massacrante.

Même Rurik s'est arrêté de m'embêter pour un rien, c'est dire à quel point mon humeur doit être des plus désagréable.

Je m'en rends bien compte, mais la moindre petite chose me rappelle incessamment Ajax, qui n'est pas revenu me voir avant de partir pour Archons sait combien de temps.

Alors je noie mon mélange de fureur qu'il m'ait menti et de tristesse qu'il ne m'ait pas fait confiance dans une chose bien particulière.

Non, pas les bras d'Arkady. Même si franchement, c'était tentant. Mais même lui m'évite depuis que je suis à fleur de peau.

Il ne me reste qu'une seule chose d'intérêt hormis l'entraînement : les brioches de cette fameuse boulangerie L'Edelweiss. Alors je m'y rends et en achète plus que d'habitude – pour le plus grand plaisir de la gérante.

Mais comme si le destin voulait ma mort, lente et agonisante, notre équipe subit une punition pour notre manque de sérieux – aucun doute qu'il s'agit de l'équipe numéro deux qui nous a dénoncés –, nous obligeant à rester une heure de plus le soir pendant une semaine entière.

Comme si mon humeur n'était pas suffisamment insupportable.

J'aurais pu tout bonnement laisser tomber ma quête sacrée des brioches me remontant le moral, mais cet appel divin est plus fort que tout, et je succombe comme la misérable personne faible que je suis. Alors en ce premier jour de cette punition, je m'y rends bien contre l'avis général de mes collègues. Contrairement aux autres fois, c'est particulièrement risqué comme il faut que je retraverse le Palais, brioches en mains, pour revenir devant la Porte afin d'effectuer la dernière heure supplémentaire.

À tout instant je peux me faire interpeller, et par conséquent punir. Mais je le fais quand même parce que je suis adepte de la transgression des règles.

Ceci n'est pas à prendre au pied de la lettre. Si je suis arrivée au statut de Garde, ce n'est pas en transgressant les règles, mais véritablement en montant les échelons en les suivant à la lettre. Seulement parfois je m'accorde des écarts.

D'ailleurs, chose qui m'étonnera toujours, lesdits écarts deviennent bien plus fréquents plus la personne est haute dans la hiérarchie. Parce qu'on a un peu de pouvoir, on se permet plus de choses. Voilà une vérité bien inégalitaire.

Comment l'ai-je constaté ? Quand j'ai atterri dans cette équipe de bras cassés plus communément appelée « équipe numéro trois ». Entre retards récurrents, fêtes à tout bout de champ, discussions pendant le tour de garde, et sérieux aussi présent que le réchauffement climatique à Snezhnaya, j'ai constaté pas mal d'entorses au règlement depuis l'année et demi que j'ai passée parmi eux.

Et très franchement, je me sens enfin revivre. Un peu trop même, puisque je suis leur exemple de laxisme, à sortir en catimini du Palais pour aller acheter des brioches sans arrière-pensée.

Mais qu'importe, j'affiche désormais un sourire alors que j'ai dans les bras mon sachet rempli de brioches au chocolat, remontant les couloirs en ne me méfiant que très légèrement de qui je pourrais croiser.

Et quand je tourne à l'angle pour me diriger vers le couloir abritant la porte que nous devons garder, je vois non pas trois personnes, mais quatre. Mes pas ralentissent, mes yeux tentant de déterminer qui est cette quatrième personne qui se trouve surprenamment ici, en train de parler avec Demyan.

Sa tenue noire et son masque sur le visage m'indiquent qu'il n'est pas Garde, mais plutôt diplomate. Ma curiosité grandit à son égard, mais quand mes pas résonnent avec suffisamment de force dans ce couloir rectiligne pour que l'attention de tous ne se tourne vers moi, je ralentis, quelque peu surprise d'être dévisagée de la sorte par les quatre personnes en présence, imaginant tout un tas de scénarios par lesquels je finis réprimandée pour avoir enfreint le règlement.