1. ❆ L'équipe numéro trois

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Devant l'enceinte du château, quatre personnes patientent en attendant que les portes s'ouvrent pour les laisser entrer dans cette zone restreinte. Les plaques d'identité transparentes servant de laisser-passer sont bien vites cachées sous les capes de couleur différente de chacun des membres, assorties à leurs Yeux divins accrochés fièrement sur le devant.

De loin, toutes les recrues des Fatui savent à quel statut renvoient ces capes : les Gardes du Palais d'Hiver. Que ce soit ceux guettant sur les remparts extérieurs séparant le château du reste de la capitale, Tsaritsyne, ou ceux patrouillant à l'intérieur des murs du château ; tous sont dotés de cette étoffe avec le symbole des Fatui brodé sur l'épaule.

Mais parmi ces Gardes, de petits groupes font l'objet d'un respect hors du commun. Ces individus, personnellement désignés par les Exécuteurs ou la Tsarine afin de supporter une mission de la plus haute importance, assurer la garde de la porte menant à la Salle du Trône, sont reconnaissables par les plumes qui adornent leurs capes.

Prodiguant renommé et responsabilité, personne n'oserait chercher des broutilles à ces individus qui se sont pour la plupart vu attribuer ce poste après avoir exécuté des prouesses passibles de louanges.

Quatre équipes de quatre se relayent afin de veiller à toute heure du jour comme de la nuit à la protection de cette porte sacrée.

11h58.

L'équipe numéro trois dont je fais partie s'avance à travers les couloirs du Palais avec habitude. Nos pas résonnent à l'unisson dans le faste de ce lieu, nos yeux concentrés sur notre destination sans faire attention aux murs bleu glace recouverts de dorures, ou au sol en marbre lustré dont les veines noires ressortent considérablement.

Nous incarnons la fine fleur des recrues des Fatui stationnées à Snezhnaya. On nous attribue des exploits grandioses et une rigidité et un sérieux à toute épreuve. Pourtant, nos conversations matinales en rejoignant notre lieu de travail ne rendent pas hommage à ces louanges que l'on nous prête.

— Tu aurais pu y aller mollo hier, j'ai encore mal au bras ! C'est pas possible d'être une brute pareille !

— Je n'y suis pour rien si c'est toi qui as voulu faire un bras de fer.

— Arrêtez de vous chamailler comme des enfants de cinq ans, sinon j'en prends un pour taper sur l'autre.

Vraiment, les éloges que l'on nous accorde seraient jetées aux oubliettes s'ils venaient à s'immiscer dans nos conversations. Je ne sais pas ce qu'il en est pour les trois autres équipes, mais pour ce qui est de la numéro trois, tout est propice à la rigolade.

La porte en vue, les visages ennuyés de nos collègues de l'équipe numéro deux nous stoppent dans notre discussion particulièrement enjouée.

— Une minute en retard. La prochaine fois, essayez de venir à l'heure, nous dit un homme au regard agacé alors qu'il lâche un soupir en passant à côté de nous.

Finalement, peut-être sommes-nous les seuls à nous amuser un minimum. Mais ce n'est pas pour autant que nous ne faisons pas notre travail avec sérieux.

Alors nous nous positionnons comme nous le faisons chaque jour, deux de chaque côté de la porte, nos lances en mains, pointes vers le plafond, prêts à vivre six heures de notre journée, debout, à guetter le moindre signe suspect.

Un métier de rêve, n'est-ce pas ? Un peu ennuyeux, mais au moins, c'est relativement tranquille.

Le silence retombe autour de nous, témoignage de la concentration avec laquelle nous effectuons notre tâche. Les longues minutes s'égrènent, un tic tac imaginaire jouant dans nos esprits respectifs alors que nos regards sont focalisés sur le bout du couloir, seul endroit d'où un ennemi potentiel pourrait surgir – s'il arrivait à tromper la surveillance des Gardes à l'extérieur, et s'engouffrait à l'intérieur du Palais sans rencontrer la moindre patrouille. Autrement dit, les chances que cela se produise sont infinitésimales.

FR | Tomber les Masques | Childe x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant