15. ❆ 𝘚𝘦𝘮𝘱𝘦𝘳 𝘯𝘰𝘣𝘪𝘭𝘪𝘴

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Deux semaines particulièrement longues, et revêtues d'une grisaille permanente dans un ciel aussi morne que mon quotidien, venaient de toucher à leur fin depuis le démantèlement de la planque. Ajax était rentré à la capitale peu de temps après pour tenter de se renseigner sur les truands qui nous avaient attaqués accoutrés de l'uniforme des Fatui. Il fallait absolument découvrir comment ils pouvaient être en possession de ces tenues, peut-être que ça nous donnerait des idées sur leur identité.

Ajax venait tout juste de revenir de son excursion à Tsaritsyne, et nous sommes en train de débriefer dans ma chambre chez les Alekseev en ce début de soirée, après que j'aie fini mes corvées habituelles de servante dévouée.

— Je suppose que tu n'as rien appris de concret vu ton expression, lancé-je la discussion, debout contre mon bureau.

— Malheureusement, rien de très probant.

Assis sur mon lit, il a une jambe repliée sous lui, dans une posture nonchalante dans laquelle je vois ses épaules affaissées par les ronces piquantes que représente le mystère des armes et des uniformes.

Il soupire.

— Après avoir ramené les ennemis à la capitale, on a réussi à en identifier certains. Il s'agit de recrues Fatui qui avaient été déclarés morts au combat ou disparus.

— S'ils sont vivants, c'est bien signe qu'il s'agit d'une erreur ? remarqué-je en arquant un sourcil.

— Pas forcément. J'ai cherché dans les archives, on a les plaques d'identité de certains d'entre eux. S'ils étaient vivants, ils ne s'en seraient pas séparés, à moins que...

— Ce ne soit ce qu'ils souhaitaient ?

— Tout à fait. (Son regard se pose sur mon cou, où je porte habituellement ma plaque d'identité au Palais.) Ils s'en sont débarrassés pour devenir des déserteurs.

— Pourquoi faire ça ?

— Tu ne te rends pas compte Katya, mais beaucoup de recrues veulent quitter les Fatui. (Il me jette un coup d'œil à moitié attristé en pensant à cette éventualité.) Les ordres de la Tsarine sont impérieux, mais ils sont surtout craints. Tous ne suivent pas aveuglément son objectif. Comme elle ne permet pas de quitter l'organisation une fois que l'on a mis les pieds dedans, certains redoublent d'ingéniosité pour tenter d'échapper à son emprise quand ils en ont assez.

— C'est stupide. (Mes bras se croisent sur ma poitrine de désapprobation.) Un jour ou l'autre, ils doivent bien savoir qu'ils se feront rattrapés. D'autant plus quand leur liberté si durement acquise est utilisée pour détourner des armes.

— Tu prêches un converti, me dit-il avec un léger sourire qui tombe aussi rapidement que la première averse d'automne. Mais dis ça à tous ceux qu'on a combattus, et aux nombreux que j'ai dû traquer sur ordre de la Tsarine. Pour eux, ça en vaut la chandelle, quand bien même l'enfer les attend une fois qu'on met la main sur eux.

Un frisson me parcourt en imaginant ces déserteurs que l'on a affrontés jetés au fin fond d'une geôle en attendant que leur sentence pour désertion leur tombe sur le coin de la figure.

— Enfin, là n'est pas le problème, enchaîne Ajax en mettant le sujet de côté d'un geste de la main. Ces déserteurs sont tout naturellement en possession de leurs derniers uniformes, jusque-là, rien de surprenant. Ce qui pose problème, en revanche, ce sont les autres.

— « Les autres » ?

Ajax lève son regard dans ma direction avec une grimace sur le visage, sa tête se penchant sur le côté avec un soupir.

FR | Tomber les Masques | Childe x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant