FR | Tomber les Masques | Childe x OC

33. ❆ Clé de l'énigme

— Alors c'est ça, la demeure des Tolstoï ?

Devant nous, se tenant dans les rayons du petit matin, un imposant bâtiment s'étendant sur trois étages se cache derrière un jardin à la française parfaitement entretenu. Cette résidence, à l'instar des manoirs des Tarasov et des Apraksine, est digne d'un duc. Un portail en fer ornemental, doré à la feuille d'or, barre l'entrée de la propriété et maintient tout visiteur à distance.

— Ce que j'aimerais surtout savoir, c'est pourquoi c'est fermé ! termine Ajax en haussant le ton, comme s'il croyait que quelqu'un allait sortir de sa cachette pour nous expliquer ce calme inhabituel.

Les lieux semblent inhabités, sans domestiques ni lumière filtrant des fenêtres fermées, sans aucun carrosse visible dans l'allée. Il n'y a aucun signe indiquant la présence humaine, ni d'indice quant à l'emplacement du duc que nous cherchons. Cependant, l'absence de traces de roues ou de sabots sur la neige immaculée témoigne que le duc n'a pas quitté les lieux précipitamment.

Le seul mouvement que nous percevons est celui des armes automatiques sortant de leur cachette à chaque fois qu'Ajax exprime sa frustration en donnant un coup de pied dans les barreaux en fer noir. Je suis étonnée de découvrir que de tels modèles d'armes modernes existent, ce qui montre que le duché de la culture et de la connaissance mérite son nom.

— Bon, j'imagine qu'on ne peut pas rentrer sous peine de finir en fromage troué, lancé-je à mon compagnon qui observe d'un air furibond la distance à combler entre le portail et la porte d'entrée, puis les armes.

Ce n'est que quand il lâche un soupir, résigné, que j'entreprends de m'éloigner, mettant le cap sur une autre destination, la seule qui pourrait nous mener à des informations.

– ❆❆❆ –

J'ai l'impression que la dernière fois que je me suis trouvée sur le perron de la modeste demeure des Alekseev remonte à des siècles auparavant. Quand était-ce ? Juste avant que je ne parte confronter mon frère Yakov à propos du coup d'État ? Cela fait vraiment un sacré bout de temps.

— Le comte Alekseev ? demande Ajax à mes côtés, dubitatif quant à notre présence ici.

— Si le duc Tolstoï s'est fait la malle, il en saura peut-être quelque chose s'il était de mèche avec lui tout du long. Dans le cas contraire, nous pourrons toujours voir ce qu'il sait ou non. Quoi qu'il en soit, promets-moi une chose, Ajax : laisse-moi mener la discussion.

— Très bien, je te laisse les commandes.

Sur cet accord, j'utilise le heurtoir pour signaler notre présence, et quelques instants plus tard, nous nous trouvons face à face avec Andrei Alekseev, qui, semble-t-il, venait juste de passer derrière la porte d'entrée.

— Tiens, Katya ! Comme c'est bon de vous revoir ! Je vois que vous vous portez comme un charme. Quelles sont les nouvelles à propos de...

Avant même qu'il ait pu terminer sa phrase, je le pousse violemment contre le mur et presse fermement mon bras contre sa gorge. En matière d'interrogatoire, deux méthodes s'offrent à moi : la méthode brutale ou la méthode douce. Si le comte n'a fait que jouer le jeu depuis le début et qu'il a réussi à me duper tout du long, la seule méthode qui s'impose pour lui faire cracher la vérité n'est autre que la manière forte.

Derrière moi, Ajax referme tranquillement la porte d'entrée tandis que je commence à bombarder le maître des lieux de questions.

— Depuis le début, vous transmettez l'avancement de l'affaire au duc Tolstoï, n'est-ce pas ?