7 janvier 1998
Severus avait réussi à convaincre le Seigneur des Ténèbres. Un mensonge grotesque selon lequel il aurait finalement aperçu Potter dans la forêt de Dean. Il lui avait promis que ce n'était qu'une question de temps avant que le gosse ne lui soit livré.
Severus ne savait même pas comment le Seigneur des Ténèbres avait avalé une telle chose. Peut-être parce qu'il y avait une infime part de vrai. Severus savait parfaitement où était passé Potter. Il savait également que celui-ci ne se pointerait pas avant la fin de l'année. Severus n'était peut-être pas devin. Mais il avait une excellente mémoire.
Une main sur sa nuque attira son attention. Severus sentit un poids peser sur ses genoux avant qu'une paire de lèvres ne vienne cueillir les siennes. Severus s'abandonna à l'étreinte avec un léger soupir, entourant son amant de ses bras.
Un grand fracas fit sursauter les deux sorciers qui s'écartèrent vivement l'un de l'autre pour dévisager la personne qui venait de faire interruption dans le bureau.
« Monsieur le Directeur. Je ne pensais pas que je dérangeais.
- Vous auriez pu frapper avant d'entrer, grogna-t-il.
- Je l'ai fait. Mais vous étiez manifestement trop distrait pour le remarquer, fit la voix avec sécheresse.
- Venez-en au fait Minerva, que voulez-vous ?
- Dois-je m'inquiéter de la présence de cet... homme au château ? Fit-elle en pointant son amant du menton. Devons-nous craindre un autre assassinat ou puis-je dormir sur mes deux oreilles ? Demanda Minerva avec un air peu avenant.
- Soyez certaine qu'il ne présente aucun danger pour l'école... Il est ici sous ma responsabilité.
- C'est bien pour ça que je m'inquiète.
- Passons. Que voulez-vous ? Répliqua-t-il d'une voix froide.
- J'ai ouïe dire que vous saviez où était M. Potter. Je venais m'assurer que vous ne lui réserviez pas le même sort qu'Albus.
- Vous constatez bien que je ne prépare rien de machiavélique, énonça-t-il.
- Je ne suis sûre de rien avec vous. Où est-il ?
- Il est adulte Minerva, il n'a pas besoin de l'Ordre sur son dos.
- Avec vous qui le pourchassez ? Bien sûr que si. Qui sait quelle folie seriez-vous à même de commettre ?
- Je suis désolé, je ne peux rien vous dire. »
Minerva sortit sa baguette d'un geste raide.
« Assez joué comme ça. S'il reste une once de l'homme que j'ai longtemps considéré comme mon ami, dites-moi où il est. »
Aussitôt, l'amant de Severus qui avait jusqu'ici observé la scène sans intervenir, s'interposa entre la baguette du professeur et son compagnon.
« Il suffit. Je ne vous laisserai pas menacer mon amant dans son propre bureau. Vous l'accusez de bien des choses tout en manquant d'une flagrante politesse. Je vous prierai donc de partir. Ou je serai contraint de vous y obliger. Et croyez-moi, vous ne voulez pas que nous en arrivions à de telles extrémités.
- Vous pensez me faire peur ? Répliqua-t-elle.
- Je pense qu'il est grand temps pour vous de partir, Minerva, ordonna Severus sur un ton calme mais ferme. »
Les yeux de la sorcière se plissèrent dangereusement. Il y eut un moment de flottement avant qu'elle ne finisse par consentir à ranger sa baguette d'un geste sec. Elle tourna les talons, raide et droite et se dirigea vers la sortie du bureau directorial.
Avant de quitter les lieux, sa voix sèche claqua dans l'air :
« Au fait, je vous prie de respecter mon titre de professeur, Monsieur le Directeur. Seuls les proches ont le droit d'utiliser mon prénom. Catégorie dont vous ne faites visiblement pas partie. »
Et elle s'en alla.
Une fois que Severus fut certain que son départ était définitif, il s'affaissa dans son fauteuil avec un lourd soupir. À nouveau, il était dépouillé de sa prestance et sa grandeur, ainsi abattu par le poids de ses responsabilités.
Son amant vint s'installer sur ses genoux, écartant les mains de Severus qui étaient venues cacher son visage, puis il vint caresser doucement ses pommettes de ses pouces.
« Elle te pardonnera.
- Pourquoi le ferait-elle ?
- Parce qu'elle apprendra la vérité. Le fait que tu n'aies pas tué Albus par envie mais par sens du devoir. Elle n'est pas stupide. Elle sait combien la guerre est difficile et combien elle nous met dans des situations extrêmes. Elle comprendra, j'en suis sûr.
- Je n'en suis pas si certain, soupira-t-il.
- Ne sois pas si rabat-joie, le taquina-t-il en l'embrassant sur le front.
- Quoiqu'il en soit, nous avons déjà un Mage Noir à défaire. Le reste attendra. »
Le visage de son amant s'assombrit.
« Penses-tu que nous en sommes réellement capable ? Demanda-t-il.
- Évidemment, rétorqua Severus, quand bien même le doute sinfiltrait en lui.
- Je ne veux pas te perdre..., soupira-t-il en apposant son front contre le sien.
- Ça n'arrivera pas.
- Comment peux-tu en être aussi certain ?
- Je ne le suis pas. Mais je me refuse à imaginer une autre possibilité, déclara-t-il dans un souffle.
- Tu vires Poufsouffle, attention, rit-il légèrement.
- Cesse de dire des âneries, espèce d'insolent. »
Un rire doux retentit aux oreilles de Severus. Et Merlin, il se damnerait tout entier pour ce son.
Severus se demanda quand il était devenu si faible.
Il ferma les yeux et se laissa glisser dans ce court moment de légèreté. Ils se faisaient rares ces temps-ci. Aussi, Severus faisait de son mieux pour les apprécier à leur juste valeur.
Il savoura la caresse des doigts qui couraient sur sa peau. Le souffle qui s'échouait doucement sur ses lèvres. Puis la tiédeur de la bouche qui se déposa sur la sienne. La tendresse qui venait engourdir leur étreinte de lenteur. Le corps pressé contre le sien. Ses sens enivrés et abandonnés d'une façon presque indécente.
Severus s'autorisa à passer ses bras autour de son compagnon, dans une envie subite de le sentir contre lui, se retenir à une preuve tangible de sa présence.
Un soupir retentit contre ses lèvres et leur baiser continua. Sans s'accélérer. Suspendu dans cette même patience. Comme s'ils avaient encore l'éternité devant eux.
Severus savait que ce n'était pas rationnel. Il n'aurait probablement pas dû se laisser aller ainsi. À l'espoir et à l'attachement. C'était dangereux. Terriblement dangereux. Mais c'était paradoxalement une des rares choses qui l'empêchait de sombrer totalement. Dans la folie et le désespoir.
Puis Severus était foutrement bien, il fallait le reconnaître.
N'était-ce pas le plus important ?
---
Un court chapitre pour s'échapper un peu de la stupidité de Harry qui me pèse :)

VOUS LISEZ
Maître Temps
FanficLa guerre rugit et ôte des vies. Severus est écrasé par sa nouvelle position. Harry est perdu quelque part dans le vaste monde, enrôlé dans une chasse à l'impossible. Et Maître Temps les regarde, joue de leur destins avec ses doigts tout puissants.