24. Attitudes changeantes

9.8K 321 200
                                    

PDV de Lynn Smith





Je me retournai pour la millième fois dans mon lit, mon corps était collant, transpirant et brûlant de haine. Mes yeux se gorgeaient d'eau, mes larmes coulaient à flot sur mes joues, contrairement à d'habitude ce n'était pas que des larmes de tristesse, un sentiment de culpabilité mélangé à un profond sentiment de dégoût naissait dans le creux de ma gorge, la nouant toujours plus, et l'asséchant complètement, irradiant la moindre source d'humidité.

Je le déteste.

Je le hais.

Je le maudis.

Je n'étais plus lucide, mon esprit lui même était en train de se noyer face à la quantité exorbitante d'émotions qui s'agglutinaient et qui pénétraient mon âme meurtrie. Je n'arrivai même plus à décrire le flot de sentiments qui attaquait mon esprit, malmenant ma conscience et brisant le dernier rempart qui me protégeait de... moi-même.

Tu es pitoyable Lynn.

Ma bouche était affreusement pâteuse et sèche, j'avais soif, et j'avais chaud. Je me relevai, et marchai en direction de la porte de ma chambre. J'abaissai la poignée et ouvris délicatement la porte avant de m'extirper de ma chambre.

Arrivée dans le couloir, je me dirigeai machinalement vers la pièce d'à côté, je pénétrai dans la salle de bain, ouvris le robinet, et me penchai afin de boire plusieurs gorgées de l'eau qui en sortait. Je relevai la tête en essuyant d'un revers de la main ma bouche, quand mon reflet dans le miroir face à moi, me fit stopper tout mouvement.

J'étais blanche, pâle, livide, mes joues rougies par mes coulées de larmes contrastaient avec mon teint blafard. Je fixai mon reflet, plus particulièrement mes yeux, ces maudis yeux de couleur verte, et la voix de mon père me revint instantanément en tête.

Pourquoi a-t-il fallu que tu lui ressembles ?!

Arrête de me regarder putain ou je te crève les yeux comme ta pute de mère !

Cache-moi cette horrible couleur bordel !

Mets tes putains de lentilles salope !

Mes yeux s'humidifièrent troublant ma vision, je ravalai mes larmes et reniflai un bon coup avant de sortir de la salle de bain. J'allais pour rejoindre ma chambre quand j'entendis une voix s'élever juste derrière la porte qui faisait face à la mienne.

Je fronçai mes sourcils, je me rapprochai d'elle, priant intérieurement pour que ce ne soit pas des gémissements féminins. Je collai mon oreille au bois foncé de cette porte dans l'optique de discerner la nature de cette voix, mais je ne percevais qu'un chuchotement, et mis à part ce simple souffle je n'entendais rien d'autre.

Ma curiosité me poussa à savoir ce qu'il se passait, je posai donc ma main sur la poignée, l'abaissai doucement, ouvris délicatement la porte et m'engouffrai dans la pièce. Je la refermai derrière moi, je regardai autour de moi et tout était noir.

Mes yeux mirent plusieurs secondes avant de s'habituer à la noirceur de la salle, de cette salle qui était en réalité une chambre. Mon regard parcourait la pièce, et s'arrêta brusquement sur un corps assis sur un lit. Son corps. Je ne bougeai plus, j'analysai sa posture quand mes yeux s'écarquillèrent.

Il... tremble ?

Sa tête était baissée, il regardait certainement le sol, ses mains tiraient sa chevelure brune tandis que tous ses muscles contractés tremblaient comme jamais. Je ne pouvais pas dire pourquoi mais le voir dans un tel état resserra mon cœur. Sans trop réfléchir, je m'avançai à pas de loup vers lui, et à mesure que je me rapprochai de son corps tremblotant, j'entendais plus nettement ses murmures.

AmorceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant