50. Amorce

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PDV d'Asher Wright









Les feuilles des arbres se tintaient progressivement d'orange, de jaune et de rouge, me rappelant que cela faisait presque un an que son esprit s'était endormi. Les nuages grisâtres voilaient le ciel bleu, et cachaient le soleil derrière leur épaisse barrière de fumée grise.

Mes pas foulaient le sol goudronné de ce chemin qui me menait à cet endroit sinistre et terriblement angoissant, l'hôpital. J'avais beau détester cette ambiance morose, cette atmosphère pesante, et ce lieu en lui-même qui ne cessait de me ramener en arrière, dans des sombres souvenirs que je préfèrerai oublier, je venais quand même, tous les jours.

Pourquoi m'infliger pareille douleur me diriez vous ?

Tout simplement parce qu'elle y était. Cette femme qui m'obsédait. Cette femme à la chevelure brune, aux yeux verts émeraudes, et au mauvais caractère. Autrement dit, Lynn Smith.

L'automne venait tout juste de s'installer en ce mois d'octobre. Le temps changeait, les températures baissaient alors qu'une nouvelle saison venait de se terminer, faisant une nouvelle fois, s'envoler le peu d'espoir qu'il me restait.

Je passais les portes vitrées de l'hôpital, et l'odeur de ce lieu emplit immédiatement mes narines.

Bonjours monsieur Wright, comment allez-vous aujourd'hui ? me demanda la vieille femme de l'accueil.

Comme d'habitude, répondis-je encore, d'un ton froid.

Elle m'adressa un mince sourire désolé ou compatissant, je n'en savais rien, et au fond, je ne voulais pas le savoir. Je gardai encore le peu de mon empathie pour elle, pour le jour où elle se souviendrait...

Je montais dans ce même ascenseur, et cliquais toujours sur le même bouton qui indiquait le deuxième étage. Les portes s'ouvrirent, j'amorçai un pas hors de la cabine, et déambulai dans ce couloir aux murs blancs avant de m'arrêter devant cette porte portant le numéro 50.

Je posais ma main sur la poignée, et la baissai doucement. Je la poussai, et pénétrai dans la chambre en refermant la porte derrière moi. Je relevai la tête vers elle, et je la vis redressée dans son lit, le visage tourné vers la fenêtre, observant le ciel couvert.

Je marchai en sa direction, et le bruit de mes baskets claquant sur le carrelage l'alerta. Elle eut un léger sursaut mais finit par se tourner vers moi.

Son regard vert que j'aimais tant se planta de nouveau dans mes yeux bleus. Quand ses pupilles se posèrent sur mon visage, un joli petit sourire étira sa bouche rosée, faisant battre mon cœur calciné.

Tu es revenu, dit-elle doucement.

J'acquiesçai d'un petit mouvement de la tête, en lui souriant tendrement.

T-tu te souviens de moi ? demandai-je le cœur battant la chamade.

Une lueur de tristesse traversa ses iris en même temps qu'elle me transperça l'âme. Elle secoua négativement la tête, une mine désolée tirait ses traits pourtant si doux.

Ce n'est pas grave, soufflai-je en contrôlant ma voix fébrile.

Un an plutôt, hôpital de New York

Où est-elle ? demandai-je affolé en voyant le chirurgien sortir de la salle.

Monsieur Wright calmez-vous, elle va bien, elle est sortie d'affaire, me répondit-il.

Vous n'avez pas répondu à ma question, dis-je sur les nerfs.

Monsieur Wr-

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