39. Roses fanées

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PDV d'Asher Wright










Je remontai dans ma voiture après avoir ramené Lynn et Lexie chez moi. Je mis le contact, le moteur vrombissant et les pneus crissants sur les graviers blancs, je démarrai en trombe.

Mes doigts agrippaient fermement le guidon alors que mon pied malmenait toujours autant la pédale d'accélération. Je roulais à vive allure sur le chemin goudronné, tellement vite que le paysage ne devenait plus qu'un amas de couleurs dans les tons jaunâtres.

J'ouvrais les quatre fenêtres en grand, laissant s'engouffrer le vent en un fracas assourdissant. Mes cheveux bataillaient avec ce souffle brutale, alors qu'un sentiment de liberté mélangé à une pointe de danger naissait dans mon esprit.

Lui aussi aimait les sensations fortes.

Un petit sourire s'afficha sur mon visage en repensant à lui, mon ami d'enfance. Ces derniers temps tout me rapportait inexorablement à lui, ou à elle.

Ces êtres partis bien trop tôt, tellement tôt et dans un laps de temps si court, que je n'avais pas eu une seule seconde à leur consacrer.

Mais aujourd'hui, j'y allai, je retournai la voir elle.

J'arrivai dans cette petite ruelle que je commençai à connaître par cœur, je me garai sur le bas côté et sortis de ma voiture.

Je marchai doucement, et m'engouffrai dans cette petite rue sombre et déserte. Je m'arrêtai devant cette porte bleue claire dont la peinture commençait à s'effriter à certains endroits.

Je levai la main et mon doigt appuya sur le petit bouton de la sonnette. Un grésillement résonna alors que des pas se firent entendre à l'intérieur suivit d'une voix articulant un « j'arrive ».

Quelques secondes plus tard, j'entendis le cliquetis des clés tourner dans la serrure avant que la porte ne s'ouvre dans un petit grincement.

Ses cheveux teints en un dégradé de violet bleu apparurent soudainement devant mes yeux, tandis que ses iris azurs rencontrèrent les miens.

Ça fait longtemps, dit-elle en un sourire peiné.

Pas assez longtemps à mon goût, répondis-je d'un ton plus froid que je ne l'aurai voulu.

Elle se décala de l'entrée, me permettant de pénétrer ce hall qui n'avait absolument pas changé. Mes yeux se redirigèrent vers la femme qui grimpait maintenant l'escalier, mes jambes s'activèrent et je la suivis jusqu'à l'étage.

Arrivés en haut, elle me désigna d'un signe de la tête cette même pièce et je m'introduisis en silence à l'intérieur.

Elle ferma la porte derrière moi alors que je m'installai sur cette chaise en bois foncé, tout en la regardant droit dans les yeux.

Quel emplacement veux-tu ? demanda-t-elle immédiatement.

Une sur ma clavicule gauche et une autre descendant de derrière mon oreille gauche, répondis-je simplement.

Elle acquiesça d'un mouvement de la tête, et enfila ses gants noirs avant de préparer les aiguilles et son patron.

Elle déposa doucement le papier sur les zones en question, en exerçant une certaine pression, afin que le dessin soit bien transféré sur ma peau. Elle le décolla ensuite, enclencha sa machine et commença son travail.

Je ne bougeais pas d'un iota, trop habitué à la douleur, je ne réagissais même plus. Je regardais dans le vide pendant que je lui laissais un accès total sur la partie gauche de mon cou.

AmorceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant