Amorce

15. Ténèbres et lumières

PDV d'Asher Wright

Elle demeurait silencieuse, comme si ma phrase l'avait rendue muette. Ses sourcils s'étaient froncés d'incompréhension tandis que son regard essayait de déchiffrer une quelconque émotion pouvant se dégager de mes pupilles glacées. Le coin de mes lèvres vint s'étirer en un petit sourire amusé, en la voyant complètement déboussolée et dubitative.

Bah alors princesse on est déstabilisée ?

— Tu es tombée sous mon charme pour ne plus arriver à articuler une phrase ?

Elle arqua un sourcil, ses prunelles s'assombrirent et un petit rire narquois s'échappa d'entre ses lèvres rosées.

— Dans tes rêves enfoiré, répliqua-t-elle en me foudroyant de son regard vert.

Je ricanai, elle démarrait toujours au quart de tour ce qui avait le don de m'amuser, du moins quand elle ne dépassait pas les bornes.

— Tu es en train de me dire que je ne te fais aucun effet ?

— Exactement, acquiesça-t-elle d'un ton confiant et provocateur.

— Laisse-moi en douter, rétorquai-je en approchant mon visage du sien.

Je pris sa mâchoire en coupe, en relevant légèrement son menton vers mon visage, et retraçai le contour de ses lèvres charnues avec mon pouce.

Je ne la quittai pas des yeux, son souffle chaud et irrégulier se mélangeait maintenant au mien, alors que mes lèvres vinrent effleurer les siennes. À ce simple petit contact, je sentis son corps frissonner, et elle repoussa subitement mon torse de ses deux mains, me faisant reculer.

Sa tête était tournée sur le côté, elle me lança un petit regard qu'elle détourna aussitôt quand ses pupilles rencontrèrent les miennes. Je ne pus dissimuler le petit rictus qui se dessinait à présent sur ma bouche.

— Admets ta défaite princesse, murmurai-je en un souffle.

Elle se retourna, et vint planter ses prunelles dans mes yeux, me menaçant a travers ses iris verts.

— Jamais ! s'exclama-t-elle plus que remontée.

Elle se leva d'un bond, attrapa la trousse à pharmacie et se précipita vers la salle de bain.

— Et pour tes blessures ? demandai-je en me relevant.

— Je peux très bien m'en sortir toute seule, je n'ai pas besoin de toi pour désinfecter deux pauvres égratignures, cracha-t-elle sans m'adresser un regard.

Elle s'engouffra dans la salle de bain avant de claquer la porte brusquement. J'entendis le cliquetis du verrou, me montrant qu'elle s'était enfermée à clé. Je ricanai, c'était si facile de la perturber.

PDV de Lynn Smith

Je me laissai tomber le long du mur carrelé et froid de cette petite salle de bain. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, alors que je sentais mon cerveau surchauffer.

Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Et qu'est-ce qui n'allait pas chez moi pour que mon cœur s'emballe comme ça ?

Si je ne l'avais pas repoussé aurait-il été capable d'aller plus loin ? Je pouvais encore sentir ses lèvres s'approcher de ma bouche, me faisant frissonner. Mon pouls continuait de s'accélérer comme s'il était encore proche de moi, et les pensées qui affluaient dans ma tête encore en ébullition n'arrangeaient pas les choses.