Chapitre 4

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Depuis que nous sommes parties du cimetière, je ne la vois plus. C'est étrange. Quand je la vois, ça me fait terriblement mal et je ne veux plus la voir, mais lorsqu'elle n'est plus là, elle me manque encore plus. C'est d'autant plus étrange que je sais qu'elle n'est présente que dans mon imagination. Pourquoi ça m'arrive maintenant ? Elle est si différente de la réalité. Elle me manque énormément.

Nous sommes installées sur le canapé et nous regardons un film. Je suis beaucoup dans mes pensées et j'ai du mal à me concentrer. Je regarde les filles. Je les aime beaucoup.

Louise est ma plus grande amie. Je ne veux pas dire meilleure amie car c'était Charlotte, et je ne veux pas la remplacer. Parfois, j'ai l'impression de prendre sa place et ce n'est pas ce que je veux. Charlotte était et restera sa seule meilleure amie. Je suis si fière d'elle. C'est la personne la plus forte que je connaisse. Malgré tout ce qu'elle a vécu, elle reste incroyablement souriante. Elle est toujours de bonne humeur, et elle est toujours présente pour les personnes qu'elle aime. Je l'admire beaucoup et je suis très heureuse de l'avoir comme amie.

Pour Vanessa c'est différent. Je ne saurai dire ce qu'elle représente pour moi. C'est une très bonne amie, c'est certain. Sans rien savoir de moi, elle m'a beaucoup aidé. Elle arrive à me faire sourire même quand je suis au plus mal. Je me sens bien quand je parle avec elle, ou quand elle est à mes côtés. Elle arrive à me changer les idées. Elle est très importante pour moi.

Le film se finit et nous mangions. Après cela, Louise part à la douche et je me retrouve seule avec Vanessa. Nous restons un moment silencieuses. Aucune de nous ne se décide à parler. Au bout d'un moment, elle brise ce silence qui devenait pesant.

« Je suis vraiment heureuse que tu sois venue. J'avais vraiment peur que tu refuses.

- Je suis très heureuse d'être ici, et d'être avec toi.

- Et moi alors ? Tu m'as déjà remplacée ? Charlotte vient d'apparaître au fond de la pièce. Je l'ignore.

- Le temps que tu es heureuse, c'est tout ce qui compte. Me répond Vanessa. Je lui souris.

- Je suis vexée. Tu me déçois Alice. » Je lui lance un regard noir. Je ne peux pas lui répondre devant Vanessa.

Heureusement, Louise arrive à ce moment et je vais prendre sa place dans la douche.

Je sens l'eau couler sur mon corps. « Tu m'as déjà remplacée ? » « Tu me déçois Alice ». Ses paroles envahissent mes pensées. Ma respiration se saccade. Je pleure. Mon corps se contracte. J'ai mal à la tête et dans ma poitrine. « Calme-toi ». Je me le répète en boucle. Rien à faire. Je me donne un coup de poing dans la cuisse. Rien ne change. Je redonne un coup plus violent. Toujours rien. Ma crise ne se calme pas. Je sais comment la calmer. Je sais ce dont j'ai besoin. J'éteins l'eau et je sors de la douche. Je m'approche du lavabo et fouille dans ma trousse de toilette. Je la sors. Ma lame entre mes doigts, je ferme les yeux. « Tu es faible », « Tu sers à rien », « Tu fais honte », « Tu es égoïste ». Je n'arrive plus à réfléchir. Ma lame se rapproche de mon bras. Je sens son métal froid, et je la laisse danser sur ma peau. Je m'effondre sur le sol froid.

« Alice ? Ça va ? Me demande Vanessa.

- Oui oui, je vais bien. » Je mens. Encore. Je l'entends s'éloigner.

Je ne ressens aucune douleur provenant de mon bras. Je commence à saigner légèrement. Ce n'est pas assez. Je tremble encore. Je continue sur ma cuisse. Un trait. Deux traits. Plus profond. Je saigne. Mes muscles se détendent. Ma respiration se calme. Un instant plus tard, je me relève, attrape un mouchoir et essuie le sang avec. Le plus gros enlevé, je le pose sur le rebord du lavabo avec ma lame. Je cherche ma bouteille de désinfectant dans ma trousse de toilette. Une fois trouvé, je l'applique sur mes blessures pour les nettoyer, puis je le range. Je me rince la tête. Je regarde mon corps encore nu et je vois toutes les cicatrices, certaines plus anciennes que d'autres. Je ne saigne plus. Je commence à ressentir la douleur à ma cuisse. Je me rhabille, je mets mon pull et une fois prête, je sors de la salle de bain.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant