Chapitre 3

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Cette nuit-là, et pour la première fois depuis 5 mois, j'ai dormi sans me réveiller en sursaut, ou en sueur. J'ai dormi paisiblement. Ce matin, je me suis réveillée que lorsque mon réveil s'est mis à sonner.

Je me lève et me prépare pour aller au lycée. Aujourd'hui, c'est le dernier jour de cours avant les vacances d'été. Je mets rapidement un bloc note dans mon sac et je pars. Je retrouve Louise une fois sur place. Sans attendre, elle me demande comment s'est passée la discussion avec Vanessa. Je lui explique tout dans les moindres détails. Louise n'est pas étonnée de la réaction de Vanessa.

La journée se passe tranquillement, et malgré cela, je n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi. Pourtant, je ne me sens ni spécialement mal, ni spécialement bien. Je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui je suis pressée de rentrer, je ne m'y sens pas mieux, il ne va rien arriver de spécial, c'est une journée comme les autres.

À la fin des cours, Louise me demande pour venir chez moi, ce que j'accepte sans hésiter. Nous rentrons ensemble et nous allons directement dans ma chambre.

« Dis-moi Alice, tu vas bien ? » Pourquoi me pose-t-elle cette question ? Habituellement, elle me le demande lorsqu'elle voit que je ne vais pas bien. Et je n'ai pas l'impression d'aller plus mal que d'ordinaire. Je lui demande pourquoi, sans répondre à sa question initiale.

« Tout simplement parce que tu as l'air d'aller bien, alors je voulais savoir si c'était bien le cas ».

La vérité c'est que je ne sais pas. Je ne sais pas si je vais bien ou non.

Savoir comment je vais est difficile. Je ne saurais répondre correctement à cette question. Après avoir passé un long moment à ne plus trouver de goût en la vie, c'est difficile de savoir si nous allons bien ou non. Peut-être que nous sommes moins mal que la veille, mais est-ce que nous sommes heureux pour autant ? C'est vrai, pour une raison qui m'échappe, mon état s'améliore, mais je me sens vide, je suis encore bien bas, et je n'arrive pas à me relever. Je vais mieux, mais je sens que ce n'est pas encore assez pour être pleinement heureuse.

J'ai pu remarquer, avec un peu de recul, que je ne suis plus dans l'état de dépression intense et que l'état de bien-être est de plus en plus présent.

Pour moi, le bonheur n'est pas constant. Il est en trois étapes.

La première est cet état de bien-être, qui est l'accomplissement d'un objectif ou d'un besoin physique, psychologique ou biologique. C'est des petits instants qui nous font nous sentir bien sur ces différents aspects. Pour chaque personne, chaque chose peut avoir un impact différent.

La période où me nourrir était pour moi l'état de bien être le plus élevé, est enfin passée depuis bientôt un mois. J'ai ensuite pu retrouver ce sentiment plus prononcé lorsque j'étais avec Louise, et doucement il est arrivé dès lors que je parlais avec Vanessa. Ces moments se sont multipliés, ce qui me rapproche de plus en plus de la deuxième étape : l'état de bonheur.

C'est celui qui est procuré par plusieurs états successifs de bien-être mais qui est encore atteint, à une plus petite échelle, par les états de mal-être. Je n'y suis pas encore. L'état de bien-être, même s'il est présent, est encore inférieur au reste et ceci m'empêche d'accéder à cette deuxième étape.

La troisième est inatteignable pour quiconque souhaitant le bonheur.

Pour cette raison, je ne peux pas répondre correctement à cette question. Je ne sais pas où je me situe exactement sur l'escalier du bonheur. Je peux juste dire que je suis montée de quelques marches, sans précision. Et même si c'était possible de savoir, je ne pourrais pas répondre puisque je ne suis pas objective. Comme la majorité des personnes, je ne peux m'empêcher de me mentir à moi même. Quand quelqu'un répond « ça va » à la question alors que ce n'est pas le cas, ce n'est pas pour le faire croire à l'autre, mais pour se convaincre soi-même.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant