Chapitre 13

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La fin de semaine était déjà là. C'est fou comme le temps passe vite. En fait, je ne fais rien de particulier alors les journées me semblent longues mais comme elles se ressemblent toutes alors je ne les vois pas passer.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec ma nouvelle psychologue. En début d'après-midi, je me prépare donc à me rendre à notre rendez-vous. Mon père me dépose et j'attends calmement dans la salle d'attente. Je suis toujours un peu stressée avant d'y aller. Elle arrive et me demande de la suivre. Une fois dans son bureau, je m'installe en face d'elle.

« Bonjour Alice, comment te sens-tu aujourd'hui ?

- Pas trop mal, y'a eu pire.

- Tu veux me parler de quelque chose en particulier ?

- Pas vraiment. Je ne sais pas quoi vous dire pour être honnête.

- Pas de soucis. Et si on reparlait de la conversation que tu as eu avec tes amies, juste avant de rentrer en France. Tu te souviens ? Celle dont on a parlé la dernière fois.

- Oui, je sais de quoi vous parlez. Je veux bien, mais je ne sais pas quoi dire de plus.

- Tu m'as dit qu'elles avaient fait des recherches pour savoir comment t'aider. Qu'est-ce que ça t'a fait de savoir ça ?

- Je me suis retrouvée entourée. Ça m'a donné du courage, de la force et surtout de l'espoir.

- Comment pourrais- tu expliquer ça ?

- Elles comptent beaucoup pour moi. Elles sont mon plus grand soutien. Voir qu'elles font des efforts pour essayer de me comprendre ou de m'aider, ça me touche beaucoup et ça me montre que je ne suis pas seule.

- Elles tiennent à toi, elles ne veulent que ton bien. Elles t'avaient demandé de réfléchir à certaines choses, est-ce que tu l'as fait ?

- Non... Je n'y ai pas trop pensé.

- Et maintenant, si je te demande de réfléchir à ça. Pense à la dernière fois que tu t'es fait du mal. Tu peux fermer les yeux pour t'aider. Pense à ce que tu as ressenti à l'instant d'après. Qu'est-ce que ça t'apporte ?

- Quand je me coupe, j'ai l'impression de me sentir vivante.

- Ça t'arrive de penser le contraire ?

- Parfois, oui. Je me sens vide, comme s'il n'y avait plus rien de vivant en moi, comme si j'étais juste un corps... vide.

- Est-ce que tu te sens vivante en ce moment précis ?

- Pas vraiment. Je suis là, je veux dire, je suis bien présente mais c'est comme si j'étais ailleurs.

- Si j'ai bien compris, tu te sens vivante que lorsque tu vis des émotions plutôt fortes.

- C'est ça.

- Donc ce que tu recherches en te faisant mal, dans la douleur, c'est les émotions qui peuvent en ressortir. Est-ce qu'il y a d'autres choses que la mutilation t'apporte ?

- Je dirais la liberté. Enfin, vous voyez, je suis libre en général. J'ai un père qui me laisse vivre à peu près comme j'en ai envie, je peux être moi-même. C'est plus dans l'instant. Le plus souvent, quand je le fais, c'est pour calmer une crise d'angoisse. Quand je fais mes crises, je perds le contrôle, en grande partie. J'ai l'impression d'être une autre personne. Comme je l'ai dit, la douleur me rend vivante et ça permet de calmer ma crise. Et peu après, j'ai l'impression de reprendre le contrôle de moi-même, d'être libérée de toute cette angoisse.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant