Chapitre 6

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Après la journée chargée d'hier, j'ai dormi jusqu'au petit matin. Cependant, le réveille n'était pas celui que j'espérais. Je me réveille en sueur, la respiration haletante. Il est tôt. Louise dort encore et je suppose que Vanessa aussi.

J'ai fait un cauchemar. Elles étaient toutes les deux devant moi, Charlotte à gauche, Vanessa à droite. Elles paraissaient réelles et vivantes. Je devais choisir, l'une ou l'autre. J'aime Vanessa. Je l'aime beaucoup, mais est-ce vraiment de l'amour ? J'aime Charlotte, je l'aime plus que tout au monde et je donnerai n'importe quoi pour qu'elle soit avec moi. C'est égoïste, je sais. J'avance lentement, me dirigeant vers l'une. Après quelques pas hésitants, je change de direction. Pourquoi c'est si dur de choisir ? Pourquoi ne pourrais-je pas avoir les deux ? Lorsque je ne suis plus qu'à quelques mètres d'elle, la scène se transforme. Je suis comme dans la série Shadowhunter, je me trouve à la place de Clary et je dois choisir entre deux personnes que j'aime. Elles sont alors liées par des lianes, les empêchant de fuir. Je sais ce que je dois faire pour qu'elles soient libres, je dois embrasser celle que j'aime le plus. Est-ce que je change mon choix ? Non, je l'aime, je le sais. Je continue mon chemin. J'approche mon visage du sien, je réfléchis une dernière fois et je l'embrasse. Rien ne se passe. Je m'écarte lentement de Vanessa et la voit pleurer. Je l'aime mais pas assez. Charlotte reste celle que j'aime malgré tout. Je m'avance alors, et quand je m'apprête à l'embrasser, elle disparaît. Tout disparaît. Le paysage, les lianes et elles.

J'essaie de me rendormir un moment mais n'y parvient pas. Je prends alors mon téléphone et regarde mes réseaux sociaux. Il n'y a rien d'intéressant, je ferme les applications. Sans savoir pourquoi, j'ouvre mes messages et je vois la conversation avec Charlotte. Je l'ai gardé, comme tout ce qui a un lien avec elle. Je n'arrive pas à supprimer la conversation même si je ne l'ai pas regardé une seule fois depuis qu'elle n'est plus là. J'ouvre la conversation. Je vois nos derniers messages. Ça me paraît si loin, et si proche à la fois. Je ne retiens plus mes larmes. Je ne saurais dire si ça me fait plus de mal ou si ça me soulage de voir cela. Je relis tout. C'est dur mais je continue. Pendant une fraction de seconde, j'ai eu l'impression de revivre ce moment. J'ai cru lui parler mais ce n'était qu'un souvenir. Le vide en moi revient quand je lis le dernier message. Je suis frustrée, comme quand on lit un livre et qu'on arrive à la fin. Nous voulons continuer à lire, nous espérons une suite même lorsque l'on sait qu'il n'y en aura pas. Je ferme les messages et ouvre mes photos. Elles sont toutes rangées dans son dossier. Ça fait si longtemps que je ne les ai pas vu. Pour le coup, c'est encore pire que les messages. J'entre dans le dossier. Je vois la première photo que nous avions prise. C'était juste après s'être embrassées pour la première fois. Ensuite, il y a la photo de nos bras : nous avions toutes les deux dessiné un papillon sur le bras de l'autre, avec notre date en dessous. S'ensuit plusieurs photos de nous. Parfois elle est seule et affiche un sourire, un vrai sourire si radieux. Elle était magnifique. J'adore toujours autant son sourire, il lui allait si bien. Enfin, la dernière photo s'affiche. C'était la dernière fois que je l'ai vue. Nous avions passé un moment incroyable, magique même. On souriait, mais ce n'était pas franche. Nous avions les larmes aux yeux, et étions en train de retarder le moment de se dire au revoir. Ce souvenir me déchire le cœur. À ce moment, je ne me doutais pas que ça allait être la dernière fois. J'avais encore espoir de la revoir. Je repose mon téléphone sur la table basse et je pars dans la salle de bain. Je m'enferme et passe de l'eau sur mon visage. Il faut que je me calme. Il faut que je me calme. Je ferme les yeux, j'inspire profondément, j'expire, je compte : un. Je sens mes muscles se contracter, je tremble. « Respire, calme-toi » je me répète. J'entends quelqu'un s'approcher.

« Alice ? Ça va ? C'est Louise. Elle toque à la porte.

- Je vais bien. » je me relève, sèche mes larmes et sors. Nous retournons dans la chambre et commençons à parler.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant