Chapitre 9

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TW: mutilation

Cette journée fût tout aussi épuisante que celle à Wartburg. Nous venons de rentrer d'Erfurt. Nous avons tout d'abord été voir la cathédrale de la ville. Ensuite, nous avons mangé au centre-ville historique qui est magnifique. Nous avons fini la journée dans le centre commercial et nous avons mangé avant de rentrer.

À présent, Louise se douche et j'y vais après elle. Pendant que l'eau coule sur mon corps, je me détends et anime un débat intérieur. Dès que je suis bien rincée, je m'essuie avant de sortir de la pièce. Je rejoins Louise dans la chambre. Elle est déjà dans son lit, en train de traîner sur son téléphone. Elle fait toujours ça avant de dormir. Je prends mes médicaments et regarde un peu mes réseaux sociaux le temps que Vanessa se lave. Lorsque je l'entends rentrer dans sa chambre, je prends un feutre, mon téléphone et je vais la retrouver. Je toque calmement et entre seulement quand elle m'y autorise.

« Je te dérange ? Elle est allongée sur son lit, son téléphone dans les mains. Elle est magnifique.

- Pas du tout, viens, installe toi. Elle verrouille son portable et le pose.

- Je voudrais te demander de l'aide. Si tu le veux bien sûr.

- Dis-moi tout. Je m'approche d'elle et lui tends le marqueur.

- Je ne veux plus vous décevoir. J'avais essayé ça avec Charlotte, et ça avait plutôt bien marché. Je veux réessayer. Elle me regarde pleine d'incompréhension. Je lui explique. Ça s'appelle le Butterfly project. Ça consiste à se dessiner un papillon et il ne faut pas se... J'ai toujours du mal avec ce mot. Il ne faut pas se mutiler pendant qu'il est encore là. Si on réussit, le papillon est libéré, si non, il meurt. Ça peut te paraître idiot, mais ça marche... un peu. Je voudrais que ce soit toi qui me le dessine.

- Pourquoi moi ?

- Parce que c'est plus motivant quand c'est quelqu'un que j'apprécie particulièrement. Elle sourit et attrape mon bras. Elle soulève ma manche et voit pour la première fois mes cicatrices. Je rougis de honte. Elle passe délicatement ses doigts dessus. Ce contact me provoque un petit mouvement de recul. Excuse-moi, je n'ai pas l'habitude que quelqu'un me voit, et encore moins qu'on me touche. C'était vrai, mais ce n'était pas la seule raison. Chaque contact avec elle me fait de l'effet, mon cœur s'emballe et je ressens ces fameux papillons dans mon ventre. Je serre mon poing afin de m'aider à contrôler mon bras pour ne pas qu'il bouge.

- Alors je dois juste dessiner un papillon ? Je lui confirme avec un mouvement de tête. Elle commence son dessin et je respire profondément. Elle est très délicate, et mon poing se détend doucement. Voilà, il n'est pas très beau.

- Je trouve qu'il est parfait. Elle rougit. Je m'assois à côté d'elle. J'aurais quelque chose d'autre à te demander. Tu vas peut-être trouver ça bizarre. Je veux que tu m'aides à tourner la page. Je sors mon téléphone et je lui tends. J'ai encore des photos et ses messages. Je voudrais que tu m'aides à les supprimer.

- Tu es sûr que c'est ce que tu veux ?

- Oui. Je dois passer à autre chose. J'ai pris une clé USB pour y mettre les photos, comme ça je les aurais encore mais je ne les verrai plus.

- Si c'est ce que tu souhaites, je veux bien t'aider mais ce n'est pas à moi de les supprimer. Elle me rend mon portable.

- Je ne l'ai relu qu'une seule fois depuis. Après avoir fait quelques manipulations, il ne me reste plus qu'à appuyer sur le bouton supprimer. Aide-moi. Je n'y arrive pas.

- C'est que tu n'es pas encore prête. Ne te presse pas. Je ferme les yeux et supprime. Je me sens comme libérée, mais ça fait mal. Je pleure. Elle allume son ordinateur et je commence à déplacer les photos. Vous êtes belles ensembles. Je sens sa sincérité mais aussi sa tristesse.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant