Chapitre 10

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J'ai toujours aimé être dans l'eau. Je trouve cela apaisant. J'aime m'asseoir au fond de l'eau. Mes yeux sont fermés, je n'entends que vaguement le bruit extérieur. Je suis seule. Mon corps est totalement détendu et je ne pense à rien. Mes pensées sont vides. Je me concentre sur les battements de mon cœur qui n'attendent que le renouvellement de l'air dans mes poumons. Au moment où je ressens le plus le besoin d'air, je vide doucement mes poumons, je reste encore une dizaine de secondes puis je remonte à la surface pour reprendre ma respiration.

Bien que j'ai passé mon temps à jouer avec les filles, j'ai pris du temps pour moi. On a toujours été ensemble physiquement, mais chacune dans sa bulle. Nous sommes restées assises au fond de l'eau, en formant un cercle, nos mains liées. Lorsqu'une devait remonter, elle brisait délicatement ce lien, remontait à la surface le plus discrètement possible, laissant ainsi les autres dans leur petit monde.

Le week-end est arrivé. Samedi matin, nous avons dû finir de faire nos valises avant de partir. Ces deux semaines se sont déroulées plus rapidement que ce que je m'étais imaginée. Je n'ai pas envie de partir, je n'ai pas envie de quitter Vanessa. Je me sens tellement mieux depuis que je l'ai enfin rencontrée. Je ne pensais pas m'attacher autant à elle. Je savais qu'elle comptait pour moi, et ce voyage m'a fait me rendre compte à quel point elle a une place importante dans ma vie. J'ai besoin d'elle, j'ai besoin de la voir, j'ai besoin qu'elle soit à mes côtés.

C'est dans la tristesse que je finis de ranger mes affaires. Vanessa est dans notre chambre, elle nous aide. Pour la première fois depuis que nous sommes ensemble, personne ne sourit, personne ne parle, personne n'a envie de rigoler.

« Alice, on aimerait parler un peu avec toi, pendant qu'on finit ça. Me demande Vanessa.

- Et tu veux parler de quoi ?

- De toi. On veut savoir comment tu vas, si ça va mieux ou non.

- Je vais bien.

- Sérieusement ? Intervient Louise.

- Je vais mieux.Ce qui fait toute la différence avec mon affirmation d'avant.

- Comment tu te sens par rapport aux deux semaines passées ici ? Qu'est-ce que ça t'a fait exactement ? Reprend Vanessa.

- Je ne sais pas trop, c'est compliqué. Pour être honnête, au début c'était très compliqué parce que c'est un endroit assez particulier, aussi parce que je te voyais pour la première fois. C'est comme un rassemblement d'angoisse où il y avait plus de négatif que de positif et j'ai pensé que j'allais me noyer dedans. Au fur et à mesure le négatif s'est transformé en motivation et donc en positif. Au final je ne regrette pas d'être venue, j'aurais vraiment loupé quelque chose et si je pouvais je referai la même chose car je pense que ça m'a beaucoup aidé et que j'ai passé d'incroyables vacances avec vous.

- Je suis heureuse de t'entendre dire ça. Même si c'était compliqué tu n'as pas abandonné et tu as bien fait puisque c'était bénéfique pour toi. On va continuer d'être avec toi. Tu vas mieux mais ce n'est pas encore ça. On est fière de toi, tu as fait le plus gros et on sait que c'était difficile.

- N'ai pas peur de nous dire la vérité. Est-ce que tu as eu des idées noires, que ce soit avant de venir ou non ? Quand est-ce que tu t'es mutilée pour la dernière fois ? Continue Louise.

- J'ai déjà eu des idées noires, c'était avant, je dirais il y a un mois ou deux. Je pensais que je n'arriverai pas à m'en sortir. Je n'y ai plus pensé après, et je ne sais pas pourquoi ni comment j'avais ça en tête. Et la dernière fois que je l'ai fait, c'était le premier jour, le samedi, après avoir été au cimetière.

Mes pensées bleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant