[19/06/2022]

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Un certain réseau social me proposait trop souvent ta fiche, en tant que connaissance commune via d’autres amis. J’avais choisi de bloquer ces suggestions, il y a plusieurs années. Récemment, j'ai vu passer un de tes commentaires sur la page d'un copain artiste à moi. Je sais bien que nos cercles de connaissances se recoupent. Parfois. Souvent. Mais ça faisait si longtemps que ta présence m’était invisible. C’est bizarre. Tu as toujours en profil une photo que j’ai prise de toi, il y a quinze ans, peu avant notre rupture. Certes, tu as vieilli et tu as certainement enlaidi. Ainsi va la vie. Mais pourquoi conserver en public, maintenant, depuis plusieurs années, une image d'un toi qui n’existes plus ? Prise par quelqu’un qui a refusé depuis longtemps de rester parmi tes connaissances ? Tu me perturbes. Tu m'as toujours perturbé. Et c’est loin d’être positif.

Tu sembles t’accrocher à des vieilleries. Du moins, c’est cette image que tu me donnes. La vérité est certainement l'inverse de ton apparence. De mon côté, j’ai longtemps montré à quel point je t’ai oublié, uniquement pour cacher que ton fantôme encombrait encore mon existence.

Cette photo, tu sais, je la décrivais l’année dernière, dans un texte. Mélancolie balnéaire. J'en suis plutôt satisfait. Il est travaillé et spontané. Poétique et factuel. Avec des émotions et un certain détachement nécessaire. Dans mon souvenir, c’est à partir de ce moment que je me suis adressé à ton fantôme, non plus pour te retenir, te nier, ou te questionner ; mais pour enfin guérir de toi. Je ne le savais pas à ce moment-là. Pour moi, il s'agissait d'un essai pour un appel à textes. Cette idée s'était imposée à moi. Entretemps, c’est devenu le premier chapitre de ma correspondance à sens unique sur cette plateforme. Je pense que tu en apprécierais la lecture. Tu en serais peut-être flatté.

Mon soleil, tu étais beau et je t’aimais. Je ne connais pas ton apparence actuelle. Elle ne me plairait certainement pas. Les yeux de l'amour ne sont plus là pour empêcher ma superficialité d’être influencée par les proportions mathématiques. En revanche, je suis bien placé pour savoir que l’apparence ne constitue pas une personne. Je ne t’aime plus, non pas parce que tu es devenu plus âgé ou moins beau. Je ne t’aimerais pas davantage si tu l’étais resté. Tu as illuminé mes nuits, tu as brûlé mes ailes, tu as laissé ta marque incandescente dans mon âme. Je l’accepte enfin. Et j’ai donc aussi accepté que notre histoire n’est pas ma fin. J’ai aussi accepté qu'elle était importante pour ma suite. Et qu'il peut exister des tomes 2, voire 3, dans ma vie, qui pourraient être aussi, voire plus, intéressants.

Je suis un peu fatigué en ce moment donc je n'entame pas totalement la correction. Cependant, je rédige le brouillon pour la suite de ma saga. Comme d’habitude, je ne sais pas dans quelle direction me porteront les personnages, mais des gens apprécient mes productions. J’ai même la narcissique impression qu'ils commencent à apprécier l'auteur.

Mon soleil, tu es un peu trop présent aujourd’hui dans mon ciel. J’aimerais un peu d'ombre s’il te plaît. Chapeau, lunettes noires, bières en terrasse. Je pourrais mieux profiter de ta présence dans le lointain si tu arrêtais de me taper sur la tête. Tu penses pouvoir faire ça ? Au nom du bon vieux temps, que tu semblais souvent invoquer ?

Chat-pitre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant