[photo et texte] Café littéraire

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[16/10/2022]

J'ai environ un mois de retard sur tous mes projets d'écriture ou de critiques ici, car j'ai subi un blocage de six ou sept semaines.

Peut-être est-ce la quarantaine ? La crise du milieu de vie, quand la mort et la retraite approchent, quand on ne peut plus s'élancer sur l'autoroute de l'existence car les travaux de voies ne sont pas fini à temps. Alors on se pose des questions inutiles, mais tellement essentielles. Où aller, que faire, qu'ai-je raté, qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? Ce genre de clichés.

J'étais quadragénaire avant l'heure, apparemment, puisque ce sont des sujets qui me hantent depuis une vingtaine d'années. J'avais la vingtaine, je finissais mes études universitaires médiocres, les mains dans les poches. Aucune ambition. Pourquoi faire, puisque mon objectif était différent.

Les questions reviennent par cycle, car jusqu'à récemment, j'ai beaucoup nié. J'ai décidé de changer mes actions. Je me suis trompé dans le but à ma vie. Je dois faire marche arrière et prendre un autre embranchement. Malgré mes craintes, mes doutes et mon inadaptation. Je suivais des routes connues ou je restais immobile, de peur de devoir emprunter un chemin rocailleux sans aide. Je ne veux plus faire ça. Malgré mes craintes, mes doutes et mon inadaptation. Maintenant, j'accepte de tracer ma route personnelle, avec ou sans accompagnant.

Écrire m'a beaucoup aidé. Écrire m'a beaucoup bloqué. Écrire m'a beaucoup libéré et retenu.

Merci d'être restés me lire ! Votre opinion est importante. Ce que vous pensez de moi est important. Mais votre acceptation, même si je la recherche, ne sera pas vitale pour moi. J'espère tout de même que vous resterez longtemps à mes côtés. Pour voir jusqu'où on peut aller ensemble, combien de temps on peut communiquer et rire ensemble. Ça, c'est important.

Bienvenue dans ce café/salon de thé aussi éphémère que virtuel. Je vous partage des pâtisseries et un texte.

Pour l'écrit, il s'agit du début du premier chapitre de la v3 de Mon oiseau blessé. Oui, je vais réécrire. Encore. En parallèle du tome 2, rendre accessible le tome 1. Encore. Je vais changer sa structure. Encore. Je ne publierai pas cette version du tome 1 sur Wattpad. Elle est destinée à l'(auto-)édition. Cette v3 sera plus longue, plus efficace, et elle me permettra peut-être de vendre la mouette. Mais pas à tout prix. Je garderai tout de même une part de mon style ironique. En plus, je ne sais pas faire autrement...

J'espère que vous aimerez la lecture. N'hésitez pas à me faire tous vos commentaires et corrections. C'est un texte qui provient directement du clavier de mon téléphone, à l'instant.

En ce qui concerne les photos : la première, c'est ce que je mange en ce moment. Les autres, ce sont les gâteaux (beaucoup trop chers) japonais achetés il y a quelques jours. Je vais en profiter lentement. Histoire que ça en vaille le coût.

Ps : oui, j'aime ma nappe pas repassée à motifs de papillons, je l'ai eue en promo !

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Ps : oui, j'aime ma nappe pas repassée à motifs de papillons, je l'ai eue en promo !

Mon oiseau blessé

1 - Maewon

Sous le scintillement des cristaux du lustre, le liquide doré pétillait. Piano élégant et violon lancinant : la musique d’ambiance habillait les conversations mondaines d'une parure discrète. Aucune démesure non plus dans l’ameublement de cette salle. Les bijoux des dames constituaient un ornement bien suffisant !

En dépit de tout bon sens œnologique, Maewon remua vaguement l'Espumosa dans sa flûte. Le luxueux liquide perdit de son piquant, le jeune diplomate conserva son sourire commercial. Après les banalités politiques d'usage, Monsieur le Comte dévoilait enfin son objectif.

— L’excellence de votre parcours est renommée ! minauda-t-il. Ma nièce elle-même rêve d’intégrer l’Université des Gardiens l’été prochain...

Son rictus devenu ironique, Maewon fixait en silence son interlocuteur. Grand, mince, affreusement beau, le Comte d'Abailard portait haut les signes ostentatoires de la noblesse elfique. Il n'avait donc pas l'habitude de demander des faveurs. Il se contentait souvent de les recevoir avec grâce.

Sans atteindre la puissance du clan des Carnil qui contrôlaient officieusement le sud de la Confédération centralienne, la famille Abailard affichait à son actif : richesses, connexions et charisme naturel. Les choses qui imposaient le respect auprès des humains impressionnables. Pour un Abailard, quelle vilenie de s’abaisser et quémander l'aide d'un semi-elfe ! Cependant, son sens de la famille l'exigeait. Sous prétexte de quotas et de niveaux académiques, l'école espérée avait refusé le dossier de la petite. La sœur du Comte le tannait depuis des semaines pour une recommandation, seul moyen d’amadouer l’administration scolaire...

Soudain mal à l'aise face au regard pénétrant de Maewon Innsprucke, le Comte serra les poings. Son sourire enjôleur plissa ses grand yeux clairs. Il pencha la tête en avant, une mèche écarlate tomba sur son front d'albâtre. Avec douceur, il posa une main sur l’avant-bras du jeune diplomate.

— Ce serait un honneur pour ma famille de recevoir les conseils d'un alumni de l’Université.

Cette voix était aussi caressante que les doigts qui glissaient sur son poignet. Maewon réprima un frisson. Il étouffa le feu qui montait en son sein. En pleine réception dans les locaux de l'Ambassade principale, transformer Monsieur le Comte en brochette grillée… était hors de question. Son statut d'Ambassadeur délégué aux affaires extérieures conférait à Maewon l’immunité en de nombreuses circonstances. Pas en cas d'homicide. De plus, la loi centralienne interdisait aux civils l'utilisation en intérieur de magie offensive de haut niveau. Une mesure raisonnable de sécurité contre les incendies. Face au Comte, Maewon masqua aisément son dégoût derrière une voix monotone.

— Je suis persuadé que votre nièce pourra atteindre son objectif. Le soutien de sa famille est plus important pour une enfant que les élucubrations d'un ancien élève. Il y a bien longtemps que j’ai quitté les bancs de l’Université.

— Vous êtes trop modeste ! Votre parcours personnel autant que la situation de vos parents…

Le semi-elfe coupa court à l’insistance.

— Je serai heureux de transmettre vos hommages à ma mère. Rappelez-moi les circonstances dans lesquelles elle a eu le privilège de vous rencontrer… ?

Des claquements secs sur le marbre suranné permit au Comte d’éviter plus d’embarras. Le Gouverneur de l’Alliance Ujong s’avançait vers eux. La pointe de ses chaussures à talons émit des éclats d'émeraude. Les souliers s'ornaient de pierres vertes, assorties aux iris de la représentante des communautés extérieures à Centrale. En croisant le regard de Maewon, le Gouverneur sourit. Elle dévoila une canine. Sa robe ondulait, aussi seyante sur ses hanches amples que les entrelacs de diamants sur ses oreilles félines.

Chat-pitre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant