Chapitre 7 : Leur premier câlin.

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Mes parents sont rentrés ce samedi matin, et j'ai aussi toute la journée de demain pour leur demander. Mais normalement le dimanche je fais de la guitare, j'écris des morceaux, je crée des paroles,... sauf que j'ai peur de leur demander si je pouvais aller habiter chez Ed. Je ne sais absolument pas comment ils le prendraient, et surtout s'ils accepteraient. Dans tous les cas, je vais essayer de négocier. Mais j'ai besoin de réfléchir encore un peu, il y a aussi cette histoire de mots dans le casier qui me perturbe. J'ai vraiment envie de savoir qui est cette fameuse personne, et ça me ferait drôlement chier de ne jamais découvrir qui se cache derrière cet amour envers moi.

Je prends finalement mon courage à deux mains, et vais voir ma mère. Je cherche d'abord dans le salon, la cuisine, la sale de bain, mais je ne la trouve pas... Je vais donc dans leur chambre, et je la vois roulée en boule sur le lit deux places parfaitement fait. Mais pourquoi elle pleure ? Je cours à côté d'elle, et surtout essaie de contenir ma panique. Où est papa, pourquoi il n'est pas avec elle, à ses côtés ?

- Maman, maman ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tu pleures comme ça ?

- Mon chéri... tu ne te rappelles pas ?

- Me rappeler de quoi ?

- Ça fait 4 ans aujourd'hui.

Et soudain, tout me revient en tête. Comme si la Terre avait arrêté de tourner pendant quelques secondes, juste le temps d'un instant. Comme si mon monde venait de s'écrouler une nouvelle fois. Comme quand on m'a annoncé qu'elle était morte. Comme si toute la déception, le regret, la rage, la haine, venait de s'abattre une nouvelle fois sur ma petite personne. Et putain, qu'est-ce que ça fait mal de se rendre compte que quatre années avaient défilé depuis ce fameux jour. Et le pire c'est que... j'ai oublié. Comme un con j'ai zappé qu'aujourd'hui, je devais aller me recueillir sur sa tombe, comme chaque année, comme chaque mois.

J'entends ma mère pleurer de plus bel, faisant tourner de nouveau la Terre. Elle chiale comme si ça faisait quelques années qu'elle avait contenu ses larmes, et que ce samedi, elle libérait toute la douleur du manque qu'elle ressent. Je veux sortir de cette chambre, à cause de la bouffée de chaleur qui me prend tout le corps, et aussi parce que je n'en peux plus d'entendre les sanglots assourdissants de ma mère juste à ma droite. Je ne sais pas si mon père s'abîme aussi les yeux à pleurer, ou si comme moi, comme un con, il a oublié. Mais j'avoue que je n'ai pas envie de savoir. Tout ce que je veux, là, c'est de sortir dehors, prendre ma bagnole, acheter des roses, aller au cimetière, les déposer sur sa tombe, et lui parler. Je sais que de là où elle est, Gemma m'entend. Elle entend mes confidences même si elle est à des milliards de kilomètres de cette Terre, je le sais.

Comme prévu, je prends ma voiture et vais chez mon fleuriste habituel. J'achète un bouquet de 17 roses blanches flamboyantes, et me dirige au cimetière où elle est enterrée. Je ne sais pas comment j'ai fait jusque ici pour ne pas pleurer, mais je sens ma première larme couler. Je me déteste d'avoir pu oublier une telle date. J'étais tellement obnubilé par ma personne, et surtout par la réponse de mon inconnu(e), que j'en aie oublié une des choses les plus importantes pour moi.

Arrivé à destination, je trottine pour me rendre à sa tombe. On se croirait limite dans un film, ou dans un livre, avec le ciel gris qui menaçait de faire tomber à torrent ses gouttes de pluie. Et effectivement, peu de temps après cette pensée, il pleuvait. Mais je m'en fous, je m'assois quand même par terre, devant la grosse plaque de marbre, la regarde attentivement, et fonds complètement en larmes comme un gamin de cinq ans auquel on vient de lui dire un « non » catégorique, ou auquel on vient de lui arracher son doudou.

- Je suis désolé Gemma...

Ma phrase s'est terminée en un murmure. Les dernières lettres, on ne les entendait quasiment pas. Je n'ai même pas regardé s'il y avait des gens autour de moi, si au cas où mes sanglots en dérangeaient certains, mais à vrai dire, je m'en fous. Parce que là, à cette minute précise, j'ai besoin de sortir toute la souffrance que je ressens. Ça me fait comme un trou dans la poitrine de savoir qu'elle a disparue, qu'elle m'a laissé seul depuis tout ce temps. J'ai envie de l'appeler sur son téléphone, lui dire que je suis désolé de notre dispute, et qu'elle revienne. Je me suis déjà surpris, dans un moment où j'étais vraiment désespéré, à l'appeler pitoyablement, mais personne ne répondait, évidemment. Et personne ne répondra jamais de toute façon, puisqu'elle est morte. Sa douce voix ne me chuchotera plus « je t'aime » à l'oreille, pour me rassurer quand je pleure. Non, depuis quatre longues années, plus personne ne me dit « je t'aime », plus personne ne me prend dans ses bras pour me consoler et me dire que tout va s'arranger.

Aujourd'hui, je n'ai pas la force de lui raconter ma vie. Pourtant, j'en aurais bien besoin, mais c'est comme si mes cordes vocales m'avaient dit « non, maintenant et ici, tu te débrouilles sans nous ». J'ai passé une heure et demi à pleurer. Pleurer de son absence qui me laisse un cœur vide, et fissuré. Mais je me ressaisis enfin, relève ma tête de mes genoux, et constate que juste au dessus de moi, un grand arc-en-ciel pointe le bout de son nez. Le blanc de mes yeux doit être rouge, je dois avoir l'air d'un zombie, mais je m'en fous puisque je me sens un peu mieux maintenant. Soudain, j'entends un éternuement puis un reniflement. Je tourne la tête vers ce son, et à ma droite, à quelques mètres de moi, il y a... Louis.

Il est là, debout devant la tombe qui se trouve dans un coin, reniflant, cherchant sans doute un mouchoir dans une de ses poches, mais il n'en a pas. Donc il continue de renifler désespérément. Je regarde autour de moi, et personne n'est là, nous sommes donc seul. Je me lève, et il ne semble pas me remarquer. Je cherche un paquet de mouchoir dans ma poche, et heureusement, j'en ai un. Au moins, j'aurais une raison pour aller le voir. La dernière fois que je l'aie vu, c'était dans la sale de mathématiques, quand nos regards se sont croisés, et qu'il a paniqué. Mais je veux aller lui reparler, pour peut-être m'en faire un ami. Je suis sûr que c'est un garçon avec des problèmes, et je veux l'aider.

Je m'avance doucement vers lui, et je le vois essuyer ses joues avec les manches de son pull gris foncé. J'en conclus donc qu'il pleure, et je voudrais aller le consoler. Parce que je sais que quand on perd un être cher, ça fait mal, et on a vite tendance à sombrer. Mais personnellement, Ed m'avait tenu la main pour ne pas que je fasse une chute libre vers la dépression, et je ne le remercierai jamais assez pour ça. Je mets donc à côté de Louis, et lui chuchote « ne t'inquiète pas, je suis là maintenant Louis ». Et en entendant ces quelques mots, il a pris peur et a reculé un peu. Mais sans même que je m'y attende, ni que je le lui demande, il se jette dans mes bras en un gros sanglot qui approfondit et élargit la fissure de mon cœur.

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Heeeey. ♥

J'ai essayé de le faire le plus long et plus détaillé dans les sentiments possible. Donc j'espère que ça vous va ! (:

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de comment se déroule l'histoire, et ce que vous imaginez pour la suite !

N'oubliez pas de voter non plus, c'est super important pour moi.

Merci à ceux qui me suivent, ça me fait très plaisir.

J'essaie de poster au maximum et le plus régulièrement possible...

Lovelove,

Cœurs & coquelicots.

Mots dans le casier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant