Chapitre 16 : il n'aurait pas dû savoir tout de suite.

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Les jours sont passés, et je n'ai toujours rien dit à mon Louis. Je ne reçois plus de mots dans mon casier. J'en ai marre, mon inconnu(e) a été lâche, et ça m'énerve. J'aimerais savoir qui était cette personne, juste ça, pour au moins lui parler en face, et pas par simples post-it. Louis devrait bientôt sortir, la semaine prochaine si tout se déroule comme prévu. Je lui ai demandé s'il voulait que je lui donne des cours particuliers quand il sortira, pour qu'il ne soit pas trop en retard dans le programme, et il a beaucoup hésité, jusqu'à ce qu'il dise oui avec un grand sourire.

Je suis en cours de français, et j'ai un peu de mal à suivre. À vrai dire, la conjugaison française m'échappe un peu, mais j'essaie de m'accrocher du mieux que je le peux. J'aime beaucoup la France, aller de nouveau à Paris me plairait énormément. La dernière fois que j'y ai été, j'avais six ans, j'avais été à Disney Land Paris avec mes parents et Gemma, c'est un de mes meilleurs souvenirs ce voyage. Mais maintenant, je n'ai plus le temps, et pourtant, toujours autant l'envie.

Avant de rentrer chez moi, je vais à la salle de musique. Quand j'y rentre, il y fait froid, vraiment froid. Je remarque que la fenêtre était ouverte... ce n'est pas normal. Dehors, il pleut. Il pleut à torrent. Je me pose sur une chaise à côté de ma guitare, et observe les gouttes d'eau s'abattre sur la vitre, puis couler le long de cette dernière. Je peux entendre même de l'orage, et j'avoue ne pas être rassuré. Je n'aime pas beaucoup l'orage, malgré que quand j'écris des morceaux et des paroles de chanson, le bruit du tonnerre me donne pas mal d'inspiration. Je tourne la tête vers le piano. Il est beau, brillant, on pourrait y voir notre reflet, c'est certain. Je repense à Louis, je culpabilise. Je n'aime pas lui cacher le fait que je vais devoir partir...

* * *

Tous les jours je vais voir Louis, à l'hôpital. Il se remet petit à petit, et ça me rassure. Nous discutons pendant des heures, je lui raconte pleins d'anecdotes de ma vie, et il sourit en entendant ces souvenirs sortir de ma bouche. Il ne se rend pas compte à quel point j'aime le voir étirer ses lèvres, et à quel point j'aime quand il me parle. C'est fou, mais voir ses iris bleutées s'ancrer au plus profond de mes yeux, me donne des frissons à cause du froid qui y règne à l'intérieur. Même si quand nous discutons, il a l'air content, je me dis que j'ai du boulot avant de pouvoir le rendre un minimum heureux.

Aujourd'hui, on est samedi. J'essaie de me dépêcher de me préparer pour aller voir Louis. Je suis en retard de plus d'une heure, et je m'engueule intérieurement de m'être réveillé si tard. Je me brosse les dents le plus vite possible, enfile mes chaussures, prends mes clefs de voiture, et pars à l'hôpital. Quand j'y arrive, la secrétaire me remarque à peine, et je cours jusqu'à la chambre de Louis. Je frappe trois coups, comme à mon habitude. Mais cette fois, pas de réponse. Je frappe une deuxième fois, toujours trois coups. Aucune réponse. J'entre doucement, et constate que la chambre est vide. Le lit est bien fait, comme s'il n'y avait jamais eu personne. Je retourne vite à l'accueil, et lui gueule presque dessus.

- Où est Louis ? Pourquoi vous m'avez pas dit qu'il était plus dans sa chambre quand je suis passé ?
- Il est parti de cet hôpital il y a une trentaine de minutes, les médecins ont jugé bon de le laisser partir, et s'il y a un soucis quelconque il devait revenir ici en urgence.

Merde, je suis le pire des cons. Si je n'avais pas eu autant de retard, je l'aurais su.
Je ressors de l'hôpital, je m'en veux un peu. Je décide de lui envoyer un message : « on peut se voir ? » mais il ne répond pas. Je retourne vite dans ma voiture, j'ai senti des gouttes d'eau s'éclater sur ma peau. Quand je suis assis sur mon siège, je souffle un bon coup. Puis, mon téléphone vibre. Je m'empresse de regarder qui c'est, et à mon grand bonheur, c'est Louis : « oui, mais pas chez moi. On se rejoint au cimetière, maintenant. D'accord ? » je lui réponds aussitôt : « pourquoi le cimetière ? » j'attends sa réponse, mais elle n'a pas l'air de venir.

Mots dans le casier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant