Chapitre 8 : Quand l'océan s'y mêle.

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Le soleil trônait à présent haut dans le ciel, avec un arc-en-ciel des plus superbes. J'ai l'impression d'être à ma place, dans ses bras, à Louis. Et je crois qu'il s'y sent bien aussi, parce que ça fait au moins cinq minutes qu'on est collés. Je hume son parfum si doux, je l'entoure de mes bras vu qu'il est plus petit que moi, et le serre contre mon torse. J'adore la sensation que j'éprouve quand il est blotti comme il l'est à cet instant, ça me donne l'impression que rien ne peut lui arriver.

- Louis...

Je crois que juste en prononçant son prénom, j'ai tout fait foirer. Parce qu'il a relevé sa tête, m'a regardé avec ses yeux bleus et... et j'ai l'impression d'y voir tout l'océan à travers ses pupilles, que toute l'eau de la plus grande pureté s'y est retrouvée, et que surtout, toute la souffrance et la douleur du monde s'y est logée également. J'en suis hypnotisé. À tel point que, je n'ai même pas remarqué quand il s'est détaché de moi, puis est parti en courant en me disant « je suis désolé » dans un murmure. Non, je ne réalise pas tout de suite. Il me faut encore quelques secondes pour me rendre enfin compte que, j'ai laissé passer une chance de lui parler et de peut-être, devenir ami avec lui.

* * *

On est dimanche après-midi, je devrais être avec un ami, mais aujourd'hui, j'en ai pas la foie. Aussi bizarre que cela puisse paraître, en ce moment, j'ai envie de me retrouver seul pour réfléchir. Et à cette minute précise, j'ai très envie d'écrire une lettre à ma sœur. Lui raconter tout ce qu'il se passe en ce moment dans ma vie de lycéen. Pour me rattraper d'hier, où je ne lui ai rien dit, et où j'ai pleuré lamentablement. Sans plus attendre, je prends donc mon stylo noir habituel, des feuilles blanches, et j'écris. J'écris à m'en péter les phalanges, sans m'arrêter. Je déverse toutes mes préoccupations sur ces simples pages vierges. Mes peines dégoulinent, faisant une cascade imaginaire de mon cœur, jusqu'à se déposer sur ce papier. Et au bout de deux heures, où j'ai fini de tout expliquer, je me sens mieux, beaucoup mieux. Mais je n'ai pas besoin de garder toutes ces feuilles volantes, donc je vais les mettre dans la cheminée, comme d'habitude.
Je descends dans le salon avec les lettres dans les mains, et vois que la cheminée est déjà allumée... tant mieux. Mais tout en y réfléchissant, je n'ai pas envie de les brûler. Celles-ci parlent aussi de Louis, ce sont les premières dans lesquelles je parle de « notre histoire », si je peux l'appeler comme ça. Et bizarrement, je n'ai plus du tout envie de les faire disparaître. Je vais mettre la date, et les garder de côté. Je sais que plus tard j'aurais envie de les relire. Je me connais, et je sais que parfois, j'ai...

- Harry ?

Ma mère me tire de mes pensées, et je lui en veux un peu. Parce que j'adore penser à pleins de choses sans être dérangé. Mais bon, je n'ai pas envie de m'énerver. Je me retourne pour la regarder, mais elle n'est pas seule. Eleanor est là aussi, elle se tient à côté de ma maman. Ses cheveux bruns tombent sur ses petits seins, et je me rends compte que je n'ai pas envie de la voir. J'ai comme une envie de lui gueuler dessus, de me lâcher la grappe, mais je ne peux pas. Et je trouve ça dommage, parce que mes lèvres me démangent de lui balancer tout ça à la gueule. Mais je sais que ma mère aime bien Eleanor, et elle la défendra. Parce qu'elle la considère un peu comme sa fille, comme sa petite protégée. D'ailleurs, il faudrait que je lui dise qu'elle et moi sommes ensemble, ça lui ferait très plaisir, j'en suis certain. Mais bon, connaissant ma copine, elle lui a sûrement déjà dit.
Je me lève du canapé, laissant les trois feuilles remplies d'écriture sur le fauteuil, et vais vite fais embrasser Eleanor. Voyant que ma mère sourit, je pense qu'elle a compris, et sans rien dire, elle s'en va dehors. Je ne sais pas où elle va, et ça m'inquiète. J'aimerais lui demander, mais ma bouche est occupée avec celle de la brune qui me serre de copine. Je me décolle comme je peux d'elle, vais dans la cuisine, et lui demande en gueulant ce qu'elle veut boire. Elle décline la proposition, et même si elle ne veut rien, moi je veux un verre d'eau. Je m'en serre un, me mets devant l'évier, bois, pose le verre, et mets ma main droite sur le rebord du lavabo. Je ferme les yeux un instant, prends une grande inspiration, me frotte les yeux et reviens enfin dans le salon. Et là je vois Eleanor en train de lire mes lettres !

- Eleanor ! Non !

Je crie presque. Je ne veux pas qu'elle lise ça, c'est privé bon sang. De quel droit elle se met à faire ce qu'elle veut ? Déjà elle s'invite chez moi sans qu'on ne l'ait invité, et en plus elle lit ma vie privée. Eleanor sursaute, et en même temps lâche les papiers. Tant mieux vous me direz. Je crois qu'elle a pris peur, mais je m'en fous complètement.

- Pour qui sont ses lettres ? Tu me trompes ?
- Ça ne te regarde pas, et non je ne te trompe pas !
- Qui est Louis ?
- Quelqu'un ! Ça ne te regarde pas je t'ai dit !
- J'étais venue parce que je sais qu'hier, ça faisait quatre ans que Gemma est décédée, mais je crois que je ferais mieux de partir en fait.
- C'est maintenant que tu t'en rends compte ?

Je l'ai vexée. Et je suis content d'avoir répondu ça du tac au tac, parce que c'est venu tout seul. Comme elle l'a si bien dit, elle part, et j'en suis bien content. Quand elle part, j'en profite pour appeler ma mère, parce que j'apprécierais savoir où elle s'est en allée.

- Allô, maman ?
- Qu'est-ce qu'il y a ? ça se passe mal avec ta chérie ?
- Ouais on vient de se disputer, mais on s'en fout de ça. Je voulais savoir où tu étais partie ?
- Mon chéri... ton père est resté en France pour des affaires, et je suis à l'aéroport pour aller le rejoindre. Je ne sais pas trop quand nous rentrerons, tu nous en veux ?
- Non, bien-sûr que non...
- Merci, tu es le meilleur. Bon, je dois raccrocher, je t'aime.
- Ouais, moi aussi.

Elle sait au fond d'elle que je lui en veux, parce qu'en temps normal, je lui aurais dit « je t'aime aussi », or, là, je ne lui ai dit qu'un pauvre « moi aussi ». Je n'ai même pas eu le temps de lui demander si je pouvais aller vivre chez Ed à Halifax, quand il déménagerait. Et ça m'énerve très franchement. Mais bon, au moins, nous sommes dans une situation aisée. Et même s'il y a des fois où j'aimerais que nous soyons justement moins aisé, et plus soudé familialement parlant.

* * *

Lundi, 10h. Enfin. J'attends ce moment depuis deux jours, et j'ai tellement hâte de découvrir la réponse de mon inconnu(e).

Comment est-ce que la personne a réagit en voyant ma réponse ? Est-ce qu'elle a été surprise ? Ou déçue ? Va-t-elle un jour me dire qui elle est ?

Tant de questions fusent dans ma tête, sans que je ne le demande. Et j'avoue que j'aimerais que mon cerveau se calme un peu, parce que ça va m'en donner mal à la tête si ces questions sans réponse n'arrêtent pas tout de suite.
Je suis devant mon casier, et j'ai hâte de découvrir enfin sa répartie. Mais je suis anxieux. Heureusement que Edn Zayn, et Niall sont à côté de moi, sinon je serais déjà parti en courant par peur de... l'inconnu(e).
J'ouvre la porte de mon casier, et comme d'habitude, un post-it voltige jusqu'à mes pieds. J'avoue que ce stress m'avait un peu manqué. Cette peur d'avoir un rejet définitif, ou autre, me tord l'estomac, et me torture l'esprit. Toute cette histoire prend beaucoup d'ampleur. Je ramasse enfin ce bout de papier jaune, et le lis.

« Tu ne me connais pas, alors ne suppose pas ce genre de choses ! »

La réponse me parut évidente.

Passez-moi un post-it s'il vous plaît, je sais quoi répondre.

Zayn répond à ma demande, et me le tend. Je m'appuie sur la porte de mon casier, et écris ma réponse. « Alors laisse-moi te connaître, dis-moi qui tu es. »
Je range tout, et nous repartons. Au moment où je me retourne, je vois Louis. Et quand ses deux petits concentrés d'océans rencontrent mes yeux, c'est comme si le temps s'était arrêté, comme si seulement nous pouvions encore bouger. Mais ce moment fut malheureusement de courte durée, puisqu'il m'a fui. Et oui, Louis s'est levé et est parti, en se faufilant dans la foule. J'aurais voulu le rattraper, mais le temps s'était remis en route, et les gens avaient recommencé à marcher autour de nous. Et comme un con, je l'ai perdu des yeux.

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Hey!
Normalement c'est le chapitre le plus long jusqu'ici. J'ai eu pas mal d'inspiration pour l'écrire, et personnellement j'aime bien les comparaisons que je fais (surtout avec l'océan haha). Non sérieusement, c'est rare que j'aime vraiment un de mes chapitres, et celui là, j'en suis grave fière.

Donc n'hésitez pas à voter et commenter ce que vous en pensez !

Lovelove,

Cœurs & coquelicots.

Mots dans le casier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant