Chapitre 13 : ils se sentent bien.

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Je regarde Louis assit à côté de moi dans la voiture, et à peine il s'est posé sur le siège, il s'est instantanément endormi. Je le regardais être dans le pays des rêves, et j'aimais bien ça. Il était calme, serein, posé. Sans soucis, et sans défense. Je l'ai laissé dormir, surtout à cause des cernes noires sous ses beaux yeux. Ça ne l'a même pas réveillé quand je l'ai pris dans mes bras et que je l'ai posé sur le canapé. Il ne doit pas beaucoup dormir chez lui, ou il est peut-être insomniaque. Qui sait ?

* * *

Je suis là, assis sur mon canapé, en face de Louis, et je chante en jouant de la guitare. Je le fais pour Louis, parce qu'il me l'a demandé. J'en suis à ma troisième chanson déjà, en comptant Kiss You que j'avais évidemment recommencé. Il me regarde avec des yeux admiratifs, et ça me fait tellement plaisir. D'habitude c'est plutôt Ed qui me regarde de cette façon. Mais là, maintenant, dans ma maison, c'est Louis. Louis qui est si malheureux, si peu confiant en lui-même et les autres. Louis qui est si beau, malgré tout ce qu'il peut très certainement penser. Louis qui est devenu un ami, mon ami. Et j'en suis fier, parce que ça ne doit plus être facile d'obtenir ne serait-ce que quelques uns de ses mots, et encore moins de ses maux.

- Bon, maintenant tu veux faire quoi ?
- Je sais pas, mais je veux pas sortir avec la tête que je me tape.

J'ai l'impression qu'il est beaucoup plus ouvert à moi, à présent. Ça me fait tellement plaisir. Et je ne sais pas pourquoi, mais pendant un long moment, on se regarde juste. On détaille chacun le visage de l'autre. Ce n'est pas parce qu'on ne sait pas quoi se dire, mais plutôt par plaisir. Et à cet instant, c'est comme si je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert. Je pouvais voir son cœur salement amoché. On aurait dit que c'était un cœur composé de grain de sable, et qu'au fur et à mesure du temps, chaque grain s'envolait vers de nouveaux horizons pour n'en laisser que quelques uns. Puis je reviens plus haut sur son visage, à ses yeux exactement. Et je replonge dans deux océans de tristesse. « Profonds et intenses » sont les deux mots qui définissent ses pupilles. Ils leur correspondent bien, et je ne pourrais pas trouver mieux que ça. Je passe ensuite à ses lèvres si fines. Elles sont légèrement rosées, et je remarque soudainement qu'il se passe légèrement sa langue dessus. À ce moment là, j'ai envie de les mordiller, de les lui arracher, qu'elles se collent aux miennes. C'est la première fois que quelqu'un me fait cet effet, et je me dis que c'est sûrement son visage si parfaitement sculpté qui fait ça. C'est probablement cette nouvelle rencontre qui fait ça, juste des illusions. Oui, ce n'est que ça, rien d'autre : la découverte de quelqu'un. Quelqu'un de beau, plus particulièrement.
Et puis, je me lève du canapé et prends ma guitare pour aller la ranger dans ma chambre, brisant au passage tout le contact visuel que Louis et moi partagions. Quand je reviens, il s'est allongé sur mon fauteuil.

- Louis, ça va ?
- Non, j'ai un peu mal à mes blessures et aux côtes, donc je me suis permis de m'allonger.
- Bien-sûr, il n'y a aucun problème. Il faudrait aller à l'hôpital pour...
- Non, pas l'hôpital. S'il te plaît, je t'en supplie.

Le voyant commencer à paniquer de la sorte, je ne veux pas insister plus. S'il ne veut pas y aller, lui et moi n'iront pas.
Je décide de m'asseoir à côté de lui, et sans que je ne m'y attende, il met sa tête sur mes genoux. Je caresse ses cheveux, doucement, sans être brusque, pour qu'il soit détendu et rassuré. Il n'y a aucun bruit, c'est calme et reposé. Je suis tellement bien en sa compagnie, et je crois que lui aussi. Louis et moi ne nous compliquons pas la vie, on ne prévoit rien et voyons ce qu'il se passe après. Le reste, on s'en fout, tant qu'on est biens nous deux. Et puis, je maudis d'un seul coup la personne qui a sonné à ma porte à ce moment qui semble si parfait. Parce que je dois me lever, c'est-à-dire me détacher de Louis, le quitter quelques secondes, ne plus être en contact avec lui, et je n'aime pas ça. Parce que si je m'éloigne, tout peut lui arriver, alors que quand je suis dans les alentours les plus proches de lui, je peux le protéger de tout. Je me lève donc, et vais ouvrir.

Mots dans le casier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant