Chapitre 9 : Il l'emmène dans ses souvenirs.

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Je suis dans la salle de musique, seul avec ma guitare. Je laisse la mélodie m'emporter dans un monde bien loin de la Terre, laissant mon esprit divaguer un peu partout dans l'univers. Machinalement, les notes s'enchaînent sans que je ne puisse les arrêter.

« Under the lights tonight
Turned around, and you stole my heart
Just one look, and I saw your face
Fell in love
Take a minute,
Steal my heart tonight. »

Je m'arrête finalement au cours de la chanson, tourne la tête, et regarde le piano. Il est magnifique, je trouve. Aucun bruit ne se fait entendre dans la pièce, et même dans les couloirs puisqu'il y a cours. Je me lève du tabouret sur lequel j'étais assis, et m'assois devant cet instrument de musique si imposant. On y voit même notre reflet tellement il est propre, et beau. Je remarque que sur le piano, il y a des feuilles. Sûrement des partitions. J'aimerais les prendre et pouvoir les jouer, mais personne ne m'a appris à en faire, et je regrette. Mes parents sont riches, mais ils ne veulent quand même pas me payer des cours. Sous prétexte que « ça ferait trop dans mon emploi du temps », et je trouve que c'est n'importe quoi. Mais bon.

- Euh...

Je tourne la tête, surpris. Et je suis vraiment très heureux de constater que c'est Louis dans l'encadrement de la porte. Je ne l'ai pas vu depuis l'épisode de ce matin dans le couloir, et c'est l'occasion de lui parler d'hier.

- Tu joues du piano ? Sa voix est basse, presque inaudible.
- Non, pas du tout, moi c'est de la guitare que je joue. Et toi ?
- C'est le contraire, je fais du piano mais je n'ai jamais touché à une guitare.
- Il est à toi, ce piano ?
- Oui, je viens quelques fois en jouer. Il n'y a pas la place chez moi.
- C'est toi le fils de la directrice ?

Il ne répond pas, et pourtant, je suis sûr qu'il a entendu. Il se met à côté de moi, place ses doigts sur les touches du piano, et commence à jouer. Je reconnais la chanson How to say a life de The Fray, et ça tombe bien parce que j'adore cette chanson. Et en plus de ça, Louis joue vraiment bien. Il ne joue qu'un petit bout de la musique, et je le détaille sous tous les angles. C'est un beau garçon, il n'a aucun défaut. Je pense que c'est dommage qu'il soit tout le temps tout seul, parce que je suis certain que c'est un garçon avec pleins de surprises. Et justement, j'adore les surprises. À la fin de la mélodie, il tourne la tête vers moi, et pour une énième fois, je rencontre ses si beaux yeux. Je n'arrive jamais à m'en détacher, ils me déstabilisent, et ça m'énerve.

- Quoi ?
- Rien, je te regarde, c'est tout. Dis-moi, pourquoi hier tu...
- Tais-toi.

Je suis surpris qu'il me dise ça. Pour un garçon qui a l'air si renfermé, je le trouve bien franc. Mais ça ne me dérange pas, au contraire. Sauf que, j'ai besoin de réponses, et je les aurais tôt ou tard.

- J'ai besoin de réponses. Pourquoi tu me fuis ?
- Pourquoi tu t'accroches à moi ?

Et j'ai l'impression de revivre une deuxième gifle virtuel. La première était pour un mot de mon inconnu(e).

- C'est mal poli de répondre à une question par une autre.
- On est différents, tu es sur la Terre et je suis sur la Lune. On ne se connaît pas, et c'est mieux comme ça.
- Laisse-moi te connaître, raconte-moi qui tu es en vérité.
- Pourquoi faire ?
- Parce que j'en ai envie.
- Et si moi, c'était le contraire ?
- Si ça l'était vraiment, tu ne serais pas tombé dans mes bras hier. Ça ne m'a pas dérangé, vraiment pas du tout, mais je veux savoir pourquoi tu es parti. Enfin, pourquoi tu t'es enfui.

Il ne répond pas, encore. Et ça va m'énerver. Pourquoi est-ce qu'il ne veut pas me dire tout simplement ce qu'il se passe ? « Il a peut-être peur » me dit une petite voix au fond de moi. Elle n'a sans doute pas tord. Mais si je lui propose, il n'a pas à avoir peur !

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