Chapitre 4

905 66 28
                                    

Selene

- C'est hors de question ! Tu ne peux pas te teindre les cheveux en mauve Selene !

Je lève les yeux au ciel en silence et m'enfonce un peu plus encore dans mon fauteuil.
Je savais que je n'aurai pas dû venir.

Les grand yeux bleus de Trina me fusillent et je sais qu'elle ne se retient de me sauter dessus que parce que nous sommes en public.

Pourtant ce n'est pas comme si j'avais demandé à ce qu'on me rase le crâne ou à ce qu'on me fasse une crête arc-en-ciel. Et puis d'abord c'est ma tête je devrais pouvoir en faire ce que je veux, ce n'est pas comme si j'avais besoin de son avis.

- Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher ? Il faut toujours que tu sois le centre de l'attention ! Ajoute-t-elle avec son air mélo-dramatique de grande soeur.

- Avec une coupe de cheveux ? Sérieusement Trina ? C'est ton mariage putain ! Je pourrais bien me tenir devant l'autel à tes côtés seulement vêtue d'un string à paillettes que tous les yeux seraient quand même sur toi !

- Selene ! Me réprimande ma mère sans que je sache si c'est pour mon comportement ou pour le "putain" qui m'a échappé.

Trina lève les bras vers le plafond et commence à rire.

On devrait lui donner un Oscar.

- Tu vas tout ruiner. Comme d'habitude.

Et sans que je puisse répliquer, elle s'offre une sortie des plus théâtrales en claquant la porte du salon de coiffure derrière elle. Le son de ses talons qui claque contre le carrelage de la galerie marchande s'éloigne peu à peu pour laisser place à un pesant silence.

Heureusement Théa connait ma famille depuis suffisamment longtemps pour ne plus être choquée de ce genre de scène. Elle continue la mise en pli de ma mère et à la gentillesse de faire comme si de rien était. Ma mère en revanche... Il n'y a aucune chance qu'elle laisse passer cette occasion de me faire des reproches.

- Selene, soupire-t-elle.

Je vous assure que c'est physiquement douloureux quand elle prononce mon prénom comme ça.

J'ai l'impression d'être à nouveau la fillette de cinq ans en train de se faire gronder honteusement et j'ai horreur de ça.

D'aussi loin que je me souvienne ma soeur et moi nous sommes toujours disputées, et évidemment j'étais toujours celle qui se faisait taper sur les doigts.

Trina est l'aînée, l'enfant prodige. Celle qui réussit tout ce qu'elle entreprend. Elle a une brillante carrière, le même petit-ami parfait depuis la fac, qui évidemment la demandé en mariage avec la plus belle et la plus chère des bagues qui m'ait été donné de voir. Et puis il y a moi. La petite dernière qui ruine tout ce qu'elle fait, qui a quitté l'université bien trop tôt aux yeux de ses parents, incapable de prendre les bonnes decision, qui a des goûts de merde en ce qui concerne les mecs, et apparemment aussi les coupes de cheveux.

- C'est son mariage, continue ma mère. Pourrais-tu, s'il te plais, te montrer gentille et remettre tes excentricités à plus tard ?

Évidemment.

- Pourquoi est ce qu'il faut toujours que tu prennes sa défense ?

Je sens les mots glisser hors de ma bouche et je me mord la langue, mais c'est déjà trop tard.
Je vois la déception dans le regard de ma mère avant qu'elle ne reporte son attention sur son reflet dans le miroir.

- Tu es incorrigible. Et pour l'amour de dieu Selene arrête de regarder ton téléphone quand je te parle !

Je réprime un sourire en lisant le message qui s'affiche.
Ça va déjà mieux.

Juste un message ~ Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant