Fast And Furious Tome 5 F&F8

Chapitre 9

Charlotte Giraud, lieu inconnu

Présent

    S'il y a sept ans en arrière, on m'avait dit que ma vie ressemblerait à ça aujourd'hui en rencontrant Owen, que j'appelais Commandant Grincheux à l'époque, jamais je ne l'aurai cru. Mais alors vraiment pas. Et pourtant, rien ne nous prédestinait à ce futur lui et moi. Entre nous, tout avait très mal commencé, entre l'accident de voiture et mes problèmes de santé. Je n'ai jamais compris ce qu'il avait vu en moi, je me suis toujours demandée ce qui avait changé la donne pour lui. Parce que oui, nous avons lutter plusieurs semaines contre nos sentiments.

Nous nous repoussions sans cesse sans vraiment en savoir la raison, en tout cas pour ma part. Pour lui, à présent, je comprend.

J'entends des bruits étouffés, mais je veux rester dans ma bulle. Cipher est là. Elle et son acolyte : Rhodes, m'a emmené sans ménagement dans une autre cellule, où se trouvait déjà Elena et son bébé. Ils nous ont attaché à des chaises et réduit au silence avec de l'adhésif.

J'ai vite compris que cela allait mal tourné. Nous pleurons toutes les deux, et même après tous mes efforts, je n'arrive plus à me remettre dans ma bulle, juste en entendant la voix de Cipher.

-Tu les as eu tes codes !! Hurle mon grand frère a travers la vitre par balle.

J'ai si peur, et j'ai mal. Mal de voir Dom dans un tel état de détresse, mal de voir Elena de cette façon. J'aimerai que tout s'arrête. Je souhaite intérieurement que se sois moi qu'ils choisissent d'abattre, car j'en suis sûre, il y aura une exécution.

-Oh je sais ce qui t'a poussé à faire ce que tu as fais, et je le comprend d'ailleurs, commence Cipher faussement compréhensive. Mais c'était le mauvais choix, et ceci en est la conséquence.

Au moment où elle prononce cette dernière phrase, Rhodes sort son arme et commence à nous viser tour à tour Elena et moi.

-Alors laquelle des deux je bute ? La mère de ton gosse ou ta sœur chérie ? J'hésite... Elle sont belles à croquer toutes les deux... Ajoute-t-il de façon perverse.

Mais il n'hésite pas longtemps, et sans que je n'ai le temps de réagir, une détonation me vrille les timpans. Elena s'effronde. Je hurle comme jamais je n'ai hurlé. Non, non pas elle. Je voudrai prendre sa place, que toute la douleur s'en aille, je ne veux plus souffrir, je ne veux plus voir les gens mourir par ma faute. À cause de moi, ce bébé n'a plus de maman. Comme moi...

En vingt-six ans d'existence, c'est la première fois que je souhaite mourir, même après toutes les choses vraiment moches que j'ai subis. Elena ne méritait pas cela, tout comme Han, Gisèle ou même Vince.

Je sens que quelqu'un me tire violemment les cheveux, avant de m'assener des coups. Au visage, au ventre, partout. Ça ne s'arrête plus, le temps paraît se suspendre. Je ne sens même pas la douleur, tellement j'ai mal psychologiquement. Je ne sens plus rien, absolument rien. Je m'effondre au sol, je n'arrive plus à respirer. Je sens que l'on m'enlève l'adhesif de ma bouche, et Cipher se tient au dessus de moi.

Et je prononce d'une voix à peine audible, dans ma langue maternelle :

-"S'accrocher à la vie, n'est que repousser le jour de sa mort."

Je fixe le plafond éclairé, la lumière m'aveugle, mais je m'en fiche. J'entends vaguement mon frère hurler au loin, mais Cipher a refermé la porte. Je me concentre du mieux que je peux sur ma respiration. Je suis dans ma bulle, le seul endroit où je me sens encore en sécurité. Une sécurité qui selon moi est destructrice, alors le suis-je vraiment ?

-Qu'est-ce que tu as dit ? Me demande-t-elle intriguée.

Je prend quelques seconde, essayant de reprendre ma respiration saccadée, et lui murmure :

-Je n'ai plus peur de toi, plus peur de mourir.
-En es-tu sûre ? Si tu n'as plus peur, que deviendra ta famille si tu meurs ? Toi qui revendique tellement qu'elle est ce qu'il y a de plus important au monde.

Je sens une larme perler sur ma joue. Pas d'angoisse, juste de fatigue.

-Tu t'es attaquée à un poisson sans savoir sa taille. Tu pourras faire toutes les menaces, continuer à tuer autant de monde que tu veux, te la raconter autant que tu en as envie, tu ne me fais plus peur. Et tu as beau extrêmement bien le cacher, je sais que sous cette teinture blonde se cache des cheveux bruns, que sous ces lentilles se cache en réalité des yeux marrons. Tu passes tellement de temps à être quelqu'un d'autre que toi-même que tu ne sais même plus qui tu es vraiment, tu ne sais plus distinguer le vrais du faux. Il n'y a rien de naturel en toi. Tu as mis ton pied sur la gorge du tigre, mais qu'adviendra-t-il lorsque tu l'enlèveras ? Il te mangera. J'ai une famille, que j'aime et qui m'aime et pour rien au monde j'agirai différemment, qu'importe ce que tu demandes ou exiges. Tu ne sais pas qui je suis, qui nous sommes vraiment. Tu ne sais pas jusqu'où nous sommes près à aller par amour.

Décontenancée, ses yeux reflètent une émotion que je ne saurai définir. Je l'ai troublé, visiblement pas prête à ce que je lui dise un truc pareil.

-Bien, qui êtes vous alors ? Je t'en pris Charlotte, qu'est-ce que tu pourrais me dire que je ne sache pas déjà ? J'ai étudié scrupuleusement le dossier de chacun d'entre vous, m'informe-t-elle, toujours mon neveu dans ses bras.
-Là encore tu te trompes, je continue avec de plus en plus de mal à parler et à reprendre mon souffle. Si tu connais nos dossiers par cœur, alors pourquoi as-tu autant de mal à savoir jusqu'où je suis impliquée ? Tu ne sais rien, absolument rien, et c'est bien pour ça que cela t'effrais, parce que tu ne peux pas nous contrôler. Et c'est là que moi j'entre en jeu, pour que tu puisses garder un semblant de contrôle sur la situation. Sinon je serai morte au même titre qu'Elena maintenant. Pourquoi me garderais-tu en vie si se n'était pas le cas ?

Je soupire, j'ai mal partout, c'est insupportable, mais je reprend dans un murmure :

-En réalité, je te pleins sincèrement. Tu ne connaîtras jamais l'amour ni même l'amitié. Tu es seule...

Je ne lutte plus, je pense à ma vie, à Owen, à mes frères et sœurs. Et je me laisse sombrer dans les profondeurs des ténèbres.