Madame Mendoza

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       Dans sa petite chambre à l'étage, Arthur enlevait son masque de glace et fondait en larmes. On aurait pû croire que c'était un homme aigri et antipathique et c'était le cas, mais derrière cette carapace de gros dur, se trouvait un enfant fragile voulant retrouver sa maman et son papa. Pourquoi est-ce-que la vie se retournait toujours contre lui ? C'est ce qu'il se demandait chaque soir depuis un mois. Après tout, malgré tout ce qu'il avait fait la semaine des préparatifs du mariage, il restait un bon garçon. Certes, il jouait avec les sentiments des jeunes filles qui tombaient éperdument amoureuses de son caractère (argent), et parfois il lui arrivait de mal parler à certains de ses employés. Mais c'était quelqu'un de bien au fond, très au fond de lui. Il se demandait également pourquoi est-ce qu'il était aussi méchant avec la femme qui l'hébergeait. Peut-être qu'il essayait de passer sa frustration sur elle. Même si ce n'était pas de sa faute, le fait que ses parents l'ai envoyé chez elle était une raison plus que suffisante pour la détester selon lui.

   Il soupira. Cette nuit il n'arriverait pas à dormir. Il avait beau se tourner et retourner dans son lit, aucune position ne lui permettait de trouver ne serait-ce qu'une miette de sommeil. Il n'avait qu'une envie c'était de retourner chez lui. Seulement voilà, il avait essayé et ça avait été un échec cuisant. Il n'avait pas avec lui sa carte de résident qui lui permettait de rentrer dans la Grande Ville et donc de l'autre côté du mur. Il se sentait perdu. Seul. Abandonné. Ne sachant plus quoi faire.
— Aurais-je dû me marier avec elle ? Sûrement pas. Le faire serait pareil que de m'enfermer dans un cercueil.

  Il sortit de la maison et s'en alla au lac. Pendant son séjour dans la Petite Ville il avait eu le temps d'explorer et de découvrir de nouveaux endroits. Le lac Lago en faisait partie, et depuis qu'il l'avait découvert c'était devenu son nouvel endroit préféré, un lieu d'introspection chaque fois qu'il n'arrivait pas à dormir. En sortant dehors, de sa démarche confiante depuis qu'il savait qu'il ne risquait rien dans ce quartier, il entendit un nom qui fit sauter son cœur : Charles. C'était le nom de son frère. Mort plus ou moins d'un accident de moto. Lui et sa petite amie de l'époque, Dorla, avaient décidé de découvrir de nouveaux paysages à travers le pays. Arthur savait que son frère n'en avait pas envie et que c'était Dorla qui avait insisté. Résultats des courses : Un accident de moto. Cela ne lui valut pas la mort tout de suite mais il dû rester plusieurs mois à l'hôpital sans pouvoir bouger. Après quelques temps, sans aucune raison, pendant la nuit, il lâcha son dernier souffle. Ce jour-là, Arthur appris à ces dépends que la vie n'était pas acquise et que le fait d'être jeune ne lui assurait pas l'immortalité. À partir de ce moment, Arthur décida qu'il était temps de profiter de sa vie au maximum avec le plus de femmes possible et surtout avec de la liberté. Voilà pourquoi il détestait Dorla et toute forme d'engagement. Il soupira à nouveau. Décidément il ne faisait que ça de ses journées. Il arriva au lac et observa l'eau calme. Sa vie d'avant lui manquait. Il ne s'était jamais rendu compte qu'il avait de la chance. Pour lui, il était normal de ne pas avoir à se préoccuper de l'argent. Même Victor, qui pourtant était considéré comme pauvre, n'avait aucun problème à ce sujet. Quel ne fut donc pas sa surprise quand il apprit les conditions de vie dans la Petite Ville. Tout était si différent qu'il se demandait s'il n'était pas sur une autre planète. Mais il se demandait surtout pourquoi personne ne les aidait.
— Hypocrite, se dit-il à lui-même, tu dis que tu préoccupe des pauvres alors que toi même tu les traites mal.
Il soupira. Une nouvelle fois. Il en pouvait plus de cette vie. Il n'arrivait pas à s'adapter. Et pourquoi le ferait-il d'ailleurs ? Après tout, tôt ou tard il retournerai chez lui. Tôt, s'il acceptait de se marier avec Dorla. Tard , quand ses parents ne supporteront plus son absence. Jamais si il se noyait dans l'eau. Son frère lui avait dit avant sa mort :
— Mourir c'est vivre mais dans un monde différent.
Il n'avait jamais compris cette phrase. La seule chose qu'il savait, était que leur grand-père leur avait dit la même chose juste avant son décès. Mais peut-être que si il essayait...

Arthudora (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant