Promesses

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   Le lendemain de la baignade dans le lac, Arthur se réveilla de bonne humeur et il apprécia le petit-déjeuner laissé par Madame Mendoza qui s'était transformé en déjeuner étant donné l'heure. Au moment où il prit sa tartine, la porte d'entrée s'ouvrit.
C'était la femme qui avait refusé de lui donner son prénom. Elle paraissait exténuée mais arborait cependant un large sourire.
— Bonne journée ?
La question la surprit tellement qu'elle fit tomber son sac au sol.
Voyant son air hébété il ne put s'empêcher de demander si il avait fait quelque-chose de mal.
— Non... et c'est justement ça le problème. Si vous m'aviez dit plus tôt que pour que vous soyez sympa il fallait vous mettre dans de l'eau, je me serais fait un plaisir de vous arroser.
— Très drôle. Vous avez pris du clown au petit-déjeuner ?
— Oui, mais il manquait cruellement de sucre.
Après avoir rigolé un coup ils se regardèrent dans les yeux puis détournèrent leurs regards.
— À part les mauvais clowns j'ai passé une plutôt belle matinée. Même si j'aurais préféré être à votre place et dormir.
— Vous imaginez pas à quel point c'est fatiguant.
— Vous m'en direz tant.
— Quel est votre travail ?
— Ça dépend. Le matin je suis une super vendeuse en prêt-à-porter, l'après-midi une justicière qui sert des boissons et le soir je suis gouvernante pour adultes mal élevés.
— Non mais... je ne vous permet pas ! C'est pas parce-que je vous ai demandé pardon que ça vous donne le droit de me parler de la sorte.
— Oh ! Excusez-moi mon offense Monsieur Mercko... c'est ce que j'aurais dit si je le pensais.
Elle lui tira la langue et prit son deuxième sac pour partir au travail.
— À ce soir !

Dix minutes après qu'elle soit partie, Arthur se leva et mis ses chaussures. Il s'était promis de tout faire pour ne pas qu'elle regrette de l'avoir pardonné. C'est pourquoi il décida d'aller lui faire une surprise à son travail. Il se dirigea donc dans le seul bar aux alentours le "Best Beer Bar".

En arrivant sur les lieux il remarqua qu'il n'y avait que des hommes ce qui ne l'étonnait pas car il n'y avait pas autant de femmes que dans sa ville. En même temps aucune personne sensée ne laisserait sa fille dans un lieu aussi malfamé que la Petite Ville.
Il poussa la porte - car il était écrit "poussez" et non "tirez"- et l'odeur de l'alcool lui envahit les narines lui laissant un goût désagréable dans la bouche. Il prit donc une place et commanda un gin tonic, c'est alors qu'il étendit un cri.
— Espèce de petite salope ! Tu peux pas faire attention ! À moins que tu ai fais exprès pour pouvoir me toucher !
L'homme, aussi gros que grand, eut un sourire narquois qui ne laissait rien présager de bon. C'est alors que le patron fit irruption et s'excusa à la place de la femme. Apparemment ce n'était pas le première fois qu'elle faisait tomber un verre sur un client et il lui fit tout un tas de reproches et l'humilia devant tous en l'obligeant à nettoyer le sol avec ses vêtements. N'ayant pas le choix elle s'abaissa et au même moment... Paf ! Quelqu'un lui avait mis les mains aux fesses
— Bah alors ?... Ce n'est pas ce que tu voulais ?
Il éclata de rire et les autres hommes du bar le suivirent. Tous sauf Arthur qui s'apprêtait à intervenir.
— Tiens ça pourrait t'être utile...
Et il lui jeta un billet de 50. Madame Mendoza hésita et s'abaissa une nouvelle fois. Cette fois-ci elle alla au bout de son geste malgré la douleur que l'homme lui avait infligé après une nouvelle fessée. Elle se retenait de pleurer, elle venait clairement de perdre le peu de dignité qui lui restait et elle voulait partir comme cette dernière. Mais une personne mis une main sur son épaule et lui arracha le billet des mains.
— Tu vaux mieux que ça.
En voyant Arthur toutes les larmes qu'elle refoulait depuis son arrivée, s'échappèrent créant une rivière de ses yeux à son menton.
— T'es qui toi ?
— Vous avez une mère non ?
— Ouais et alors ? Il est trop bête tout le monde à une mère sinon comment on viendrait au monde ?
Il avait dit la dernière phrase en s'adressant à ses amis qui éclatèrent de nouveau de rire.
— Vous feriez quoi si un homme obligeait votre mère à nettoyer le sol avec ses vêtements et lui manquait de respect en lui touchant le postérieur ?
— Je le buterais ! Personne touche à ma maman !
— Et si c'était votre fille, soeur ou amie ?
— Je le buterais aussi. Je vois pas où tu veux en venir petit sal...
— Et si c'était une personne qui vous avez accueilli sachant qu'elle n'a rien et que vous n'avez rien à lui donner en retour et qui malgré le fait que vous soyez un parfait crétin continuait à prendre soin de vous ? Vous buteriez aussi cet homme!
— Évidemment ! Qu'il est bête ce p'tit !
— Et si un autre homme faisait la même chose que vous ? Vous le comprendriez non ?
— Ouais....
L'homme, ivre, se gratta la tête ne voyant pas où menait cette conversation.
— Dans ce cas... Arthur prit une bouteille qui traînait sur une table et l'attrapa de sorte à ce que le bout rond soit au bout de sa main. Vous m'en voudrez pas si... Il s'approcha de l'homme en laissant une distance de un mètre et... Je fais ça !
Et il éclata de toutes ses forces la bouteille sur l'homme qui saigna sur le coup. Il voulut alors se venger mais le videur, qui faisait deux fois sa taille, l'arrêta. Il pria Arthur de dégager du bar mais celui-ci avait commencé à crier sur le gérant.
— Cette femme que vous traitez comme une moins que rien a vingt mille fois plus de valeur que tout l'argent que vous avez gagné avec votre affaire pourrie ! Vous voulez que je vous dise quelque chose ?
— Arthur...
— Si elle le voulait elle pourrait très bien partir de ce travail, mais elle reste !
—Arthur... !
— Et vous savez pourquoi ? Parce-que c'est une personne incroyable !
— Écoutez mon garçon !
— Non ! Vous écoutez, si jamais vous recommencez à la traiter de la sorte vous aurez à faire à moi !
— Arthur s'il-te-plaît...
— Ne vous inquiétez pas pour ça ce n'est pas près d'arriver.
Le patron dirigea ses yeux sur ceux de la jeune serveuse qui à part prononcer le nom de son ami pour essayer de l'arrêter était restée impuissante.
— Vous êtes renvoyée.
Et avant qu'ils aient eu le temps d'ajouter quoique ce soit ils furent jetés dehors. Mendoza pleura et quand Arthur voulu lui parler, elle lui laisser la trace de ses doigts sur son visage. Elle partie ensuite en courant essayant de trouver un peu de solitude et de calme. Mais c'était sans compter Arthur qui voulait absolument comprendre pourquoi elle l'avait frapper.

Arthudora (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant