Isadora

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Une semaine passa ainsi. Les seules fois où il se voyaient c'était au travail où il ne s'adressaient pas la parole. En explorant la rivière il avait trouvé une grotte loin des fourmis qui l'empêchaient de dormir. Il y avait donc dressé son campement mais c'était difficile de vivre dans ces conditions. Comme il venait d'être engagé, Arthur ne gagnait pas beaucoup et il devait penser à faire des réserves car l'hiver approchait à pas de géants. C'est pourquoi on le retrouvait souvent dans la rue faisant quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant : mendier. Malheureusement les gens de la Petite Ville étaient tous plus pauvres les uns que les autres et n'étaient donc pas très généreux.

Arthur regrettait. Il n'avait pas voulu lui manquer de respect mais il n'en pouvait plus de cette situation. Certes ils ne pouvait pas se plaindre car toute sa vie il avait vécu dans le luxe et il pouvait s'en sortir. Cependant cela ne faisait que de rendre les choses encore plus compliquées. Finalement son séjour chez la femme n'était pas aussi horrible qu'il l'avait prétendu. En réalité il l'appréciait vraiment et il ressentait quelque-chose pour elle. Était-ce de l'amitié ? Où peut-être plus ? Il n'en savait rien. En revanche il savait que sans elle, il se sentait vide, comme si on lui avait enlever tous les organes de son corps. Sans elle, il se sentait aussi seul qu'une goutte d'eau au milieu d'un désert. Sans elle, il ne ressentait pas ce petit pincement au cœur qui survenait chaque fois qu'elle le regardait, parlait ou souriait. Sans elle, il était juste Arthur un gamin de riche prétentieux et arrogant. Elle faisait apparaître toutes ses qualités et ce même quand il lui montrait ses pires facettes. Elle n'était pas juste une fille avec qui il pouvait coucher et abandonner le lendemain matin. Non. Elle était beaucoup plus que ça à ses yeux. Et il a fallut en être séparer pour qu'il s'en rendent compte. Il comprenait mieux à présent pourquoi son père lui disait toujours que : " On ne se rend  compte de la valeur des choses que quand on les perds. Et on ne se rend compte de la valeur des gens que quand il est trop tard. Mais sache mon garçon qu'il faut toujours garder espoir. " Et c'est ce qu'il faisait. Il gardait espoir que la jeune femme arrête de l'ignorer. Et si pour cela il faudrait attendre des années alors il le ferait.
— Arthur ?
C'était Mendoza. Elle était partie s'acheter un nouveau t-shirt, le dernier étant trop troué pour pouvoir être appelé ainsi. En chemin elle avait alors vu le jeune homme assis à même le sol gelé sans réellement le reconnaître et s'était approché pour lui donner une pièce. Quand elle fut assez proche pour voir son visage son cœur rata un battement et un sentiment de culpabilité la submergea.
— Mendoza ?
Arthur se sentit honteux si il y a bien une personne qui ne devait pas le voir ainsi c'était bien elle. Il ne voulait pas qu'elle découvre ses nouvelles conditions de vie. Après tout, il l'avait mérité. Mais apparemment elle ne pensait pas pareil car elle le pris dans ses bras.
— Pourquoi tu ne m'avais rien dit ?
Il ne répondit pas trop occupé à profiter de ce câlin. Il ne voulait plus jamais la quitter.
— Je suis désolé...
— Tu vas arrêter oui ! J'en ai marre de tes désolés. Si tu me l'avais dit je t'aurais laissé rentrer ! Tu me prends pour un monstre ou quoi ?
Même si elle essayait de le cacher elle était en pleurs. Elle pensait à toutes les choses qui auraient pu lui arriver et plus particulièrement la mort. Elle lui tira le bras et l'emmèna de force chez elle.

Il ne dirent rien de tout le trajet, chacun de leurs pas étant ponctué par les éternuements du jeune homme qui trimballait avec lui ses affaires dans un pauvre sac marron.
Quand ils furent rentrés Arthur ne put s'empêcher de soupirer de satisfaction. La chaleur lui avait tellement manquée.
Mendoza quant à elle s'était affairée pour lui faire un bon bain chaud, ensuite elle lui fit une bonne soupe pendant qu'il se lavait et lui prépara un lit douillet.
— Vous ne pensez pas que c'est un peu trop ? Pas que ça me dérange, mais ça fait longtemps que je n'ai pas jouis d'un tel confort.
Elle lui lança un regard noir et l'obligea à s'allonger dans le lit. Elle prit ensuite sa température et voyant le résultat couru prendre un seau d'eau froide et une serviette pour faire baisser sa température.
— Vous auriez pu devenir infirmière, dit Arthur gêné par le silence pesant.
Elle lui lança un autre regard noir et lui donna la soupe pour qu'il puisse manger. Mendoza s'assit ensuite dans le lit et croisa les bras afin de lui faire comprendre qu'elle lui en voulait.
— Je suis dé...
— Dîtes encore une fois cette phrase et je vous jure que je ferais en sorte que vous le soyez vraiment !
— Désolé...
Elle prit la serviette humide et la lui jeta sur le visage.
— Pourquoi vous ne m'avez rien dit ?
— Parce que vous étiez fâchée.
— Vous inquiétez pas pour ça je le suis toujours. C'est bien d'avoir de la fierté mais pas quand ça met votre vie en danger !
— Déso... Je veux dire... Je me sentais coupable. Vraiment. Mais je l'ai mérité, j'aurais pas dû vous parler de la sorte, peut-être que si je vous avez demandé pardon...
— Je vous pardonne. Et vous le savez. Si vous m'aviez juste dit que vous le regrettiez je vous aurez laissé revenir. Mais c'est vrai que j'ai été un peu dure avec vous...
— Pas du tout ! Il se redressa dans le lit en essayant de ne pas verser de la soupe. Vous avez bien fait ! Nous sommes chez-vous et personne ne devrait avoir le droit de vous insulter sous votre toit. D'ailleurs je suis plutôt fier de vous, vous avez fait beaucoup de progrès. Alors ne vous excusez pas.
— Oui mais tout de même. Vous auriez pu mourrir !
— N'exagérons rien ce n'est qu'un rhume. Et puis, je sais que vous ne m'auriez jamais laissé mourrir sans me battre.
Ils se sourirent. Ils avaient beau vouloir se disputer, il était impossible pour eux de rester bien longtemps fâchés.
— N'empêche j'aimerais quand même m'excuser, dit la jeune femme.
— N'empêche moi aussi.
Ils se regardèrent dans les yeux comprenant là où voulait en venir l'autre.
— Je m'appelle Arthur Mercko et je t'offre une dérogation spéciale pour me tutoyer.
— Je m'appelle Isadora Mendoza et j'accepte cette dérogation avec plaisir.
Isadora. C'était son nom. Après dix mois de vie commune il connaissait enfin son prénom.
— C'est un très joli nom.
— Merci. C'est celui de ma grand-mère.
— Je suis sûre qu'elle était aussi jolie que toi.
Elle le regarda avec des yeux aussi rond que son visage était rouge. Arthur, se rendant compte de ce qu'il venait de dire à voix haute, tenta de se rattraper tant bien que mal.
— Dans le sens belle personne. Une personne sympa quoi. Qui a bon cœur.
— Oh. Je vois, dit elle un peu déçu.
— Mais t'es pas moche ! Je veux dire que...tu vois quoi. N'est-ce-pas ?
Elle rit de sa bêtise et après lui avoir assuré qu'elle voyez ce qu'il voulait dire elle le força à finir sa soupe et à dormir. Elle n'avait malheureusement pas de médicaments chez elle mais le meilleur des remèdes était parfois le repos.
Avant de partir elle lui souhaita bonne nuit et éteignit la bougie faute d'avoir de l'électricité dans les chambres.

Arthudora (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant