Éléphant rose

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Cela faisait désormais un an qu'ils vivaient ensemble et pour l'occasion Isadora avait décidé d'organiser un pique-nique à la rivière, leur endroit préféré.
Tandis qu'elle préparait de délicieux sandwichs avec les ingrédients qu'elle avait acheté avec ses économies, Arthur travaillait dans la boutique de Madame Mona. Après avoir fini, elle prit ses affaires et alla chercher le jeune homme. Ils se croisèrent au détour d'un chemin et partirent ensemble à la rivière. Une fois là-bas, ils profitèrent du calme de la nature et discutèrent de tout et de rien. Et "de tout" comprenait également le passé d'Isadora.
La jeune femme ne voulait pas en parler car c'était quelque-chose qui la traumatisait encore aujourd'hui. Mais elle avait confiance en Arthur et qui sait ? Peut-être que se confier la libérera d'un énorme poids ? Elle ouvrit la bouche mais rien ne sortit. Rien que le fait de se remémorer de son passé faisait trembler chaque parcelle de son corps.
— Tu n'es pas obligée de me le dire tu sais.
Elle lui était si reconnaissante de sa compréhension, elle avait eu peur qu'il ne se fâche en pensant qu'elle ne lui faisait pas confiance.
— Tout ce que je peux te dire c'est que mon père et mon oncle étaient pire que le monsieur du bar.
Isadora eut un sourire triste et frissona à cause des images lui revenant. Arthur enleva sa veste et la lui mit sur les épaules mais la jeune femme préféra se blottir dans ses bras. Ce qui ne le dérangea pas le moins du monde car il passa ses bras autour d'elle.
Ils restèrent ainsi pendant un long moment assis l'un contre l'autre. Et il y eut une goutte d'eau. Puis deux, trois... de milliers de gouttes de pluie tombaient sur eux de plus en plus fort. Arthur emmena donc Isadora dans la grotte qu'il avait trouvé il y a quelques mois.
— Finalement tu n'étais pas si mal logé. J'aurais peut-être dû te laisser dehors. Je rigole, ajouta t-elle en voyant la tête que faisait Arthur.
Il soupira de soulagement et ils s'assirent par terre attendant que la pluie s'arrête. Tremblant de froid ils inventèrent une histoire sans queue ni tête parlant d'un éléphant rose qui partait faire la guerre à un bébé mutant qui lançait des couches. Quand la pluie se fut un peu calmée ils rentrerent à la maison.

— Et explosion d'excréments sur l'éléphant rose...
— ...qui fait un quadruple salto arrière et avant pour atterrir devant le bébé, continua Arthur.
— C'est alors qu'il utilise la technique secrète imparable du bébé "cacateur"...
— La menace du pleur !
— Tin Tin Tin....
— Hum !
Ils se retournèrent en même temps vers l'origine du bruit. Devant eux se tenaient un homme et une femme habillé de manière plutôt élégante qui tenaient dans leurs mains deux paquets différents.
— Maman ? Papa ? C'est vraiment vous ?
Arthur courut dans leur bras. Chose qu'il n'avait pas fait depuis des années. Il avait beau pester contre eux c'était ses parents et il les aimait. Et puis comme ça il pouvait se venger en les trempant à leur tour. Isadora entreprit de les inviter à l'intérieur et alla chercher des serviettes dans la salle de bain. Quand elle revint Arthur n'était plus là.
— Où est-il ?
— On ne le sait pas, répondit la mère avec tout le mépris du monde. Ils restèrent alors dans un silence pesant et gênant.

Pendant ce temps là Arthur courait sous la pluie. Il n'arrivait pas à y croire. Il lui faisait confiance. Pendant qu'Isadora cherchait des serviettes ses parents lui avaient révélé quelque-chose de terrible, du moins selon lui.
Après qu'ils se soient salué et exprimé leur joie de se retrouver en famille, le jeune homme avait demandé pourquoi ils l'avaient abandonné.
— Elle ne t'as donc rien dit ?
Il ne comprit pas sur le moment et exigea des explications. Son père les lui donna:
— Ce n'était qu'un test mon fils. Je pensais pourtant qu'elle avait finit par te le dire ? C'est quand même elle qui nous a dit que tu étais prêt pour retourner à la maison.
Il ne comprenait toujours pas . Comment ça un "test" ? Sa mère prit donc la relève.
— Quand on a compris que toi et, on en est sûr, ton ami Victor aviez tout fait pour gâcher les préparatifs du mariage, nous avons décidé avec les parents de Dorla de te donner une petite leçon. Et après plusieurs heures de concertation on a décidé de te mettre à l'épreuve, et le mieux pour cela c'était de te sortir de ta zone de confort. On a donc cherché une jeune fille de la Petite Ville qui voudrait bien t'accueillir.
— C'est alors qu'on est tombé sur cette jeune femme, continua son père. Elle était enclin à t'aider dans cette épreuve. On lui a proposer une belle somme d'argent au passage. Et elle devait tout faire pour te changer et une fois fait nous prévenir pour qu'on puisse te ramener à la maison.
— Alors... tout ce qu'on a vécu...
— ...faisait partie du plan.
Il n'en revenait pas. Tous ces moments passé ensemble, ces rires, n'étaient que le résultat d'un plan pour le changer. Arthur pensait enfin avoir trouvé une femme qui en valait la peine, mais elle s'avérait en réalité n'être qu'une manipulatrice. Il se leva du canapé miteux sur lequel il était assis et sortit dehors
— Où vas-tu Arthur chéri ?
— J'ai besoin de prendre l'air.

Arthudora (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant