C'est mon fils...

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    Le jour du mariage approchait tel un loup chassant sa proie. Mais contrairement au pauvre animal, qui d'un instant ou l'autre allait mourir sans savoir pourquoi, Arthur était prêt à affronter son prédateur. Certes, il ne voulait pas se marier, peut-être même que s'il n'avait pas passé cette nuit avec Dorla, il aurait pû changer d'avis. Mais elle l'avait prévenu " Si tu annule ce mariage je ferais en sorte cet enfant ne connaisse jamais ton existence." et il était hors de question qu'il perde cet enfant qu'il aimait avant même de le connaître.
Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur Kenver, son futur beau-père, ne manquait pas une occasion de lui rappeler qu'il allait mourir s'il ne rendait pas sa fille heureuse. Arthur aurait adoré pouvoir en parler à ses parents mais cette année passée loin d'eux les avaient éloignés, de plus il penseraient sûrement qu'il racontait tout cela juste pour éviter de se marier. Il lui restait qu'une seule personne : Victor qui, souvent avec Nina, était tout de même toujours là pour lui.
Ce matin là, il se promenait près de la fontaine du jardin quand Victor apparu en sueur. Quand il eut repris son souffle il lui tendit une lettre.
— Il y avait ça dans la boîte aux lettres pour toi, si je n'étais pas intervenu Gérard l'aurait sûrement brûlée.
Arthur remercia son ami ne comprenant pas pourquoi le portier, s'occupant aussi du courrier, aurait brûlé cette lettre. C'est alors qu'il vit le nom au dos de l'enveloppe : Isadora Mendoza. Il hésita à l'ouvrir. Avait-il vraiment envie de lire ce qui était écrit dans cette lettre ? Sûrement pas. Mais la curiosité étant plus forte que sa raison il décida de l'ouvrir et d'y lire ce qu'Isadora avait à lui dire. Ses yeux parcoururent la lettre de gauche à droite et de haut en bas. Quand il arriva au bas de la page il regarda Victor, puis couru chercher son père. Il avait besoin d'explications et c'était le seul qui pouvait les lui fournir.


Monsieur Mercko sirotant un petit café, lisait tranquillement son roman préféré dans sa bibliothèque quand Arthur déboula. L'homme sursauta et renversa son thé sur lui. Quand il ouvrit la bouche pour réprimander son fils, il croisa son regard et ce tut. Arthur s'approcha et lui tendit la lettre de façon violente. Son père la lut. Puis la relut. Il regarda son fils et baissa les yeux. Il avait honte.
Et il y avait de quoi. Dans cette lettre Isadora expliquait tout de a à z. Du moment où ses parents l'on contactée, et celui de la bagarre dans le Best Beer Bar en passant par l'argent qu'elle avait refusé et en finissant par les moyens qu'avaient placé ses parents pour l'empêcher de le voir. Elle lui demandait également pardon même si elle pensait ne pas le mériter. Elle finit par dire que ses parents ont quand même laissé de l'argent chez elle et a finit par le prendre pour changer de royaume, ne pouvant s'épanouir dans celui-ci "Adieu Arthur Mercko, ça n'a pas était de tout repos mais j'ai été heureuse de t'avoir rencontré. Tu m'a permise de prendre confiance et soin de moi. J'espère que tu t'epanouiras dans ta nouvelle vie. "
— Alors ? Qu'as tu a dire pour ta défense Papa ? À aucun moment tu t'es dit qui vaudrait mieux me prévenir ? À moins que tu aies préféré suivre Maman ? Je suis prêt à parier tout mon argent que c'est elle le cerveau de tout ça. Tu vas me répondre oui ! Et ne me sort pas une de tes histoire sur la morale parce que tu n'es pas vraiment le mieux placé ! Alors ?
— Tout d'abord tu vas baissé d'un ton, même si ce que j'ai fait est mal je reste ton père, dit-il dans un calme olympien, il savait qu'il était en tort. Ensuite tu vas t'asseoir et respirer.
Arthur connaissait son père. Il savait donc qu'il détestait les conflits, c'est sûrement pour cette raison qu'il avait suivit sa mère. Mais il savait également qu'il se braquait devant une personne de mauvaise humeur et que tant qu'il ne l'aurait pas obéit il n'aurait aucune réponse. Ainsi quand il se fut assis, son père confirma tout les dires d'Isadora, ajoutant quelques petits détails par-ci et là. "Le jour où nous t'avons abandonné j'ai essayé de convaincre ta mère de ne pas le faire. Quand on a voulu aller te chercher, Ivan, le père de Dorla a réussi à la convaincre de ne pas m'écouter." Il apprit alors que le cerveau de cette opération était en fait Monsieur Kenver. Après de longues explications de chaque points de la lettre Monsieur Mercko dit à son fils :
— Arthur, je suis vraiment désolé. J'aurais préféré que les choses se passent autrement et au lieu de faire en sorte de le faire, j'ai agis comme un lâche, t'abandonnant à ton sort. Je sais que ces excuses ne changeront rien à ta vie, mais peut-être qu'elle t'aideront à tourner la page. Même si je conçois que cela soit très difficile. Pardonne aussi ta mère, elle n'a jamais vraiment eu la lumière à tous les étages mais elle pensait réellement faire ça pour ton bien. C'est peut-être ça qui m'a convaincu de l'écouter.
Arthur soupira. Évidemment qu'il pardonnait son père et sa mère. Après tout ce qu'ils avaient fait pour lui il ne pouvaient les en vouloir. En revanche il garderait une certaine rancune envers eux.
— J'ai besoin de prendre l'air.
Le jeune homme se leva et partit laissant son père seul dans sa bibliothèque.


Arthur avait décidé de se promener dans la ville de son enfance. Rien avait changé et pourtant tout lui paraissait si différent. Après un moment à errer sans but il se rendit compte que ses pas l'avaient mener vers la Grande porte. Devait-il aller la traverser ou bien rester ?
Il s'assit sur un banc et attendit. Pendant très longtemps. Peut-être espérait-il voir la chevelure brune d'Isadora traverser la porte et l'engeuler pour ne pas avoir cherché à la contacter. Il se passa une main sur le visage et s'avachit sur le bois qui grinça légèrement. Désormais, soit il se mariait et élèvait son futur enfant en étant un papa heureux mais un mari malheureux soit il essayait de retrouver Isadora et il serait un père malheureux mais un homme heureux qui risquerait de se faire assassiner. Pour certains le choix était vite fait, pour lui ce n'était pas le cas.
Son téléphone vibra en émettant un petit son. Au début il sursauta n'étant plus habitué à la technologie, il avait même finit par oublier la merveilleuse invention qu'étaient la télévision pour se tourner vers les livres. Son père, tout d'abord surpris, lui conseilla un tas de romans fantastiques qu'il finit par aimer.
Il prit alors son téléphone, la lumière bleue aggresant ses pauvres pupilles. " N'oublie pas demain pour l'échographie, on va enfin savoir son sexe hiiiii". Il ignora les dizaines d'emojis qui suivaient ses mots et rentra chez lui. Ne disait-on pas que la nuit portait conseil ?


Le jour suivant, à peine le soleil levé, Arthur se trouvait déjà dans le cabinet attendant leur tour. Dorla parlait ne semblant pas se soucier du fait que son futur mari ne l'écoutait pas. Elle passa des heures à raconter tout ce qu'elle ferait pour son futur enfant en tant que mère "parfaite et géniale", avait elle dit.
Quand le couple précédent sortit, une vielle femme appela Dorla.
— Dorla Kenver?
Elle leva vivement les yeux et rencontra ceux de la jeune femme qui souriait de toute ses dents
— Bonjour ma chérie, comment vas tu ? Le bébé va bien ? Tiens donc ne serait-ce pas notre Arthur international ?
Le jeune homme s'approcha et prit la gynécologue dans ses bras.
— Bonjour madame Jidoké.
— Oh, combien de fois t'ai je dit de m'appeler Joséphine ! J'ai toujours dit que tu étais un sale petit gamin trop poli. Rappelle toi que j'ai été la première à voir ton postérieur lors de ta naissance.
— C'est bien ça le problème.
Ils rirent un moment et entrèrent dans la salle. Dorla s'y installa comme chez elle déjà habitué à cet endroit.
Joséphine Jidoké était une des rares gynécologue de la Grande Ville si ce n'était la seule. La cinquantenaire avait suivit avant, pendant et après la grossesse, tous les enfants de vingt ans et moins de la ville et tous la considérait à leur façon comme un membre à part entière de leur famille. Il n'était donc pas étonnant qu'elle s'occupe du suivi de ce petit être.


Après avoir appliqué le gel d'échographie, la gynécologue prit une machine et commença à explorer l'intérieur du ventre. Quelques secondes après elle s'exclama :
— Pareil que son père ! Toujours à faire la diva et à se cacher.
Arthur rigola contrairement à Dorla qui avait bien envie de savoir le sexe du bébé pour enfin pouvoir acheter ses affaires.
— Ah je l'ai trouvé. Vous êtes prêts?
Les deux futurs parents acquiesçèrent de concert.
— C'est un garçon !
Arthur éprouva une grande émotion qui n'avait rien avoir avec la nouvelle. En réalité il se demandait depuis un moment comme madame Jidoké allait faire pour savoir le sexe du bébé quand ses yeux tombèrent sur l'écran en noir et blanc. Son cœur rata un battement et fut assailli par un tsunami d'amour.
— C'est mon fils, murmura t-il
À ce moment là Arthur fit son choix. Il allait vraiment se marier et cette fois-ci rien ne pouvait lui faire changer d'avis. Ni même Isadora. L'amour qu'il ressentait pour cet enfant était plus fort que n'importe quoi d'autre et il ne pouvait pas se permettre de le perdre et puis si ça se trouve il finirai par trouver en Dorla ce qui avait fait tombé son frère amoureux. Dans quatre jours Dorla Kenver deviendra Dorla Mercko. Dans quatre jours Arthur ne pourrait plus faire marche arrière. Dans quatre jour sa vie changera pour de bon. Et dans quatre mois il pourra enfin tenir ce petit bout d'humain dans ses bras.

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On arrive vers la fin 💀💀💀💀💀

Arthudora (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant