Deux jours que je cherche les mots pour convaincre la vieille femme de me dire où se trouve Gemma. J'arpente la rue comme un lion en cage, à plusieurs reprises, les passants m'ont dévisagés avant de se presser de partir.
J'inspire profondément avant de pousser sous le gong qui annonce mon entrée. La petite femme se place derrière son comptoir en m'observant d'une moue inquisitrice.
-Je me demandais quand vous alliez entrer! Me notifie t'elle en posant à plat ses mains sur sa table. Je ne sais pas où est ma petite fille si c'est ce que vous voulez savoir Monsieur Brucinni.
-Vous savez qui je suis. Demande-je en approchant d'elle.
-Elle vous a si bien décrit, que je vous aurais reconnu même aveugle! Ironise t'elle en plissant les yeux. Vous l'avez rabaissé si profondément, me confit elle, que je ne sais pas si elle se remettra un jour de cette souffrance.
De nouveau, le gong retentit annonçant l'arrivé d'un client.
-Mme Gucini, quel plaisir de vous voir, je vais chercher votre bouquet. Annonce t'elle avant de disparaître derrière le rideau pour apparaître aussitôt. La grand-mère de Gemma commence à taper le prix de la composition quand une idée sournoise illumine mon cerveau.
-Mme Gucini, dis-je en lui offrant une œillade charmante, votre bouquet vous est offert par la maison, faites passer le mot, aujourd'hui tout est gratuit dans ce magasin. Déclare-je en portant mes orbes sur la vieille femme qui me fusille du regard. La cliente ne perd pas de temps pour fuir du magasin.
-Mais vous êtes fou! Clame Mme Heaven. Vous allez me faire faire faillite!
-Les cartes sont entre vos mains, dites moi où se trouve Gemma et je vous dédommagerai en conséquence. Précise-je en sortant mon chéquier. A vous de choisir Mme Heaven, et si cela peut vous rassurer, je ne dirais rien à Gemma, je lui dirais simplement que mon détective privé la trouvé!
-Je lui ais juré de ne rien dire, souffle t'elle. Permettez moi de vous dire que vous êtes un con Monsieur Brucinni! Clame t'elle le visage haut, vous avez brisé ma petite fille!
-Vous ne m'apprenez rien Mme Heaven, mais je dois parler à Gemma, je dois rectifier un mauvais comportement que j'ai eue envers elle.
-Vous allez la blesser encore plus qu'elle ne l'est?
-Non, avoue-je, c'est elle qui risque de me blesser si cela peut vous rassurer. Précise-je en imposant une sommes sur le chéquier que je lui tends.
-A l'ancienne maison de ses parents, c'est là où elle est. Révèle t'elle alors que je sors mon téléphone de ma poche, et sous mes yeux, elle déchire le chèque. Si vous osez de nouveau la faire pleurer, je vous retrouverai! Me jure t'elle les lèvres plissés. Je ne bronche pas, je ferme les yeux furtivement en pensant aux larmes qu'elle a versé par ma faute, à la tristesse qu'elle doit ressentir face à mon ignorance.
Je sors de la boutique en expliquant à Rizio que je serais absent durant les prochains jours, que rien ne doit me déranger sauf cas extrême. Tout en raccrochant, je regarde autour de moi, cette rue si paisible, ces fenêtres où des personnes ont puent observer Gemma grandir, me rend nostalgique. Je repense au moment où je l'ai extraite de son placard, de cette promesse que je n'ai pas pu tenir. Un klaxon me ramène au présent, la nuit commence à tomber, je décide de me presser de prendre la route, trois heures m'éloigne de Gemma. Trois longues heures avant que je ne puisse lui faire face.
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J'arrose pour la énième fois le géranium que je bichonne en mémoire de ma mère. Voilà un mois que je suis revenue dans le lieu qui a bouleversé ma vie. Ici personne ne se souviens de moi. Surtout, personne ne sait que je suis ici. La première semaine dans cette maison m'a entièrement rendu dépressive, je n'ai fais que de pleurer, hurler ma tristesse. Mon âme est vide sans désir. Même les fleurs ne réussissent pas à apaiser la peine qui coule en moi. J'ai perdu l'envie de créer, de toucher les plantes, je ne désir qu'une chose, me faire engloutir par le sol pour qu'il me fasse disparaître pour toujours.
Lucas mon ami d'enfance a découvert ma présence la deuxième semaine, j'avais oublié que c'était lui que grand-mère avait engagé pour entretenir le terrain et l'intérieur de la maison. Quand il est entré et qu'il m'a vue, il a voulus appeler la police mais il a finit par me reconnaître et depuis, il vient midi et soir pour me forcer à manger. Avec lui, je me sens libéré, peut-être est-ce dû que lui aussi sort d'une rupture, nous avons le temps d'une soirée pleuré sur notre sort et notre futur. Un futur bien lointain où nous espérons surmonter cette douloureuse épreuve.Depuis, je joue à faire semblant quand il est là, il surmonte plus facilement sa séparation que moi. Par moment, je me demande ce que fais Dante, où il est et avec qui?, et aussi ,que lui et moi n'étions pas réellement un vrai couple, nous ne faisions que coucher ensemble, lui et moi ne partagions rien et le fait de penser à cela, je sens une petite vie se réveiller en moi avant qu'elle ne meurt de nouveau quand mon cœur me rappelle que je l'aime.
-Gem! Braille Lucas en arrivant à ma hauteur. J'ai le panneau! Clame t'il en me le donnant. Tu es sûr de toi?
Je regarde cette pancarte en acquiesçant, malgré la nostalgie de vendre cette maison, je sais que si je veux avancer, je dois la retirer de ma vie.
-Il est temps Lucas! Déclare-je en me saisissant du marteau. Je positionne le panneau devant la clôture avant de lui infliger plusieurs coups pour réussir à le faire tenir droit. J'observe aux alentours, je remarque que le panneaux de location de la maison en face de celle de mes voisins à été retiré. Tiens la maison des Reynardo a été loué? Demandé-je à Lucas.
-Ouais un vieux grincheux l'a loué, m'informe t'il alors qu'il me prends par les épaules. Je dois y aller Gem! Me précise t'il, j'ai rendez-vous avec Julio, m'annonce t'il faiblement sans me regarder.
-Oh, dis-je tristement avant de me ressaisir, je suis heureuse pour toi Lucas. Il a admit son erreur, vous allez sûrement vous remette ensemble! Clame-je un sourire faussement réel tout en le prenant dans mes bras. Je suis jalouse du bonheur qu'il va retrouver, jalouse que son petit ami va le prendre dans ses bras et finir par l'embrasser, jalouse de savoir que son coeur va rebattre normalement grâce à l'homme qu'il aime. Jalouse du bonheur qui émerge de son visage.
Je le regarde partir avant de laisser tomber mes épaules et de laisser couler les larmes de mes yeux. Je pose les mains sur mon ventre en observant les maisons qui protègent les familles qui y habitent. Je suis jalouse de tout ce bonheur qui se cache de moi, jalouse que Dante puisse serrer une autre femme dans ses bras. Un haut le cœur m'oblige à me pencher en avant, sans honte, je verse mon contenu gastrique, de la bile s'écoule, Lucas n'était pas là, alors je n'ai rien mangé, je n'en ai pas la force.
Je rentre tout en fermant la porte derrière moi, je prends place sur le canapé en attrapant la bouteille de vodka que je cache sous mes coussins. Lentement, je laisse glisser ce nectar écœurant dans ma gorge, toussant à plusieurs reprises, je finis par m'habituer, je m'abreuve de cette boisson chaque soirs depuis deux semaines, une nuit où je ne pouvais dormir, j'ai roulé jusqu'à cette supérette et je me suis acheté des bouteilles pour oublier que plus jamais je ne pourrais aimer car l'amour fait mal.
La bouteille roule au sol alors que je me vautre saoule sur les coussins, me slarmes inondent mon visage, j'ai envie de dormir, voilà la plénitude que m'offre cet alcool, celle que je cherche en l'ingurgitant. Je scelle mes paupières, et je me laisse sombrer de nouveau dans le sommeil.
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L'italien
Losowe"Deux forces diamétralement opposées, une dualité inéluctable. Lui, l'incarnation du mal, la nuit, l'ombre. Moi, le défenseur du bien, le jour, la clarté. Nos chemins n'étaient jamais destinés à se croiser, jusqu'à ce qu'une mauvaise interprétation...