Prologue

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Flavie

Le regard perdu dans le vague, je ne prête aucune attention au paysage qui défile par la fenêtre. Les idées se bousculent dans ma tête, aussi vite que ce train file sur les rails, pour tenter de répondre à cette question qui me taraude : ai-je pris la bonne décision ?

Rejoindre mon frère à Londres m'a semblé être une évidence lorsque la question s'est posée. Mais maintenant que je ne peux plus faire marche arrière, je suis assaillie par le doute. Ma conscience profite de ce moment de solitude pour disséquer les réelles motivations qui m'ont poussées à traverser l'Atlantique. Les « pour ou contre » se livrent un duel acharné, me rendant tantôt nerveuse, tantôt sereine, face à cette décision que j'ai prise sur un coup de tête. Avez-vous déjà remarqué la facilité avec laquelle on s'arrange parfois des choses, ou au contraire, notre penchant à nous accabler pour les décisions que nous avons prises ? Dans l'état actuel, mes neurones sont en pleine finale de cette partie de ping-pong pour déterminer de quel côté va pencher ma balance.

Comme un signe du destin, la sonnerie de portable de mon voisin de siège me ramène à la réalité. Les premières notes de la chanson « Dancing in the moonlight » retentissent à peine quelques secondes avant qu'il ne décroche, mais il n'en fallait pas plus pour que tout remonte à la surface. Nostalgique de ce souvenir que je croyais oublié, je recherche la chanson sur mon téléphone et place mes oreillettes pour recréer la bulle confortable dans laquelle j'étais installée jusque-là. Les yeux fermés, je me replonge dans cette époque où l'insouciance guidait ma vie. Où tout était si simple, et me paraissait pourtant si compliqué. Et plus particulièrement à cette soirée, où j'ai dansé sur cette chanson avec le meilleur ami de mon frère.

Si je ne me souviens plus des pas de la chorégraphie que nous avions minutieusement orchestrée pour cette soirée, les sensations elles, demeurent intactes. Son sourire, ses yeux rieurs, la chaleur de ses mains, et surtout, ce je-ne-sais-quoi qui s'est déclenché en moi à cet instant. Cet instant où Ben n'était plus seulement l'ami d'enfance sur lequel mon frère pouvait compter. Plus seulement l'ami que je côtoyais de temps en temps, lorsqu'ils voulaient bien de moi dans leur inséparable duo.

Sur cette chanson, quelque chose de nouveau est né, que je n'ai pas su identifier, et que je me suis empressée d'enfouir dans un recoin de mon cœur. Et, bien que j'y sois parvenue jusque-là, j'avais conscience de jouer un jeu dangereux en allant vivre à Londres à deux pas de lui.

À deux pas de chez toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant