Chapitre 15

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Ben

Encore sous l'effet magique de cette journée passée avec Flavie, je roule tranquillement sur la route qui longe le bord de mer. Elle regarde au loin, un sourire constant sur ses lèvres, me procurant une certaine satisfaction. Je meurs d'envie de poser ma main sur la sienne, comme si nous étions le couple que je voudrais que nous soyons, mais je n'en fais rien.

De retour à la maison en fin d'après-midi, je lui propose de se reposer pendant que je m'occupe un peu du jardin. C'est assise au bord de la piscine que je la retrouve quelques minutes plus tard. Elle effectue des va-et-vient lascifs dans l'eau avec ses jambes, l'air pensive.

Pris d'une furieuse envie de la taquiner, je viens derrière elle avec le tuyau d'arrosage pour arroser les plantes. J'arrête de m'occuper des fleurs et reste immobile, attendant qu'elle prête attention à moi. Je n'ai qu'à patienter quelques secondes pour que le silence l'interpelle et qu'elle se retourne :

- Prête pour ta revanche ? la défié-je dans un sourire espiègle.

Alors qu'elle se relève d'un mouvement vif pour contrer l'attaque qu'elle sent venir, j'appuie d'un coup bref, presque hésitant, sur la gâchette du tuyau d'arrosage. J'atteins ma cible en plein milieu de son t-shirt blanc. Elle tend les bras vers moi, tentant certainement de m'attraper pour me pousser dans la piscine, mais je l'arrose à nouveau, coupant son élan dans un réflexe de protection. Elle écarte ses bras et penche la tête en avant pour constater à quel point elle est mouillée puis avance d'un pas décidé, les deux mains en guise de bouclier pour se protéger le visage.

Je la laisse volontairement approcher, et elle parvient à saisir le jet d'eau mais je ne le lâche pas. Nous nous lançons dans un combat acharné pour récupérer l'objet du délit, tous deux essoufflés par nos éclats de rire. Elle arrive à retourner le jet d'eau contre moi, m'aspergeant en pleine tête. Nous bataillons comme ça pendant quelques minutes en gloussant l'un contre l'autre jusqu'à finir tous deux complètement trempés et enroulés dans le tuyau d'arrosage. Sa poitrine plaquée contre mon torse, la respiration aussi haletante que la mienne, elle me défie du regard. Mes yeux dévient sur sa bouche avec envie puis la fixent à nouveau.

- Ce n'est pas le jardin que tu étais censé arroser plutôt que moi ? plaisante-t-elle, faisant redescendre d'un cran ma tension.

- Tu avais déjà les jambes mouillées, je me suis dit qu'un petit rafraîchissement te ferais du bien, rétorqué-je dans un sourire.

Le bruit d'une voiture parvient jusqu'à nous, faisant éclater la bulle d'intimité qui nous enveloppait, nous exposant à la gêne de la réalité de notre posture actuelle. Sans concertation préalable, nous nous attelons au même instant à nous défaire de ce tuyau d'arrosage. À peine libérée, Flavie court à l'intérieur pour se changer, pendant que je tente de faire redescendre mon rythme cardiaque. Romain apparaît dans le jardin et se dirige vers moi avec une bière.

- Je t'apporte de quoi te rafraîchir mais je vois que tu n'en as pas besoin, constate-t-il en me découvrant mouillé de la tête aux pieds.

- Oui, comme tu vois, je me suis pris une petite douche au jet d'eau, éludé-je en riant maladroitement.

Romain me regarde bizarrement, les sourcils légèrement froncés.

- Ma sœur est là ? poursuit-il.

- Oui, elle doit être dans sa chambre, dis-je sur un ton plus nerveux que je ne l'aurais voulu.

Il acquiesce et retourne à l'intérieur, déposant tout de même ma bière au bord de la piscine.

La journée se termine en soirée barbecue et jeux de société. Jimmy, qui a pris un fâcheux coup de soleil lors de sa sortie avec Romain et Jane, se fait chambrer toute la soirée. Flavie, tout comme moi, est restée évasive sur la journée que nous avons passée, me lançant de petits regards entendus que je n'ai pas trahis.

Nous nous couchons assez tôt, fatigués par notre journée. Mais deux heures plus tard, je n'ai toujours pas trouvé le sommeil et me lève pour aller boire. Connaissant le chemin par cœur, je descends dans le noir jusqu'à la cuisine. Alors que je remplis un verre d'eau au robinet, je m'aperçois que la balancelle est en mouvement.

Je sors sur la terrasse pour voir qui s'y trouve et mon sang ne fait qu'un tour quand j'y découvre Flavie. Allongée, les jambes croisées, elle se laisse bercer les yeux fermés.

- Salut, lui dis-je bêtement après l'avoir admirée quelques secondes.

Elle ouvre les yeux, manifestement surprise de me trouver là.

- Salut. Tu n'arrives pas à dormir toi non plus ?

- Exact.

Je contemple le ciel en silence, pour observer les étoiles.

- Ça rend les étoiles encore plus belles de les regarder en boxer ? me demande-t-elle en se marrant.

Je percute en effet que, me croyant seul, je n'ai pas pris la peine d'enfiler quelque chose avant de sortir de ma chambre. Je ris et fais mine de cacher mon sous-vêtement derrière mon verre d'eau, les mains jointes.

- Ah oui, c'est vrai que là ça change tout ! éclate-t-elle de rire.

Je secoue la tête en riant et fonce dans ma chambre pour enfiler un short. Je me présente devant elle quelques secondes plus tard, les bras écartés :

- C'est mieux pour tes yeux chastes ? la taquiné-je.

- Bien mieux, merci, s'amuse-t-elle.

Elle replie ses jambes pour me faire une place et je ne me fais pas prier pour la rejoindre. Une fois installé, elle étend ses jambes sur mes cuisses pour reprendre sa position initiale.

- Vous êtes cerné, clame-t-elle en imitant un porte-voix avec sa main tout en riant.

Un bras posé sur le rebord de la balancelle, je n'ai d'autre choix que de poser l'autre sur ses jambes. Ma main effleure son mollet et je me contiens pour résister à l'envie de caresser sa peau douce qui est là, juste sous mes doigts.

J'amorce le mouvement de la balancelle qui s'est arrêtée et nous nous laissons bercer en silence, les yeux rivés vers le ciel étoilé.

- J'ai passé une très bonne journée grâce à toi.

- Moi aussi, avoué-je dans un sourire en coin.

L'une des meilleures journées que j'ai vécue, pensé-je en moi-même. Ayant rompu mes pensées étoilées, je m'aperçois que mon pouce caresse sa peau au rythme de la balancelle. L'a-t-elle seulement remarqué, ou cela la laisse-t-elle insensible ? Maintenant que je m'en suis aperçu, je suis focalisé sur ce petit bout de chair. J'hésite à arrêter, mais ce contact d'une douceur infinie a quelque chose d'addictif. Moi qui me croyais assez fort pour résister et passer à autre chose, je réalise que cela sera impossible. Elle occupe mes pensées comme personne avant elle. Je vais devoir prendre mon courage à deux mains et assumer mes sentiments.

À deux pas de chez toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant