- Vous étiez là, constata Ondréa.
Elle observait l'ingénieur de loin, comme peu sûre de l'attitude à adopter. Celui-ci n'était pas certain non plus de leur relation, mais jugea qu'il pouvait au moins faire un pas en avant.
- Désolé d'être parti comme ça, s'excusa-t-il. Est-ce que ça va mieux ?
La jeune femme se saisit le bras de gêne, avant de hocher la tête. Léo se mordit la joue. Il devait faire mieux.
- Et merci. Pour... Tout.
- De rien.
Elle haussa les épaules comme si elle n'avait réellement pas fait grand-chose. Salim, lui, le regardait toujours avec méfiance. Comme s'il craignait les paroles qui pouvait sortir de la bouche de Léo. Trop occupé à ignorer l'air meurtrier du technicien, il finit par remarquer le bras tendu d'Ondréa.
- Tu as oublié ça, au moment de l'alarme.
Il prit le petit cheval automate dans ses mains. Les tâches d'humidité sur les pièces de métal. Les marques de dents sur le bois. Ce n'était plus vraiment le cheval qu'il avait emmené avec lui, il y a trente ans. Après une hésitation, Léo lui tendit de nouveau le jouet.
- Je pense que j'aurais voulu... Je veux dire, je veux que tu le gardes.
Les yeux d'Ondréa s'écarquillèrent, comme n'y croyant pas. Elle attrapa l'objet, l'observa un instant, avant de lui adresser un sourire sincère.
- Merci.
Léo sentit qu'il avait fait le bon choix. Cependant, maintenant qu'il avait l'esprit un peu plus tranquille, quelque chose le dérangeait toujours.
- Est-ce que quelqu'un va maintenant m'expliquer comment cela se fait que nous n'ayons toujours pas atterri ?
Ivan et Salim semblèrent gênés, mais Ondréa se dirigea en direction de la carte pour désigner la ligne en pointillés.
- Voici la trajectoire du vaisseau prévue et, à côté, ce que nous effectuons réellement. Nous avons parfois légèrement dévié, mais rien qui ne nous ralentisse de manière importante.
Léo hocha la tête : jusqu'ici, rien qu'il n'ait déjà déduit.
- Cependant, au bout d'un certain temps de trajet, les pilotes se sont rendus compte d'une chose : la distance avait été mal évaluée. Et en voici la raison.
Elle dessina un cercle autour d'une galaxie. Ou plutôt, un point bien précis.
- Une étoile ? s'étonna Léo.
- Une supernova, corrigea-t-elle. L'étoile est morte et a emporté toutes les planètes de son système, créant une poche de gaz qui s'est répandue dans un rayon important. Cet écran de fumée surprise a joué sur notre perception de la planète, et donc sur l'évaluation de la distance.
Léo sentit une sueur froide couler le long de son dos. Dans le vide de l'espace, une imprécision comme celle-ci pouvait leur être fatale.
- De combien est l'erreur ?
- A priori, en prenant les nouvelles constantes en jeu, je dirais une quinzaine d'année-lumières.
- Le vitesse de l'Aube s'approche de la vitesse de la lumière, protesta Salim. Cela devrait suffire, non ?
Ondréa se tourna vers eux, une moue résignée sur le visage.
- Ce vaisseau n'était censé tenir que pour une vingtaine d'années, et cela fait plus de trente ans qu'il fonce dans le vide. Il tombe déjà en ruines. Nous sommes condamnés.
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A l'Aube du Temps
Science FictionL'Aube, le plus ambitieux vaisseau spatial de l'humanité à ce jour, a pour mission de rejoindre une planète habitable pour fonder une colonie. Mais quand Léo monte à bord, le brillant jeune homme ne se doute pas dans quoi il embarque. Le temps pas...