Lettre 1

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Note de l'auteur!!!

Petit chapitre différent, plus court aussi! Je voulais un peu vous montrer le point de vue de la famille. J'aurais aussi quelques questions (s'il vous plaît prenez le temps d'y répondre ♥) :

- Que pensez-vous de cette lettre?

- Que pensez-vous des chapitres "classiques" : longueur?/personnages?/actions?

- Avez-vous des suggestions?

Merci pour les votes et commentaires, même si ils sont très rares. Merci de lire et de donner des lecteurs, des avis à mon histoire.

Sur ce, bonne lecture!^^

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A Cambrai, le Mercredi 28 janvier

Ma petite Ambre d'amour,

Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que tu as fait. Oui, certes, tu as fugué. Oui, certes, je sais bien la raison. Mais, non, ma douce, tu n'as pas mesuré les conséquences. Tu ne t'es pas rendue compte que tu me laisse seul, tout seul. Jamais tu ne m'aurais vu aussi triste. Je n'ai pas vu ta grand-mère partir, oui, et c'est certainement une des plus grosses erreurs de ma vie. Seulement sais-tu quelle est la plus grosse? C'est celle de t'avoir laissée partir. Oh, je le savais, je le voyais que tu allais partir. Pourtant, j'ai décidé de te laisser faire. Je l'ai voulu pour ne pas paraître égoïste. Maintenant, je le suis tout autant que si je t'avais empêchée de t'en aller.

Je crois -à moins que je n'en sois sûr- que jamais tu ne liras ou n'entendras ces mots. Pourquoi as-tu voulu partir? Ta Mimi n'aurais jamais voulu que tu la rejoigne. Je sais que tu n'aimes pas les histoires à l'eau de rose -ou "gnangnan", comme tu le disais- et qu'on le dit tout le temps dans ce genre de récits, pourtant c'est bien la vérité. La seule chose qui te dirigeait, c'était ta tête. Ton coeur était hors d'usage, ils te l'ont blessé.

J'ai oublié de te le dire : les salopards -ah, ça y est, ma lettre est gâchée- ont tout avoué. Tout le monde te cherche, on organise des battues. Je n'ai dit à personne où tu te caches. Enfin, où tu devrais être si tu as terminé ton voyage. Ne t'inquiètes pas, puisque je ne sais même pas où tu es en ce moment. Personne ne peut le dire. Tu es tranquille, ma chérie.

Dans la famille, comme tu pourrais t'en douter, tout le monde s'est soucié de toi sauf tes parents et tes grands-parents. Tes cousines, même si elles aussi s'en doutaient, ont fait des caprices tels que ceux de leur petite enfance pour venir me voir. Leurs parents les ont autorisées à rester dix jours ici, soit une bonne partie de leurs vacances. On a discuté de toi, de Mimi. Camilla, comme à son habitude, rêvait déjà du meilleur, tandis que Athénais n'écartait aucune hypothèse. J'avais déjà l'idée de t'écrire assez souvent, mais ma plume me semblait lourde et mon coeur ne portait plus ma main. Je ne pouvais pas. J'ai décidé de commencer aujourd'hui, le jour de départ de tes cousines -ou plutôt je pense que je peux les appeler tes soeurs- car vraiment, cette maison est plus vide qu'elle ne l'a jamais été.

Concernant tes parents, je peux te dire que ma fille -ta mère, je le précise, même si je pense que tu es assez intelligente pour comprendre- se montre plus sensible à ta disparition que ton père. Elle commence à se rendre compte de ses sentiments. Ces sentiments maternels qu'elle a refoulé depuis tant d'années commencent à apparaître. Trop tard, certes. Ton père, lui, n'en a presque rien à faire. J'ai l'impression que ta mère ne se sent plus bien avec. Elle vient à la maison presque tous les week-ends, mais le plus impressionnant est qu'elle vient en semaine pour me parler de ton père. Son mari qui lui crie dessus, qui lui dit que c'est de sa faute si tu as disparu, qu'il ne peut rien faire et que c'est à elle de te retrouver... Tu verrais à quel point elle te regrette...

Je pense t'écrire une fois par semaine, car si cette lettre arrive à être aussi longue, c'est parce que je dois résumer plus de deux mois. Ah! Ma belle, ma princesse, ma Moïsette sauvée d'une enfance sans amour, pourquoi a-t-il fallu que ta vie soit aussi triste? Certes, tu as eu le temps de grandir, juste un peu. J'ai bien calculé, ça ne te fait qu'environ un sixième de ta vie, tout ce que tu as vécu. C'est pauvre, bien pauvre ma belle.

Chaque semaine, ma petite-fille, la douleur va être plus grande. Chaque lettre va faire grandir ma peine. Chaque jour m'éloigne un peu plus de toi. Ta grand-mère est devenue quasiment intouchable. Ca fait si longtemps que je ne l'ai pas vue, ni même entendue... Oh, elle me manque, elle était tout -elle l'est toujours- pour moi. Mais j'ai de plus en plus de mal à l'associer à une image, une voix. C'est dur, de dire ça. Je n'ai eu que trois femmes que j'ai aimées intensément : ma mère, ma femme et toi. Il n'y a plus que toi qui est encore sur cette Terre. Et bientôt, tu t'en iras.

Je t'aime, je t'aimerai toujours, on t'aimera toujours ma princesse,

Papi.


Jusqu'au BoutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant