Le match de foot

8 2 3
                                    

C'était en avril, un samedi après midi de l'année dernière. Ce jour-là, un match de foot devait avoir lieu au stade qui se trouvait dans notre quartier. Chaque équipe avait ses supporters et on avait pris des précautions : la police stationnait derrière la mairie. Le maire avait annoncé que pour éviter tout ressenti de provocation, sa présence serait discrète et qu'on ne verrait le bleu des uniformes que s'il y avait des incidents.

Notre maison est située dans une rue tres calme, à mi-chemin entre le stade et la gare du RER point de grands arbres poussent dans le jardin. Il y a quelques années, je me prenais pour Tarzan et, avec l'aide de papa, je me suis construit une cabane dans un gros poirier.

L'an dernier, je ne me prenais plus pour Tarzan, mais j'ai mis encore passer des heures dans cette cachette à laquelle on ne peut accéder qu'à l'aide d'une échelle de corde.

De là, j'entendais distinctement les clameurs des supporters enthousiaste ou bien déçus, selon les actions qui se déroulaient sur le terrain.
Je pouvais presque suivre le match comme si j'étais dans les gradins.

Je ne suis pas spécialement amateur de foot et je n'aurais pas demandé à mes parents d'aller au stade, mais j'étais content d'assister de loin. Parfois, une voiture passait dans la rue et le bruit de son moteur dominait tout.
J'attendais qu'elle ait tourné le coin de la rue pour tendre à nouveau l'oreille.

Le match s'est interrompu moins d'une heure après le début. J'ai entendu des cris.
Mon père est sorti précipitamment de la maison et il a fermé le portail a clé.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? lui ai- je demandé.

Il m'a répondu en s'arrêtant sous mon arbre:

- J'étais au téléphone avec monsieur Landry, tu sais le comptable qui habite en face du stade. Il m'a dit que ça tournait mal, là-bas. Il y a des bagarres. Je me méfie. Ici, tu ne risques rien, mais surtout, ne sors pas dans la rue.
On ne sait jamais.

- Des bagarres...mais pourquoi ?
- Parce qu'ils ne sont pas des mêmes quartiers et qu'il ne soutiennent pas les mêmes équipes. Tu sais, c'est souvent comme ça un match de foot: il y a cent qui viennent pour voir et six pour mettre le bazar!

Il est rentré dans la maison. Je me suis assis sur le plancher de ma cabane, invisible parmi les branches, retiré du monde comme Robinson Crusoé sur son île. J'ai repris le livre que j'avais posé sur la planche qui me servait d'étagère et j'ai replongé dans l'histoire, oubliant tout, le foot, le match interrompu et les cris qui me parvenaient par intermittence.

Unique témoin (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant