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Je devais faire une drôle de tête quand je suis rentré à la maison. Maman a compris tout de suite qu'il s'était passé quelque chose de grave. Elle m'a serré contre elle j'avais envie de la repousser, mais il y avait tant de douceur dans son geste que j'ai éclaté en sanglot et je lui ai tout raconté :
    -  « Balance, Balance», qu'ils crient tous.
Moi, j'ai rien fait. S'il est en prison, c'est parce qu'il a massacré le pompier. Pourquoi ceux du collège prennent-ils sa défense ? Pourquoi me rendent-ils responsable de son emprisonnement ? Pour eux, c'est moi le coupable et lui la victime. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? J'aurais dû me taire ?

      Maman n'a pas répondu. Elle me carressait les cheveux. Je pleurais en répétant toujours les mêmes interogations. Elle m'a laissé le temps de raconter la matinée en détails et a ajouté simplement :

- tu as dit la vérité et tu as bien fait. Calme-toi. Avec ton père, on va essayer de trouver une solution.

    Elle l'a appelé à son bureau mais, le temps qu'il arrive, je m'étais ressaisi. Il a voulu tout de suite prendre rendez-vous avec le principal du collège. Je me suis insurgé.
     Surtout, ne t'en mêle pas, Papa. Je vais m'en sortir. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul.
   Tu es sûr ?
   L'après-midi, je ne suis pas allé au collège. Je crois que papa est allé voir le principal, mais il ne me l'a pas dit. Vers cinq heures, Salomé m'a apporté mes lecons et la liste des devoirs à faire.

- Le journal a raison, m'a-t-elle confié, il faut être drôlement courageux pour témoigner. Moi je suis fière de toi.

Salomé savait ce que c'était que les moqueries et les vexations. Elle les subissait à longueur de journée, de la part des professeurs, de la part des élèves que l'humour féroce de madame Ruiz encourageait. Et Salomé me disait qu'elle était fière que j'aie dit la vérité. Un vrai réconfort.

Unique témoin (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant